Créé le: 03.05.2020
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Une Douille pour les Cieux
Chapitre 5
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Concentré, inquiet, mécanique. Il est 15h quant je presse sur le bouton de la sonnette du Dr Verge ce lundi en fin de journée. Il me semble que quelque chose m’avait fait sourire à ce moment-là il y a dix jours, mais je ne sais plus très bien quoi.
Bip. Ouverture. Deux top models. Salle d’attente. Silence.
***
En fait ma décision est prise. J’ai cette phrase « J’irai bien voir » qui tourne en boucle dans ma tête. Il me semble que ça a été clair dès la première minute. Je ne peux pas rester avec un testicule dans cet état, ni avec la possibilité que ce soit un cancer et que je n’y fasse rien du tout.
J’ai beau être déterminé, je n’en mène pas large. Et que celui qui a déjà consciemment demandé à ce qu’on lui ouvre les parties génitales me jette la première pierre.
Qu’est-ce qui peut m’arriver en fait ?
Qu’on m’opère; d’accord c’est jamais un plaisir.
Qu’on m’enlève ma boule droite; bon ça n’a jamais été ma préférée de toute façon.
Qu’on doive finalement tout m’enlever; oups.
Qu’on me dise au réveil que le cancer est général; ah ouais, c’est chaud quand même….
***
« Alors ? Comment est-ce que vous vous …. » commence le docteur
Je le coupe « On y va ! On va voir ! »
Verge ne me fait même pas répéter, il a parfaitement saisi. Il me fixe en silence, peut-être pour me laisser le temps de douter, d’hésiter, de changer d’avis.
Puis il me dit « D’accord, d’accord, très bien. Je pense que c’est une bonne décision. »
Tu parles d’une décision.
« J’ai besoin que vous m’expliquiez ce qui va se passer, concrètement » lui dis-je.
« On va ouvrir votre sac testiculaire et très vraisemblablement amputer votre testicule droit. J’aimerais que durant l’opération, un coursier parte le faire analyser en laboratoire pour voir sa teneur en tumeur cancérigène. En même temps, j’aimerais faire un prélèvement sur le testicule gauche et l’envoyer aussi au labo pour une biopsie. Afin de voir s’il est sain. »
« Et s’il ne l’est pas ? »
« Il faudra qu’on décide si on l’enlève aussi ou pas. C’est pour ça que je voudrais que vous ne soyez pas sous narcose complète, pour que l’on puisse échanger. »
Quoi ? Non mais sérieux ! Vous voulez qu’on échange, à poil sur une table d’op. Vous avec un bistouri à la main, et moi avec le sac ouvert.
« Non ! Je serai endormi et on va discuter maintenant de tous les cas qui pourraient arriver durant l’opération, ok ? Et pour les autres imprévus, retenez simplement cette consigne de ma part: faites pour moi comme ce que vous feriez pour vous. »
On a discuté, pendant vingt minutes, point après point, de tout ce qui pouvait mal se passer selon moi, et qui n’arriverait pas, selon lui.
Il était d’un calme incroyable.
J’avais l’impression de trembler à l’idée de devoir monter dans un train au 19ème siècle et d’avoir un machiniste d’aujourd’hui qui me dit « Relax mon bonhomme, c’est sans danger ».
Il nous restait donc à parler de la date, de mon point de vue je dois le dire, le plus court serait le mieux. C’est lui qui a dit :
« J’étais presque sûr que vous diriez oui. J’ai réservé le bloc pour demain à midi. »
Oups….
***
Je le suis vers la réception, alors qu’il donne déjà ses ordres.
« Samantha, vous pouvez confirmer le bloc pour demain à 12h pour Monsieur Rochey. Vous commanderez aussi un coursier du labo pour 12h20 et qu’ils s’assurent d’avoir un analyste oncologue à réception de l’échantillon. »
« Faite aussi livrer à l’hôpital une HydroFlexa en taille Médium ! »
Samantha me souri. La mère de toute les hontes.
Verge me tend la main. « A demain alors »
Je balbutie quelque chose d’incompréhensible et sort du cabinet. En marche arrière il me semble.
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