Créé le: 01.02.2017
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Sophie

Polar

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© 2017-2024 Jacques Defondval

Sophie, née de la fiction “sopoli”, réapparaît dans la réalité de l’auteur. Où se situe la frontière entre réalité et fiction?
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Sophie

L’affaire est maintenant close. Mais le temps de ces douze jours reste un souvenir pesant qui me questionne encore. Tout a commencé lors de la publication de la nouvelle « sopoli » sur le site de Fictionweb2.0. Les pages qui suivent n’ont pas été mises en ligne avant ce jour. L’enquêtrice de la Police Judiciaire avait expressément imposé les règles et, avec du recul,  je dois bien admettre que cette attitude au premier abord désagréable, avait sa raison d’être. Une pluie mauvaise commença à tomber le 18 décembre et elle ne s’arrêta que douze jours plus tard. Puis, enfin, la neige arriva, blanche dans tout ce noir. 

 

18 12 2016

Mon portable tintait doucement dans son coin. Il était 22h47 et le courriel venait de Fictionweb2.0. Un lecteur avait laissé un commentaire sur ma nouvelle « sopoli ». Je me souviens du sentiment agréable éprouvé. Ce n’est pas fréquent de recevoir une réaction d’un lecteur. La note, plutôt laconique, me demandait de consulter la page d’un autre publicateur pour plus de détails. Mais ma surprise avait passé à l’étonnement curieux en lisant le nom insolite de l’auteure : Sophie Olivier !Sciemment semblait-il, l’intervenant avait repris le nom d’une des protagonistes de «sopoli ». Un peu interloqué, je m’étais rendu sur sa page et y découvrit sa première lettre. Par choix délibéré,  je reproduis ici, sur la page de mes propres écrits, les propos tenus dans ces publications. Ceux-ci appartiennent à celle qui les a écrits, mais pour la bonne compréhension des événements

qui se sont déclenchés ce soir-là, le lecteur pourra les retrouver dans la liste des chroniques publiées sous le titre de « Sophie » : (1 « Sophie »Lettre du 18 décembre). La lecture de ce premier texte m’avait épaté dans un premier temps. L’originalité de la démarche littéraire m’avait séduit. Rebondir sur un personnage créé pour lui redonner vie dans une autre dimension fictive m’avait paru audacieux. Et puis sans doute avais-je été flatté de voir publier un texte dont la genèse m’appartenait. Aussi avais-je eu une réaction immédiate et irréfléchie, dictée par la vanité facile, je rédigeai et envoyai le commentaire suivant : « Ah ! En voilà une surprise. Quelle idée innovatrice que celle de faire ricochet sur un personnage déjà existant dans une fiction. Je suis curieux de lire la suite donnée à cette amorce inattendue. »

Là-dessus,  je me couchai, souriant de la tournure que pouvait prendre la vie secrète d’une création. Je n’eus ce soir-là, dans ma prétention, aucun doute sur la démarche d’écriture qu’avait adoptée cette auteure.

 

20 12 2016

Le surlendemain, après avoir pris connaissance des informations du jour, je commençai ma journée de travail avec les rituels habituels qui consistent à relever mon courrier et d’y répondre avant de passer à mes activités d’écriture. Dans la nuit, j’avais reçu un nouveau commentaire qui avait été déposé sur ma page personnelle. « Encore ! » m’étais-je exclamé. Dans la zone réservée à cet effet, un nouveau message de Sophie, « Encore ? », m’attendait. Comme dans son premier courriel,

elle m’invitait à me rendre sur sa page. Je me souviens avoir douté de la nouveauté de cet envoi en me demandant s’il ne s’agissait pas là d’une erreur technique qui avait doublé le courrier d’hier. Mais en relisant les deux contenus, je notai qu’ils différaient même si la teneur était la même. Je me déplaçai donc sur la page de Sophie Olivier et pris connaissance de sa deuxième lettre (2 « Sophie » Lettre du 20 décembre).Immédiatement, je ressentis de l’embarras. Le scénario, qui n’était pas encore développé, comportait des similitudes évidentes avec celui que j’avais moi-même élaboré. Devais-je réagir à cette dernière publication et m’étonner de cette appropriation ? Laisser continuer l’auteure dans cette voie sans manifester au moins de la surprise face à ce qui prenait la forme d’un prolongement plagiaire, pouvait glisser vers une situation inconfortable et fâcheuse. Les mots disaient aussi autre chose de plus caché. J’éprouvais le sentiment diffus d’une menace et cette deuxième lettre m’avait laissé un vague pressentiment que je ne parvenais pas à m’expliquer clairement. Mais comme souvent dans les situations troubles, je décidai d’attendre. Et la journée de travail passa. La nuit est parfois porteuse de paix et de calme. Ce ne fut pas le cas cette nuit-là. Tard, je m’agitais encore. Dans cet état de conscience indéfinie,  je sursautai en entendant, dans le lointain de ma pièce de séjour, les tintements à peine perceptibles de mon téléphone portable. En pestant, je me relevai non sans ressentir un filet d’appréhension s’immiscer dans les interstices de ma mauvaise humeur, vous savez, comme de l’eau qui suinte. Dès la mise en route de mon portable j’ouvris ma boite aux lettres pour y découvrir avec consternation, la présence d’un nouveau commentaire de Sophie. Ce dernier ne me renvoyait pas à sa page mais ne contenait qu’une information : 

