Créé le: 15.08.2024
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Vivre à corps et à cris
La lisière et la rivière
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Le lendemain, nous partîmes à plusieurs pour élucider ce mystère. Nous nous retrouvions souvent une dizaine dont les inséparables Pierrette, Jeannette et Lucette, jumelles selon la légende ; le vieux couple Catherine et Patrick, jamais mariés. Venaient souvent avec nous Pascal et Pierre, des suractifs qui se lançaient des défis sans fins et Paul, le bon vivant. Bien entendu le Nouveau Mathusalem qui prétendait avoir deux milles ans était toujours de la partie pour raconter une histoire vraie ou inventée, à l’aune de son âge : il était bien le seul encore vivant du temps de sa naissance.
Un cadavre à la lisière de la forêt ! Voilà une belle expérience pour la journée. Quoi que ce n’était pas notre première bière, c’était toujours mieux que de regarder l’eau couler sous les ponts, se demandant comment savoir quelles gouttes étaient déjà passées sous nos yeux ?
En chemin, car la marche est longue lorsque l’on s’égare dans la forêt, Mathusalem raconta le dernier enterrement d’un homo sapiens sapiens. Nous étions friands de ces vieilles histoires, certes, vraies, mais si peu vraisemblables. Elles nous faisaient palpiter le cœur, comme si notre vie pouvait d’un seul coup prendre fin, ne plus se poursuivre. C’est un peu difficile de s’imaginer aujourd’hui ce lointain passé où la peur de la mort guidait la vie. Nous en plaisantions souvent tellement ce devait être étrange : paf tu n’es plus là ! mais tu es encore ici ! comment ne plus être là ?
Tu es mort ? Oh mais tu gis en corps !
Les plaisanteries fusaient à un tel rythme que notre squelette vivant n’arrivait pas à placer son histoire.
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