Portrait de webwriter Jacques Defondval

10 mars 2017 – Hôtel Alpha Palmiers, Lausanne.
J’avais rendez-vous pour le premier interview pour la série « portraits de webwriters » avec Jacques Defondval. Parce que nous nous sommes côtoyés plusieurs jours à la Fête du Livre de Saint-Pierre-de Clages, parce qu’il nous avait fait l’amitié de venir chaque jour nous soutenir de ses dédicaces, parce que nous avons refait le monde en buvant le verre de blanc du Valais, parce qu’avec Jacques, on a la nette impression qu’un univers reste à découvrir. Alors nous voici devant un verre de blanc…

Dans Les Chants de l’Univers (Une théorie des cordes), qui a gagné le 2e prix du concours Webstory 2015, la phrase-clé qui revient sans cesse est Qui est Clémence ? De même, je me posais la question

Qui est Jacques Defondval ?

Avant de faire sa connaissance, j’avais visité sa page Facebook et m’étonnais de voir une photo de monastère. Il se définit d’ailleurs lui-même comme un contemplatif arpenteur de l’an 2000. Du moine, il a la gravité, le côté mystique. De l’an 2000, l’attrait du numérique. Ce qui les relie : la curiosité. Jacques Defondval est un esprit curieux de tout.

Il se révèle davantage dans ses écrits que de vive voix, mais c’est une apparence. Je réalisais bien vite que rien de ce qu’il dit ou écrit n’est le fruit du hasard.  Tout est profond, important et cela fait du bien dans un monde où l’artificiel gagne du terrain. Cela ne l’empêche pas de revenir toujours à cette question « Mais qu’est-ce que la réalité ? »
Lisez Second Life dans lequel Jacques explore ces mondes parallèles qui se côtoient : le réel et le virtuel… et il y a déjà une «Sophie» dans l’histoire. Nous la retrouverons plus loin sous les traits d’un personnage enigmatique qui apporte un tournant au polar Sopoli.

Comment tout cela a-t-il commencé ? L’écriture je veux dire…

Une première histoire, comme un premier amour d’enfance. A douze ans déjà, Jacques écrit une nouvelle d’un garçon qui vole les clés de l’église du village pour jouer en cachette à l’orgue. Ne sachant où se trouve la lumière, il joue dans la nuit. Il se fait attraper et punir.
Jacques Defondval se fait remarquer par son talent d’écriture et sa rencontre avec des écrivains, comme Yvette Z’Graggen, sera déterminante et encrera au fond de lui cette première source d’inspiration. Même après une carrière professionnelle riche et passionnante, il retournera vers la source. Je ne peux m’empêcher de penser qu’un petit aperçu de cette quête mystique transparaît dans sa nouvelle Comme un bruit blanc.

Dans la réalité, Jacques a effectivement volé les clés de l’église pour jouer à l’orgue, mais l’histoire se termine bien : l’organiste lui montre comment allumer la lumière pour qu’il puisse continuer à jouer.
Qu’est-ce qui attire Jacques dans cette église ? le fait de jouer de la musique dans un espace sacré.  Voilà le moteur de Jacques. Un espace différent, plus haut, plus beau, qui est bien plus motivant que la banalité.

Sa carrière. Une période dans l’enseignement où il se rend compte qu’il a besoin d’un monde plus réel, plus pratique. Il change totalement de direction en embrassant une carrière d’informaticien : de brasseur d’idées, il devient brasseur de données.

Et puis la retraite se pointe et avec elle un désir d’écrire qui le submerge comme un torrent. Il apprend, il écrit, il insiste, il se met au défi de dépasser les trente pages pour écrire un premier roman. Ce sera « L’Hospice des manuscrits abandonnés ». Cette expérience soutenue par l’Institut d’Ecriture Créative « Désir d’écrire » concrétise son élan créateur. Il est dans la bonne direction. Son témoignage

Et comme tout est relié, permettez-moi de faire le lien entre ces manuscrits abandonnés qui se trouvent dans un espace immense, une bibliothèque et une phrase de Jacques qui m’a beaucoup touchée : « L’espace intérieur est plus grand que l’espace extérieur ». Comment ne pas faire le rapprochement avec l’écriture et l’immensité de toute création !  Cela rejoint le concept à la base de la naissance de Webstory : un espace immense pour des manuscrits, non pas « oubliés » mais en devenir.  Ce n’est pas étonnant que ce qui a retenu l’attention de Jacques Defondval quand il tombe « par hasard » sur Webstory, c’est le fait que la Bibliothèque Nationale Suisse a répertorié le site … dans les Archives Web Suisse e-Helvetica en 2013.
Mais quand je demande à Jacques, pour essayer de revenir sur Terre…
– Qu’est-ce que l’écriture pour toi ?
– …
Silence.

Ce qui est sûr, c’est que tous les sujets d’écriture sont fabuleux et permettent d’ouvrir les yeux sur le monde, d’autres mondes… car n’explorons-nous pas l’intérieur de nous-même à l’infini ? Jacques explore d’autres mondes et franchit sans cesse les limites, comme en témoigne Sopoli

Lorsque vous aurez lu son œuvre numérique sur Webstory, Jacques Defondval vous aura emporté. Vous serez perdu et c’est tant mieux. Cette part de mystère a sa raison, expliquée par Jacques Defondval lui-même dans son commentaire laissé dans Sopoli « … j’aime laisser de la place à la compétence du lecteur pour assembler les éléments et créer sa propre interprétation… »

Croyant récalcitrant, expérimentateur dubitatif, contemplateur de l’humain… La question reste ouverte : Mais QUI est Jacques Defondval ?