«J’ai trouvé la couverture. Une Beurer. Contrairement à ce que je pensais, j’ai pu l’acheter tout près de chez moi. Il fallait que tu le saches. » J’étais tout à fait réveillé. Et irrité. Je ne savais plus que penser de cette histoire. Était-ce vraiment une démarche littéraire ? Dans ce cas, pourquoi me harceler de messages ? Une plaisanterie ? Là aussi, l’insistance des commentaires dépassait le cadre de l’humour. Et alors ? Si j’allais plus loin, j’arrivais dans des hypothèses plus glauques. De celles qu’une mauvaise nuit porte en elle. Et puis, pourquoi cette Sophie semblait-elle s’adresser directement à moi? Elle avait choisi de m’écrire personnellement avec un moyen public que tout un chacun pouvait lire. Comme si elle tenait à une mise en scène. Je ruminais ces pensées pendant plus d’une heure et finis par m’endormir d’un sommeil confus fait de la somnolence informe du faux repos.

 

21 12 2016

Au réveil, je décidai de ne pas laisser les choses en l’état. Sophie s’adressait à moi et tenait des propos que je ressentais comme menaçants. Soit je me trompais du tout au tout, soit les intentions de cette personne n’était pas nettes. Je résolus de contacter la directrice du site pour m’expliquer. Je laissai un message à son attention en précisant que j’attendais un appel de sa part afin d’exposer la situation que j’avais eu soin de qualifier d’inquiétante. Dans la matinée, Arianna, que j’avais eu la chance de rencontrer dans l’année, me rappela. Après lui avoir exposé mes inquiétudes, elle me répondit très simplement :

—  Le plus naturel serait que tu t’adresses directement à elle, tu ne crois pas ? Je peux te donner son adresse e-mail personnelle, attends, oui, voilà, Sophie Olivier.  Son adresse est, tiens, oui,c’est marrant, c’est sopoli@hotmail.com. Tu me mets en copie ton échange ? Ça m’intéresse de connaître le fond de l’histoire.

Quand la conversation prit fin, je me précipitai sur ma messagerie et rédigeai rapidement un courrier à l’adresse obtenue, dans lequel je demandais à Sophie de m’écrire en réponse sur ma messagerie personnelle et d’éviter les commentaires publics sur Fictionweb2.0. Je n’ai pas eu à attendre cette réponse car presque immédiatement, le système renvoya un message automatique laconique, dans lequel il était dit : « recipient rejected, address unknown ». Exaspéré, je frappai ma table de travail du plat de la main. Adresse inconnue ! Je contrôlai pour la troisième fois l’exactitude de ma saisie pour me retrouver au même point : il n’y avait aucune erreur. Comment était-ce possible ? J’avais rappelé Arianna immédiatement :

— En effet, c’est curieux… Peut-être a-t-elle décidé de ne plus poursuivre ses publications sur Fictionweb2.0 ?

—… ou peut-être cette adresse est fausse depuis son inscription en tant qu’invitée ? Ça tu ne peux pas le savoir, n’est-ce pas ?

— Je n’en ai aucune idée. Il faut pour cela que j’aie un contact avec mon webmaster. Il me semble quand-même que lors d’une inscription, un mail de confirmation est envoyé…Sans trop l’écouter, je poursuivis ma réflexion :

— Je suppose que Fictionweb2.0 s’engage à protéger les données personnelles de ses adhérents, mais dans le cas présent, serais-tu d’accord de me communiquer l’adresse de l’auteure et peut-être son numéro de téléphone aussi ?

J’entendais presque l’esprit de Arianna réfléchir à ma demande. Le silence entre nous durait, puis la voix de Arianna me répondit :

—Non, je préfère essayer de la contacter au nom de Fictionweb2.0. Les conventions seront ainsi respectées. Les choses me paraissent plus propres si l’on procède ainsi. C’est acceptable pour toi ?

— Oui, bien sûr. Tiens-moi juste informé… et merci. Je ne savais vraiment pas comment m’y prendre. — Je te rappelle dès que j’ai quelque chose de nouveau.

Ça n’a pas traîné. Quelques minutes plus tard, la voix légèrement altérée de Arianna m’annonçait :

—  Le numéro de téléphone qui est communiqué surle site n’est plus en service. Décidément, cette personne devient fantomatique. Je sentais bien qu’elle aussi, commençait à trouver toute cette histoire curieuse et ennuyeuse.

