Pourquoi écrire ?

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Confession, monologue, dialogue ? réponses à des questions que peut-être tout un chacun se pose au-sujet de tout et de rien, ou pas du tout. Il est permis de sauter des chapitres, de relire si nécessaire. Bref, tout ce qui n'est pas interdit n'est pas obligatoire (clin d'oeil à mai 1968)
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Ecrire,

Ecrire pour ne pas s’aigrir

Ecrire pour ne pas faire souffrir

A cause de nos malheurs

A cause de nos douleurs

Ceux que l’on aime

Ceux qui nous aiment

Ecrire pour ne pas mourir desséché

Ecrire pour ne pas oublier

Tout ce qu’on s’est promis de garder gravé au fond de soi

Au nom du devoir de mémoire

Ecrire pour ne pas se fondre dans l’oubli, cet oubli qui nous guette, dès que l’on a tourné les talons

Ecrire pour ne pas se laisser rattraper par l’anonymat de ceux qui sont autres, différents, atypiques

Ecrire pour chasser la solitude, plaie insidieuse, contagieuse qui isole, mais jamais ne console du mal-être, du mal-vivre

Ecrire pour ne pas s’enterrer vivant, tout juste survivant dans les vagues de tristesse qui roulent sur nous

Ecrire pour faire savoir à tous ses pensées, ses sentiments, ses émotions simulées, imaginées, controversées

Ecrire sa vie propre, pour accepter l’avoir soi-même vécue, devoir autobiographique, en même temps thérapie

STATISTIQUE.

Statistiquement parlant, j’ai 100% de chance de mourir un jour. Banal, me direz-vous ! Certes. Et encore, peut-on vraiment parler de chance ?

Sur le même plan statistique, combien croyez-vous qu’un Européen normal a de « chances » d’avoir des enfants toxicomanes, une femme dépressive, de subir une opération majeure le laissant partiellement handicapé et d’être embrigadé dans une secte ?

Je pourrais continuer ainsi longtemps, si je ne voyais pointer dans vos yeux une lueur bien connue, le clignotant rouge qui semble indiquer : encore un qui se prend pour une victime !

Et pourtant…

 

Vous n’avez pas idée à quel point j’ai pu, dans le désordre, me croire marqué par un mauvais sort, souffrir du mauvais œil, être né sous une mauvaise étoile, être maudit du ciel. Après cela, s’extirper de la foule des damnés de la terre peut prendre un certain temps et surtout vous réclamer beaucoup d’énergie, des tonnes d’énergie. A certains moments, vous en arrivez même à vous demander où vous allez la trouver, cette force qui vous permettra de faire le pas suivant de votre parcours.

 

Les statistiques n’étant finalement que des approximations mathématiques censées vous fournir quelques informations d’ordre général, je ne me suis pas focalisé, sur cet aspect des choses, heureusement pour moi. Parce que bien sûr, une certaine loi statistique, merci Professeur Pareto, essaie de nous persuader que les éléments de probabilité ont une tendance majeure à se séparer en deux groupes, 20% pour l’un et 80% pour l’autre. Si je m’aperçois que, quelle que soit la situation, je me trouve toujours dans la mauvaise partie, je commence à m’inquiéter et les questions habituelles reprennent le dessus : suis-je destiné à être la victime idéale de tous les évènements désagréables de l’existence ?

 

Heureusement, dans toute cette machinerie imaginaire, je reste la personne que je suis : simple, anxieuse, désirant par-dessus tout la paix et la tranquillité, fuyant les faux combats contre les moulins à vent ou les causes perdues. La vie y est pour quelque chose, ou alors Dieu lui-même. J’ai quelques tendances à penser qu’Il existe et je ne suis pas le seul.

Choqués ? Excusez-moi, il y a bien longtemps que le politiquement correct aurait dû être rayé de nos vies. Oui, oui, vous avez bien lu. A force de vouloir que tout soit lisse et harmonieux, à force de multiplier les compromis inévitables qu’un tel désir implique, nous en sommes arrivés à détester les normes et dans le même temps, à nous sentir désécurisés quand il n’y a rien pour nous indiquer le chemin, aucun avis autorisé d’expert pour nous dire quoi penser, quoi dire, quoi éviter, quoi vouloir !

 

Si j’affirme penser que Dieu existe et que quelques lignes plus haut, j’ai confessé avoir fait partie d’une secte, je ne me fais pas trop d’illusions. Dans la plupart des esprits, je vais rester un illuminé avec des idées bien arrêtées sur le divin, l’extra-terrestre, l’au-delà, enfin toutes ces grandes questions existentielles que tout un chacun est en droit de se poser. Droit, vous avez bien dit droit ? et de quel droit vous avez dit droit ? êtes-vous juriste, licencié dans le domaine, avocat, juge ? non, alors rejoignez le rang, Monsieur, je vous l’ordonne. Non, mais… Voici des gens qui n’ont pas étudié, qui ne sont reconnus par aucune université sérieuse, et ces gens voudraient se saisir de la moindre occasion pour parler à tort et à travers de droit et de justice. Non, mais… qu’est-ce qu’ils croient, ces incultes, ces prétentieux, qu’il leur suffit de savoir taper sur un clavier d’ordinateur pour que leurs avis aient une quelconque valeur !

Vous vous demandez avec raison où je vais en venir après cette longue introduction. Voyez-vous, à la base, dans mon idée, je n’avais pas prévu de publier cette prose. Je me disais juste que le fait de pratiquer mes petits rituels matinaux allaient me faire du bien : me lever le matin très tôt, me préparer une bonne tisane, allumer une bougie, m’installer à ma table de travail, sortir mes feuilles quadrillées 5mm de côté, dévisser le capuchon de mon stylo et laisser mon imagination vagabonder sur le papier durant une bonne heure… tout cela, je le pratique depuis plus d’une trentaine d’années. C’est peut-être la raison pour laquelle je n’ai jamais pensé vous en parler. Le résultat de mes écritures du matin consiste en plusieurs boîtes d’archives rangées dans mon grenier. Je les ai écrites jour après jour, à la main, en essayant d’être honnête, de ne pas tricher, de ne pas écrire en imaginant mes chers héritiers plongés dans une lecture posthume et se grattant la tête pour savoir ce que j’avais bien voulu dire par cette phrase ou ce mot. Mes parents ne m’ont pas laissé d’écrits et cela ne me gêne pas trop. Ils m’ont plutôt légué un ensemble de règles et de valeurs qui sont toujours une référence dans mes manières de décider de l’avenir.

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Commentaires (1)

Webstory
28.01.2021

Cher Thierry Villon, enfin un langage non adapté à certains réseaux, même pas utile de rajouter "sociaux". Seul le webwriter-écrivain peut se permettre d'être authentique, comme les artistes, les poètes et les créateurs. Ecrire, c'est le souffle de vie qui pulse de l'oxygène! Merci pour ce billet d'humeur!

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