Elle jette un dernier regard par la fenêtre.

Son corps presque vêtu quitte sa ville, ses repères, son chez-soi.

Un endroit où l’on se sent bien, entre connaissances, dans les salons d’hiver.

Un refuge où l’on papote dehors, durant les beaux jours, dans les parcs et les places.

Un lieu où l’on rêve d’appartenir au cercle de qui descend dans les grands hôtels du monde entier, de qui l’on sert, de qui se sent en vie selon ses envies.

Pour manger, pour dormir et pour s’éduquer : rien ne manque vraiment. Mais ne faut-il pas avoir plus que ses parents, plus que ce que nous avons reçu ? N’est-ce pas le sens de la vie d’avoir plus de conforts, plus de facilités, plus de tout à chaque génération ?

Les autres y vont, là-bas, où il y a tant d’argent à gagner.

Les autres en reviennent de ce paradis d’où jaillit des villas de luxe, des voitures à foison et du respect social à plus soif.

Les autres s’en délectent, s’en pourlèchent les babines, de ces jours merveilleux, sensuels, dans les chambres des plus grandes capitales, de ces jours où l’argent coule à flots, le compte en banque se remplit et l’avenir est à la richesse et l’insouciance.

Un peu de volonté pour débuter le voyage vers cette terre promise du règne des apparences.

Si l’attrait de la gloire et de la fortune était un pacte, il serait celui signé par Faust : promesses de tous les désirs comblés, rhétorique incontestée, problèmes solutionnés; plus aucune frustration, jamais. La puissance du diable inscrite sur la carte de crédit.

C’est avec cette force tranquille, ancrée dans les récits si souvent entendus, qu’elle a fait sa valise et abandonné son confort et ses convenances avec courage et détermination.