— Que suggères-tu ?

— Là je ne sais plus. Veux-tu faire fermer cette page ? Ce fut à mon tour de rester silencieux. Mais après réflexion,  je répondis :

—C’est un peu répressif, non ? Et puis, je peux aussi me monter tout un psychodrame…

—Voici ce que je propose pour l’instant : le webmaster peut demander à cette auteure via le site, de mettre à jour ses données personnelles. Je peux toujours mettre en avant le désir de pouvoir la contacter en privé au sujet de ses textes. On peut mentionner que sans réponse de sa part à mon attention, sa page ne sera plus visible sur le site.

— Je suis désolé, j’ai l’impression de t’imposer du travail. Ne fais rien, je te prie, qui puisse te mettre ou mettre Fictionweb2.0 en mauvaise posture.

—J’ai pris le temps, depuis ton premier appel, de relire quelques lignes de ces lettres. Si quelque chose ne devait pas être approprié,  je préfère le savoir avant que Fictionweb2.0 ne soit éclaboussé.

Je l’avais remerciée d’avoir donné une suite à mes préoccupations. J’étais soulagé de savoir que je n’étais plus seul à observer le contenu de cette page. Cet apaisement ne dura que jusqu’au lendemain. 

 

22 12 2016

Ce que je redoutais est arrivé. Une troisième lettre a été publiée. Comme dans les deux premières, l’auteure me prenait personnellement comme témoin (3 « Sophie »Lettre du 22 décembre). Je n’avais encore pas encore eu de nouvelles de Arianna et je commençais à regretter de ne pas avoir été dans le sens de sa proposition: fermer la page de Sophie Olivier. A mon point de vue, la situation prenait un tournant lugubre et grotesque. Voilà une auteure qui tenait des propos sinistres et qui me citait en témoin. J’avais l’impression très désagréable de devoir jouer le rôle du faire-valoir complice.

Ceci aurait pu n’être qu’une tentative audacieuse et indélicate de se mettre en avant dans le petit monde des lettres. Mais outre le fait que cet individu utilisait un personnage existant dans une autre création qui ne lui appartenait pas, il me forçait au rôle d’acteur. Je me sentais pris en otage dans une affaire trouble et mon silence, mon inertie risquaient peut-être d’être perçus comme négligent si ce n’est complice. D’inconfortable, cette sensation devenait intolérable. Mais ce soir-là, j’avais un rendez-vous avec des connaissances. Les rencontrer dans un cadre festif avait été une bénédiction. Les vapeurs délétères des lettres de Sophie s’étaient un peu dissoutes et la position de Arianna m’apparaissait comme raisonnable. Pouvoir parler avait été un vrai bonheur et je me sentais remis en confiance. Les deux jours qui suivirent avaient donné raison à cette attitude positive. Les préparatifs de la veillée de Noël avaient occupé toute la place et le soir du 24 fut un bonheur de réjouissances familiales.

Le 25 au matin, la noirceur épaisse de Sophie était de retour. 

 

25 12 2016

J’avais passé le soir de Noël chez mon frère Guy. Depuis de nombreuses années, c’était moi, le célibataire, qui me rendait dans sa famille pour veiller avec mes neveux et nièces. Le matin du 25,  je me levais comme d’habitude à six heures et en buvant mon premier café, je humais avec nostalgie le parfum spécifique des sapins de noël qui réveillait mes souvenirs d’enfance. Mais je n’étais pas seul à être matinal. Je reçus le message de Sophie à 8h24 exactement. Dès la fin de ma lecture de sa quatrième lettre (4 « Sophie »Lettre du 25 décembre), une sensation proche de la panique

me traversa et je décidai sur le champ de prendre contact avec l’inspectrice principale Viviane Ducrest de la PJ. Je la connaissais personnellement depuis l’écriture de « sopoli ». A ce moment-là,  je devais l’appeler souvent pour des questions de vraisemblance et elle m’avait confié son numéro personnel. Elle répondit à la deuxième sonnerie :

—Monsieur Defondval ! Quelle urgence d’écriture vous fait donc appeler le matinde la fête de Noël ? J’avais déroulé mon histoire d’un trait et sans doute assez peu clairement car elle me coupa après quelques secondes en me demandant de préciser.

— Si j’ai bien compris, vous êtes témoin de menaces?.

—De menaces avec ceci de particulier:  la personne en question s’adresse directement et publiquement à moi par l’intermédiaire d’un site internet sur lequel j’ai publié une nouvelle à laquelle elle fait référence.

—Et vous n’avez aucune idée de son identité…

—Précisément, et ceci me laisse extrêmement mal à l’aise car elle a pris le pseudonyme d’un personnage de la nouvelle « sopoli ».

J’expliquai laborieusement que toutes les tentatives de prendre contact avec la personne s’étaient soldées par un échec.

