Créé le: 03.05.2020
165 0 5
Une Douille pour les Cieux

Journal personnel

a a a

© 2020-2024 Nicolas Rochey

Chapitre 6

6

Il est 11 heures quand j’arrive à la clinique le lendemain. Marie m’accompagne. Nous sommes tendus, les deux.

 

Je me présente à l’accueil et remplis les formalités d’entrée. Je signe des tas de papiers sans même les lire. Franchement, s’ils m’avaient pris un rein pour le vendre, j’aurais eu bien de la peine à me retourner contre eux.

 

On me guide jusqu’à la chambre qui sera la mienne pour le 24 prochaines heures. Une opération, un réveil, une nuit, quelques contrôles et une sortie prévue pour le lendemain, si tout va bien.

 

L’infirmière me dit  en sortant: « Je vous laisse ensemble et on reviendra vous chercher à 11h 45. »
Puis elle ajoute: « Au fait ? Vous êtes préparé ? »
« Autant qu’on puisse l’être ». Quelle question.

 

« Non je veux dire, vous êtes préparé? » Me redemande-t-elle avec une geste circulaire de son index en direction de mon entre-jambes.
Perplexe, je ne comprends rien à ce qu’elle me demande et ça se voit clairement à ma tronche d’ahuri.

 

« D’accord, alors je vous amène un rasoir, et vous pouvez utiliser la cabine de douche pour vous préparer. »
Elle file et je reste comme un con face à la porte fermée tandis que Marie est prise d’un fou rire comme jamais.

 

****

 

Pour créer un lien indéfectible avec sa compagne, je ne saurais trop recommander une épilation du sexe masculin, au Bic jetable, la porte ouverte dans une cabine de douche trop étroite.

 

« Mais, viens m’aider au lieu de rire. »

 

En fait, Marie se marre tellement que je ne suis pas sûr que lui laisser le rasoir soit une si bonne idée. Alors, je me débrouille pour me faire un maillot plus ou moins acceptable.

 

Au final, je me retrouve avec un sexe complètement désorienté, à qui on vient de faire une coupe à la Yul Brynner, et en panique totale pour la suite.

 

****

 

L’infirmière arrive avec un lit à roulette et un porte document en métal avec une feuille clipée dessus. Elle y jette un œil distrait et me demande : »Quelle est votre date de naissance ? »
« 28 juillet » lui répondis -je.
« Très bien » ajoute-t-elle avant de lancer négligemment le porte document sur le lit. « Un transporteur va arriver dans quelques instants »

 

Le transporteur en question arrive effectivement quelques minutes plus tard et m’invite à m’étendre sur le lit. Il attrape le porte document et me demande « Quelle est votre date de naissance ? »
« 28 juillet »
« Très bien » dit-il en jetant le porte document en plein sur ma rotule.

 

Je vais répondre à la question autant de fois que nécessaire pour être sûr jusqu’au dernier moment qu’ils ne me confondent pas avec une amputation de la jambe ou une césarienne.

 

Nous traversons les couloirs nus, ma main dans celle de Marie.

 

A la porte du bloc, le transporteur se retourne vers Marie et lui dit: « C’est là que vous vous dites au revoir »
Marie se penche sur le lit pour m’embrasser et je vois son visage à l’envers au dessus du mien. Une larme remonte lentement vers le haut, en direction de sa bouche.

 

****

 

Le bloc est glacial, j’ai froid. Un malabar au crâne chauve, la blouse sans manche laissant voir des bras tatoués et body-buildés se présente comme mon anesthésiste.
« Quelle est votre date de naissance? »

 

Quand j’ai compris qu’il pouvait m’endormir d’une simple gifle, j’ai failli donner une fausse date. Et il m’a collé un masque sur le visage…

 

« 28 juillet »
« 28 jui »
« 28 »
« … »

Lire le chapitre suivant

Commentaires (0)

Cette histoire ne comporte aucun commentaire.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire