Créé le: 30.01.2024
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Absences

Fiction, Nouvelle

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© 2024 Yo-Xarek

© 2024 Yo-Xarek

Chapitre 3

3

Jeudi 10 juillet, 23h15

Tout va bien, je ne constate plus de disparition depuis quelques jours, je crois que je me suis fait des idées. Demain j’ai rendez-vous avec Viviane et je la vois déjà bien rire de mes petits problèmes, je suis sûr qu’il y a une explication toute simple.  Bonne nuit !

 

Samedi 12 juillet, matin

J’ai peu dormi, sans cesse réveillé par des cauchemars angoissants dont je ne garde aucun souvenir. La soirée avec Viviane s’est mal terminée, on s’est disputé au sujet du travail. Nous sommes dans la même entreprise mais comme elle est engagée en freelance en tant que pigiste au journal, et moi à l’imprimerie, il arrive qu’on ne se croise pas durant plusieurs jours. Je lui demandais si elle avait des nouvelles de Didier et Sophie, les collègues de la rédaction, je ne les ai plus revus depuis longtemps, je pensais qu’ils étaient en reportage mais elle m’a dit ne pas les connaitre.

_ “Mais enfin, tu te souviens bien de Sophie ?” Lui-dis-je ”Elle a toujours un mot gentil pour chacun de nous en arrivant au bureau, elle porte souvent des habits très colorés et voyants qui ne vont pas toujours ensemble et son collier, ah, son collier de grosses perles parsemé de petites lames de métal qui fait du bruit à chacun de ses mouvements, tu dois te rappeler cela au moins. Je me souviens que nous plaisantions souvent à ce sujet. “

_“Tu dois confondre, je ne la connais pas !” Me répond-elle sans sourciller.

J’insiste : _”Et Didier ? Il a les cheveux bouclés et de grandes lunettes, il se balade toujours avec ses écouteurs dans les oreilles. C’est lui qui apporte les sandwichs au saumon à la pause de dix heures“

_“Désolée mais il n’y a jamais eu de Didier ou de Sophie au journal !”

J’étais désorienté, c’est quoi le gag ? Elle me fait marcher. Je suis un peu perdu, alors je lui parle des disparitions d’objets chez moi, je mentionne même le petit square de la rue Pichet.

Sa réaction me surprend, elle me regarde tendrement et pose sa main sur mon épaule et me dit : _”Tu as besoin de vacances ! Il n’y a jamais eu de square rue Pichet ! “

Mon sang n’a fait qu’un tour, je me suis mis en colère et je l’ai accusée de jouer un jeu dangereux avec moi, je l’ai implorée au nom de notre amitié mais elle a continué à me regarder avec cet air troublé. Je suis parti sans payer les consommations. Lundi il faudra que je m’excuse auprès d’elle. C’est la première fois qu’une dispute ombrage notre amitié.

 

Dimanche 13 juillet, 23h

Maintenant j’ai la certitude que je deviens fou, j’imagine des choses, je m’invente des amis, des lieux qui n’existent pas.

Toujours troublé par la dispute de vendredi je me suis rendu chez mon ami Marcel qui habite la campagne. Je n’ai pas pu le prévenir de ma visite car son téléphone est toujours en dérangement. Durant le trajet en bus je repasse dans ma tête tous les faits de ces dernières semaines et je n’arrive toujours pas à comprendre si c’est moi qui déraille ou si cela arrive vraiment.

Mais voilà ce qui s’est passé. Le petit village où habite mon ami Marcel était fort différent de ce que j’en connaissais, ou comme je l’imaginais. Ce n’est qu’un hameau avec deux ou trois maisons, j’ai cherché la maison de Marcel au bout du village, juste après le champ mais il n’y avait que le champ et après c’est la forêt. Dans le village il n’y avait personne pour me renseigner, tout était désert, c’était une belle journée d’été, ils sont sûrement tous allés se faire bronzer.

Je retourne en ville, perplexe. Enfin, Marcel, ce sympathique gaillard qui passe son temps à cultiver son jardin et faire la fête en invitant tous ses amis, il a bien existé. Combien de fois il me donnait des fruits et des légumes de son jardin en me disant que je devais manger plus sainement et arrêter de me nourrir de sandwichs. Je l’aurais imaginé ?

Je me dis que mon autre ami, Luc trouverait la réponse à mes questions. Luc a réponse à tout. Il trouve des solutions même quand tout parait désespéré. Mais pourquoi ne l’ai-je pas contacté plus tôt ? Ah oui, j’oubliais, son téléphone ne fonctionne pas.

Pas de Luc rue des Saules, pas de numéro 16 dans la rue des Saules.

Pas de rue des Saules ! Plus de rue des Saules ? Il n’y a jamais eu de rue des Saules. Demain je téléphone à mon médecin.

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Commentaires (8)

Peter Pumpkin
18.07.2024

C’est un très beau texte, cela me fait penser à la Métamorphose de Kafka… J’espère que cela finira mieux…

Yo-Xarek
18.07.2024

Merci Peter Pumpkin, Kafka ? Quel honneur.

Webstory
12.04.2024

Dans le cadre de l'atelier 22 (Piquez un personnage!), Thierry Villon a créé une autre version de ce récit. Découvrez L'art de sembler absent

Starben CASE
16.03.2024

Chapitre 4: faut prendre des vacances, faut arrêter de fumer, de boire… les médecins disent n’importe quoi. Les antidépresseurs compliquent parfois les choses. Faut changer de médoc ou de médic. Tu n’imprimes peut-être plus les choses dans ta tête. Mais repose-toi, ne compte plus tes disques, et profite de la vie. En attendant le prochain chapitre. Je ne t’oublie pas.

Yo-Xarek
17.03.2024

Merci Starben CASE, pour ne pas m'avoir oublié et commenté chaque chapitre avec compassion et humour. J'apprécie. Dans cette histoire il y a un peu de tout , du rêve, du cauchemar, des souvenirs de mes années à travailler en gériatrie et psychiatrie. Est-ce que c'est dans sa tête, est-ce un abus de substances illicites ou est-ce que c'est de la science-fiction? Je préfère laisser le lecteur imaginer ce qu'il veut.

Starben CASE
16.03.2024

Chapitre 3: ce n’est pas toi qui oublie c’est Viviane! Elle ne se rappelle même pas de Sophie et Didier, alors que toi oui! T’as quand même oublié de payer… Pour Marcel, je n’ai pas de nouvelles, mais il a peut-être déménagé. D’accord, on va voir ce que dit le médecin… rendez-vous au prochain chapitre.

Starben CASE
16.03.2024

Chapitre 2: rien d’anormal à ne pas retrouver le square de la rue Pichet. Avec tous les travaux partout, je suis allée à Renens et tout a disparu! J’ai rien reconnu! Et on parle pas de la Gare de Lausanne. Jusque là, tout va bien…

Starben CASE
16.03.2024

Tu n’as pas de soucis à te faire car si tu as compté tes vinyles et que tu remarques qu’il t’en manque neuf, c’est que tu t’en souviens. Jusque là tout va bien…

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