— Toutes les informations que possède le site deWebfiction2.0 à son sujet semblent être fausses, ce qui me laisse pour le moins perplexe. Elle voudrait se dissimuler qu’elle n’aurait pas agi autrement. Et puis ça sent la volonté de nuire, vous ne trouvez pas ?

—Pouvez-vous me faire parvenir par courrier électronique à mon adresse professionnelle les lettres dont vous me parlez ? Je reprends mon service demain matin. Selon ce que vous me dites, il est fait mention du 30 décembre. Je ne vois donc pas de situation d’urgence pour l’instant.

Le lendemain matin, l’inspectrice Ducrest m’avait rappelé. En effet, avait-elle reconnu, ces écrits sont troublants. La première mesure qu’elle avait envisagée avait été de prendre contact avec la PJ de Genève dans le but de rendre visite aux responsables de Webfiction2.0 et d’entendre leur point de vue à propos de cette affaire plutôt spéciale.

—En sachant, avait-elle ajouté, que nous sommes en pleine période de fêtes et qu’il n’est pas aisé d’organiser des auditions dans ce contexte.

Dès la fin de notre entretien, je me précipitai sur mon répertoire pour atteindre Arianna. Elle aussi me répondit presque immédiatement :

—J’ai lu, me dit-elle. Je propose de fermer la page de Sophie. Nous n’avons eu aucun contact avec elle malgré notre demande et les choses prennent une tournure qui me déplait.

—Je serais soulagé de cette réserve, merci. Mais je dois t’avertir d’encore autre chose.

Je lui racontai alors ma démarche auprès de la police valaisanne.

—Donc il faut t’attendre à un appel de leur part. Ils voudront certainement te rencontrer pour avoir des informations sur Sophie…

—…que je n’ai pas.

—En effet, mais il semble que nous soyons tous d’accord pour dire que ces publications contiennent des propos inquiétants et qu’ils doivent cesser. J’avais pris congé de mon frère et de sa famille un peu précipitamment, mais je ne donnai pas d’explications. J’avais seulement dit en serrant la main de Guy:

—  Je t’expliquerai…

Dans ma voiture, sur le trajet du retour,  je guettai sur mon téléphone un appel de Arianna. C’est en arrivant au bas de mon immeuble, une heure après mon départ qu’il arriva. Arianna avait effectivement reçu deux policiers. Elle n’avait pas pu donner d’éléments pertinents sur l’identité de Sophie.

—Ils ont fait venir Kevin, le webmaster, pour essayer d’avoir des informations techniques. Il y eut un temps de silence puis Arianna poursuivit : Là, tu vois, il m’appelle. Je raccroche. A plus tard…

Je retrouvai mon appartement au 4ème étage et attendis plusieurs heures le rappel de Arianna. Il était 21h quand elle me confirma la disparition de la page de Sophie.

—Cette mesure a été non seulement approuvée, mais demandée par la police. Ils ont en effet découvert avec l’aide de Kevin, que la personne inscrite sous le nom de Sophie Olivier, avait effacé ou masqué toutes ses informations personnelles. Ils ont été jusqu’à investiguer sur l’origine de son adresse IP et ont constaté qu’elle utilisait les services d’un anonymizer. Je n’ai pas bien compris de quoi il s’agissait exactement, mais Kevin m’a assuré que le fait de vouloir se dissimuler a convaincu les policiers

de l’aspect déloyal de ces publications. Vraisemblablement aussi, ils n’ont pas aimé ce qu’ils ont vu.

Ils avaient demandé à Arianna de garder cette page hors de publication, le temps qu’ils puissent obtenir de plus amples renseignements et Kevin devait rester à leur disposition. Cela faisait beaucoup de monde qui n’avait pas pu passer une fête de Noël en paix ! 

 

26 12 2016

Dans la matinée du 26, je dus me rendre au bureau de l’inspectrice Ducrest. Elle m’avait, par téléphone, expliqué quelques minutes plus tôt, qu’au vu du caractère un peu spécial (c’était son mot de prédilection pour qualifier quelque chose qui sortait du commun des enquêtes de police) de l’affaire, il valait mieux être en possession d’une requête légale pour justifier une enquête. Je devais donc très officiellement déposer une dénonciation pénale contre inconnu. Cela ne m’enthousiasmait pas, mais l’inspectrice m’avait bien fait comprendre qu’on avait rien sans rien. De toute façon, rien ne m’enthousiasmait.  J’étais, jour après jour, de plus en plus infréquentable. Déjà que Noël et ses nostalgies me rendaient rugueux à tout, Sophie m ‘emmerdait.

—Comprenez-moi bien Monsieur Defondval, elle se tenait très droite sur sa chaise, les deux coudes sur la table en se tenant les mains, si vous dénoncez pénalement ces menaces, ceci me permettra d’accélérer les procédures.

Et moi, j’étais allé trop loin. Je le compris à ce moment. Arianna avait dû recevoir la police de Genève après mes agissements. Je n’étais plus seul. Avec mes soubresauts  d’écrivain qui s’offusque vite, je m’étais engagé dans une impasse. J’avais donc accepté de déposer. Et dès ma signature apposée au fond du document, elle se détendit:

— Merci, avec cette dénonciation,  j’ai le fondement juridique manquant pour engager les moyens nécessaires.

— Quels moyens ?

— Comprenez qu’en l’état, nous n’avons pas grand-chose de pertinent du point de vue légal et que, à cause de cette situation, je ne peux pas justifier la mise en œuvre de démarches qui impliquent d’autres corps de police ainsi que d’autres services.

— Comme ?

— Eh bien, à la lecture plus attentive de ces lettres, il y a plusieurs éléments que nous devons vérifier. Mais ces examens ne peuvent se faire qu’avec des moyens nationaux et inter-police. Sur la base d’une dénonciation pénale, je peux démarrer ces procédures. Et puis il y a une composante assez trouble dans le type de personne qui a écrit ces déclarations. Je connais personnellement le psychiatre appelé dans certaines affaires et qui apporte ses compétences dans le but d’établir le profil psychologique d’une personne. Je pense lui soumettre les documents rédigés par l’individu qui se fait appeler Sophie Olivier. Nous aurons probablement besoin de votre contribution dans cette démarche. Vous êtes l’auteur de la création de Sophie, non ?

Elle avait enfoncé le clou et  m’avait encore demandé avec fermeté de l’informer de toute démarche impliquant un contact avec Sophie Olivier ainsi qu’avec le site de Fictionweb2.0.

— A partir de maintenant, me dit-elle, une procédure pénale est engagée. Un juge sera informé et il pilotera l’enquête. Vous restez à disposition de la Justice dans les jours qui viennent. Nous vous recontacterons pour vous faire part du résultat des investigations. Son discours était fait de phrases courtes et froides. Il démontrait une volonté de prise en charge de la situation . Et cela me faisait du bien. Dès ce moment, je n’étais plus seul à me débattre dans mes incertitudes.

30 12 2016

Pendant cinq  jours je n’avais fait que vaquer. Entendez par là que je m’étais appliqué à faire des choses inutiles qui avaient l’aspect du travail. Mais je restais englué dans cette attente malsaine. Le 30 décembre arriva et le petit pincement ressenti les jours précédents s’était mis à cannibaliser ce qui restait de pensées. Je n’avais eu aucune nouvelle de la police. Mais à dix heures trente, les choses se sont emballées. Il y eut d’abord cet appel de l’inspectrice Ducrest qui avait perdu  son assurance et qui m’avait semblé stressée. Sans explications, elle me demanda si dans les lettres de Sophie, j’avais repéré des indices de lieux. A ma réponse négative, elle enchaîna rapidement :

— Monsieur Defondval, je pense avoir besoin de vous. Je vous attends à l’Hôtel de Police dans les plus brefs délais. Il semble que nous ne puissions plus perdre de temps.

— Ah ? Parce que vous en avez perdu?

— Oui… Je vous attends.

Simultanément, je reçus dans ma boite mail personnelle un message intitulé « Il est l’heure ». Pour la première fois, Sophie avait utilisé mon adresse privée. Evidemment elle avait retrouvé mes coordonnées personnelles sur le site de Fictionweb2.0. J’avais lu en vitesse son courrier et me rendis immédiatement compte que Sophie devenait de plus en plus explicite sur sa résolution d’accomplir un acte sans retour. Mais je n’arrivais pas à déterminer clairement contre qui.

Je retrouvais l’inspectrice Ducrest derrière une table sur laquelle étaient disposées les quatre premières lettres de Sophie, une radio qui grésillait de temps à autre et un écran. En m’asseyant en face d’elle, je lui tendis mon téléphone sur lequel elle lut avec un front plissé, le courriel que Sophie venait de poster sur ma boîte mail. Elle me rendit mon appareil en m’intimant :

— Envoyez-moi immédiatement une copie s’il vous plait.

Quand le message arriva sur son écran, elle me demanda quelques instants pour faire suivre ce dernier à différents destinataires qu’elle ne me précisa pas. Puis elle sortit et revint quelques minutes plus tard avec le cinquième écrit de Sophie à la main. Elle relut attentivement le texte et fit ressortir certains passages en les relevant avec un feutre jaune. En soupirant, elle s’appuya contre le dossier de son fauteuil de bureau et me regarda attentivement quelques secondes.

—Monsieur, Defondval, une opération de police est actuellement en cours pour retrouver l’auteure de

ces lettres. C’est une procédure inter-cantonale et j’en suis responsable. Dans une enquête comme celle qui nous occupe, la première question à laquelle nous devons répondre est:

« De quoi s’agit-il ? » A cela, nous pouvons répondre ceci: nous sommes en présence de menaces graves quoique voilées envers une personne. Les moyens utilisés indiquent un lien avec vous. Le fait que l’instigateur de ces menaces ait tout mis en œuvre pour rester dans l’ombre tend à faire penser que les intentions sont réelles. La présence d’un temps limite dans la préméditation nous forcent à essayer d’aboutir aujourd’hui dans nos recherches. Pour y arriver, nous devrions pouvoir répondre à cette deuxième question: « De qui s’agit-il ? ».

Je restais silencieux. Mais je sentais presque physiquement mes oreilles bouger pour se dresser.

— Notre psychiatre profiler de Lausanne nous a mis sur la piste et en combinant les critères mis en évidence, nous avons pu isoler un événement particulier. Les différentes recherches lancées sur les bases de données nationales ont permis par recoupements de ces critères, d’isoler l’événement recherché. Nous avons la quasi-certitude d’être en présence de Sandrine Matthey, elle se penche sur la table et lit, impliquée dans un accident mortel de la circulation le 6 avril 2008.

— Comment pouvez-vous en être sûre ?

— Elle a écrit, dans sa première lettre, souffrir d’une détresse depuis 3178 jours. Si l’on remonte le temps avec ce nombre de jours, on arrive à cette date du dimanche 6 avril 2008.

— Oui mais il y a certainement une quantité d’évènements survenus à cette date sur le territoire national, non ?

— En effet, mais elle écrit aussi devoir rencontrer M. Hors, il se trouve qu’un Alexis Montandon est également impliqué dans cette affaire.

— Impliqué?

— Oui, et c’est sur ce point que nous nous sommes trompés, tout comme vous d’ailleurs.

— Trompés ?

— Votre sentiment, et le nôtre aussi, a été influencé par les références faites par Sophie Olivier à votre nouvelle « sopoli ». Nous avons tous interprété les écrits de Sophie comme étant menaçants envers une personne coupable de son état. Plus précisément, nous étions préoccupés par un acte contre une personne tierce, considérée par Sophie comme responsable de son désespoir.

— Et ce n’est pas le cas ?

— Oui et non…

A ce moment, la radio sur la table transmit un appel à un correspondant répondant au code « Victor Sierra Un Huit ». La policière avait bondi sur l’appareil et un échange rapide et haché s’instaura. De mon côté je prenais hâtivement quelques notes pour ma compréhension. Quand le dialogue prit fin, il apparaissait que la police cantonale neuchâteloise s’était rendue au domicile de Alexis Montandon. Il s’était avéré que Madame Sandrine Matthey avait eu une entrevue avec Monsieur Montandon. La raison de cette rencontre ne fut pas évoquée, mais je me souvenais des propos de Sophie (Sandrine ?) concernant son intention de parler à M. Les policiers s’étaient alors déplacés à l’adresse de Sandrine Matthey. Elle semblait ne pas être rentrée chez elle. Elle n’avait pas verrouillé sa porte et les agents s’étaient introduits dans l’appartement pour constater l’absence de la locataire. Viviane Ducrest avait ordonné immédiatement une investigation au sujet de la sœur de Sandrine. Dans le même temps,

elle demanda de rédiger un signalement du véhicule au nom de Sandrine Matthey et d’en diffuser sa recherche. L’inspectrice reprit sa position au fond de son fauteuil et poursuivit :

— Madame Matthey a été impliquée, il y a huit ans, dans un accident de la circulation avec perte de maîtrise de son véhicule. Au cours de celui-ci, elle a percuté un enfant qui a perdu la vie. Cet enfant s’appelait Pauline Montandon.

Interloqué je bégayais :

— … mais alors … les lettres de Sophie … de Sandrine … ce que voulait dire Sophie …

— C’est ce que le psychiatre a très rapidement cerné. Sophie Olivier est l’identité prise par Sandrine Matthey. Son double justicier qui va « gommer l’erreur ». Dans cette interprétation des écrits, Sandrine et Sophie Olivier sont une seule et même personne. Tout porte donc à croire que Sandrine est en danger. Elle n’est pas rentrée chez elle, c’est la raison pour laquelle nous nous retrouvons dans l’urgence de la retrouver. Vous l’avez compris, le plus rapide vraisemblablement, sera de retrouver d’abord sa sœur. Je viens de recevoir d’autre part une question de notre docteur profiler. Un point de la dernière communication de Sophie est inhabituel selon lui. C’est une information directe sur un lieu. Elle écrit « L’eau noire sera mon refuge ». Ces mots ont-ils un sens pour vous ? … Excusez-moi …

Madame Ducrest répondait à un appel sur son portable. Moi je réfléchissais à sa question. Ma première pensée me ramena à mon enfance dans un lieu où coulait une rivière qui portait le nom de Eau Noire. Mais, à l’évidence, cela devait être tout autre chose. De bien moins joyeux.

Les mots assemblés de refuge et eau noire dégageait une odeur putride. Quand la conversation reprit, je fis part à mon interlocutrice de ce qui m’était venu à l’esprit :

— Je pense que, dans un premier temps, nous devrions chercher un lieu géographique local. Ce pourrait être une rivière, un étang ou un lac…

— … oui, j’y ai aussi pensé aussi … je vais transmettre cette question aux agents sur le terrain. Ils connaissent les noms locaux.

Pendant qu’elle se mettait en contact avec ses collègues de Neuchâtel avec sa radio, je restais à laisser mon esprit méditer sur les mots eau et noire et soudain je me souvins avoir baigné dans cette atmosphère d’eau stagnante. C’était lors d’un voyage à Aigues Mortes pour assister à un concert de musique médiévale et j’avais appris dans le livret de présentation qu’en vieux français, l’eau se disait aigue. D’où le nom du bourg. Avec du recul, quand j’écris ces mots, je ne m’explique pas cette association d’idées fortuite, mais aussitôt, j’attirai l’attention de l’inspectrice Ducrest qui m’adressa un regard interrogateur.

—  Demandez encore si un nom de lieu-dit contient le mot aigue, du style aigue noire.

Je dus épeler le mot et dans la réplique qui suivit, Viviane Ducrest émit un « Ah ! » sonore. Elle fit la requête urgente de rechercher la présence éventuelle d’une résidence au nom de Matthey. Elle tourna son regard vers moi et dit :

— Votre culture nous a semble-t-il servi. Dès que j’ai pu donner l’orthographe d’aigue, mon collègue de Neuchâtel a tout de suite fait le lien avec Noiraigue dans le Val de Travers. Nous allons très vite savoir si Sandrine Matthey a quelque chose à voir avec cette région. Comme je vous l’ai dit,

notre objectif aussi, est d’entrer d’urgence en contact avec sa sœur, elle consulta ses informations et poursuivit, Josy Werner à Yverdon. Puis après un bref silence, elle ajouta : nous allons la retrouver, soyez sans crainte.

Mes craintes étaient floues et pesantes en même temps. Retrouver qui, Sandrine ou Sophie ? Retrouver où, à Noiraigue ou dans une eau noire ? Et dans quel état, vivante ou morte ? Viviane avait repris son attitude professionnelle :

—  Voilà Monsieur Defondval, je vous remercie de votre aide. Les choses sont en cours et pour l’instant je crois qu’il vaut mieux en rester là. Le reste appartient au travail de la police.

Je me levai pour prendre congé et en lui serrant la main, je m’enquis un peu embarrassé :

— Puis-je vous demander de m’informer dès que vous aurez eu des nouvelles de Sandrine Matthey ? C’est un peu stupide, n’est-ce pas, mais je vais avoir de la peine à retrouver ma tranquillité tant que cette personne restera introuvable.

Je lui fus reconnaissant de me rassurer sur ce point, mais c’est quand même à regret que je la laissai continuer sans moi. Sur le parking de l’Hôtel de Police, je dus faire un effort pour me souvenir de la place à laquelle j’avais abandonné ma voiture. Je dus d’ailleurs, faire un effort tout le reste de la journée. Sophie-Sandrine ne sortait plus de mon champ de pensées. Puis à la fin de l’après-midi, la police me rappela. J’étais encore en ville et l’inspectrice Ducrest m’avait proposé de nous rencontrer au café du Fournil. Elle avait quitté sa tenue stricte et un léger maquillage la métamorphosait en femme qui pouvait séduire. Avec un soupir, elle s’affala en face de moi toute en dénouant son écharpe.

Je la regardais, surpris et un peu bousculé dans mes clichés à propos des forces de l’ordre public.

— Vous êtes fatiguée, lui ai-je dit.

Son regard parcourait les tables autour de la nôtre comme à la recherche de quelque chose ou quelqu’un. Indécise, elle m’observa quelques secondes puis lâcha :

— Je fais un métier qui peut certains jours devenir pesant, à force de mettre en lumière la face sombre des existences.

— Sandrine ?

Les yeux de Viviane Ducrest avaient repris vie à ma question.

— Elle est hors de danger à l’Hôpital de Couvet.

— Quel danger ?

On l’a retrouvée à Noiraigue, dans la maison familiale qui avait appartenu à ses parents et qui a été conservée comme résidence secondaire par sa sœur aînée. Sandrine avait absorbé le contenu d’un flacon de GHB ainsi que d’autres médicaments avec le dessein évident de mettre fin à ses jours. Elle avait, comme elle l’avait écrit, emporté une couverture chauffante dans laquelle elle s’était enveloppée. On a eu la chance de pouvoir contacter une ambulance qui revenait de la clinique de Couvet. Pendant son transport à l’hôpital, elle a subi un lavage d’estomac qui lui a sans doute sauvé la vie.

La petite sonnerie qui tintait sans discontinuer au fond de mon oreille depuis plus de douze jours s’était tue.

— … Je le savais.

— Que saviez-vous ?

C’était moi qui laissait mourir mon regard dans un ailleurs. Un ailleurs où Sandrine et Sophie se rejoignaient dans un seul visage.

— Que ces lettres n’étaient pas anodines, qu’elles n’étaient pas …

Comme pour donner sens à ma réflexion, Viviane enchaîna:

— Nous avons appris par la sœur que Sandrine avait effectué un séjour prolongé dans un hôpital psychiatrique après le drame qui avait coûté la vie à la petite Pauline. Déjà à ce moment, elle a présenté des symptômes de schizophrénie. Depuis, elle devait être régulièrement suivie par un médecin psychiatre. Ceci explique cette double identité prise par Sandrine Matthey.

Un silence prolongé s’installa. Puis je murmurai:

— Voyez-vous, Dostoïevski et Saint Exupéry ont touché cette vérité: «Chacun est responsable de tous.» Je ne peux m’empêcher de penser que l’invention de Sophie a été l’étincelle qui a mis en mouvement ces événements.

— Ne donnez pas trop de pouvoir à cet aspect des choses, Monsieur Defondval. Si ce n’avait été votre histoire, un autre élément déclencheur serait probablement survenu.

J’ai soupiré et fait un geste qui montrait ma résignation devant l’inévitable. Mais au fond de moi, un personnage que je ne connaissais pas, donnait de la voix. « Si tu es responsable de tous, alors, l’écrivain est aussi responsable devant autrui, devant ses lecteurs, de ce qu’il crée ».

L’autre éteignoir que je connaissais bien et que je n’avais jamais réussi à faire taire est intervenu ironiquement dans ce monologue: « Tu te donnes encore de l’importance ».

Je souris cependant à l’inspectrice, la femme, Viviane qui m’observait.

— Oui, vous avez sans doute raison. Merci de votre aide.

Je me levai un peu brusquement peut-être et en lui tendant la main je dis encore :

— Il est temps de passer à autre chose, je crois.

J’ajoutai des salutations et des politesses sincères, puis me détournant de la table, je sortis. Dehors il faisait déjà nuit. Le ciel était sombre et la nouvelle lune se préparait. Je savais que sa couleur ne serait plus exactement la même. Parce que depuis ce soir-là, il y aurait un avant et un après Sophie.

Commentaires (4)

Jacques Defondval
15.03.2017

'En effet, mieux vaut tard que jamais (et cela s'applique à cette réponse), mais le plaisir de recevoir une réaction positive n'a pas d'équivalent dans la saveur pour celui qui écrit :-) Vous utilisez le terme "coup de théâtre" dans votre commentaire et c'était bien l'idée de départ, avec une petite composante provocatrice. Le temps des fêtes d'abord, durant lequel la lumière côtoie la misère intérieure. L'opportunité d'utiliser les nouvelles fonctionnalités de liens hypertexte de Webstory ensuite. Le désir de prolonger la nouvelle de "sopoli" enfin. Tous ces éléments se sont alliés pour publier "Sophie". Et puis restent ces questions abyssales de la fiction et de la réalité dans lesquelles se logent d'autres questions qui, dès qu'on les observent en contiennent encore d'autres... Merci'

Pierre de lune
06.03.2017

'Bonsoir, Mieux vaut tard que jamais... je viens vous féliciter pour votre "coup de théâtre" de fin d'année ! Dans une période festive chargée, je n'ai pas raté la publication des lettres de Sophie Olivier, avec tout ce qu'elles comportaient d'inhabituel, de troublant, d'inquiétant et... de désarçonnant. En l'absence de réaction générale, je ne me suis pas risquée à un quelconque commentaire. Il se passait quelque chose... mais quoi ?? Ainsi, votre stratagème littéraire a parfaitement fonctionné. Et si je découvre tardivement le fin mot de l'histoire, il ne perd pas de sa saveur. Tout s'éclaire, et le mélange sucré salé de la fiction et de la réalité nous maintient sur le fil de l'équilibriste, rôle que vous endossez avec brio. Merci pour cette création novatrice qui m'aura tenu en haleine !'

Asphodèle
08.02.2017

Bonjour, J'aime beaucoup cette mise en abîme du personnage de l'écrivain qui se retrouve à son tour dans un polar. Je trouve que c'est très bien pensé et très bien amené. On en est à se demander où s'arrête le réel et où commence la fiction. J'ai aussi beaucoup apprécié de me retrouver dans des lieux et des paysages qui me sont familiers. Merci.

Jacques Defondval
08.02.2017

Merci Asphodèle, pour ce commentaire. A part Sophie qui m'écrit des lettres fictives, je ne peux pas dire que les réactions et avis sont chose courante et votre courrier est n'en est que plus vivifiant. Vous avez mis le doigt sur le concept qui occupe souvent mes pensées: la notion de réalité. Plus j'y pense plus les limites sont insondables :-)

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