2025 Témoignage de Béatrice Anselmo – Coup de cœur

Titre: Comme il vous plaira

Après avoir été si honorée l’an dernier, j’attendais avec une vraie impatience le thème 2025. Lorsque j’ai découvert «Comme au théâtre!», j’ai senti une petite étincelle: «C’est pour moi», me suis-je dit. Je venais de quitter l’Éducation nationale, après de longues années à enseigner – en plus des Lettres – le théâtre à des adolescents de 15 à 18 ans. Mais «comme» au théâtre… Cette nuance m’a trotté dans la tête et mise au travail. Pendant des semaines, j’ai écrit, recommencé, abandonné, puis repris, ramenée sans cesse vers ce fil que je tirais, déployais, rompais et renouais.

Depuis mon petit refuge d’écriture, dans un coin isolé de Normandie, j’ai travaillé chaque matin, juste après ma nage quotidienne. Peu à peu, l’histoire a pris forme, presque comme un thriller. J’avais l’impression d’avancer sur une ligne sensible, d’écouter un texte qui se construisait autant qu’il me guidait, jusqu’au moment où je l’ai envoyé sur le site de Webstory.

Et pourtant, il n’a pas fini de vivre en moi: il continue de me souffler qu’il veut devenir une «vraie» pièce de théâtre.

Les mots de Christian Wille, Président du Cercle de l’Espérance, comédien et metteur en scène, qui a choisi de m’attribuer le prix Coup de cœur, ont parfaitement rejoint mon intention: «Un texte qui donne une vraie envie, soit de l’interpréter, soit de le mettre en scène.»

Merci à Webstory pour cette dynamique d’écriture qui rassemble et inspire. Merci pour la confiance, la bienveillance et ce pétillement joyeux qu’Helena offre toujours avec tant de générosité.

Le coup de cœur : Comme il vous plaira de Béatrice Anselmo (pseudo: Pausania). Elle a gagné le 1er prix l’année dernière avec Poussière (Monologue des Orcades), ainsi que le prix spécial du CIC centre d’Information sur les Croyances, sous le sous le pseudo de Béatrice a.

MOT DU JURY:
Intervention de Christian Wille, Président du Centre de l’Espérance, comédien et metteur en scène
Le coup de coeur du théâtre, c’est une grosse responsabilité parce que contrairement aux autres Évidemment, le rapport au théâtre a été primordial dans mon choix. Sur les textes qui ont été primés ce soir, il y en a en tout cas deux sur lesquels j’ai vraiment hésité. Bien sûr Le Retour du Brigadier pour toutes les références et les anecdotes liées à ce monde du théâtre que vous connaissez parfaitement Monsieur Desco et puis le Pancrace. Personnellement, je trouve que la première partie du texte exprime tellement bien le processus avec ses doutes et cette entrée dans le personnage d’un comédien dans une loge que j’ai été très touché par ce début de texte même si finalement, il s’agit de catch. Mais on était vraiment dans une loge de théâtre pendant un long moment. J’ai trouvé plein de sensations que je reconnais. Cela dit, comme je suis plutôt comédien et metteur en scène, ce sera sans surprise, sans coup de théâtre que le choix s’est porté, pour moi, plutôt sur un texte qui me donnait une vraie envie, soit de l’interpréter soit de la mettre en scène. Et pour ça, je voulais voir un texte avec des répliques qui claquent un peu, qui se répondent, qui font écho, j’avais envie de sentir en bouche ces phrases, avoir envie de les lire, de sentir leur force, de sentir l’impulsion qu’elles donnent et puis au fil de la lecture d’avoir une dramaturgie qui se développe, qui se renforce et puis de l’émotion qui arrive. Cela je l’ai particulièrement ressenti en lisant «Comme il vous plaira» . Tout de suite, je me suis imaginé des comédiens sur un plateau qui lanceraient ces phrases courtes, qui les laisseraient rebondir, qui se répondraient les uns les autres avec ces répliques qui claquent, un rythme rapide et une histoire qui, sur ce côté un peu chorale, se construit, se développe et prend toujours plus d’épaisseur. Dans ce texte, on comprend au fur et à mesure toutes les impasses dans lesquelles se trouvent le protagoniste. Il y a les questions de sa mère, l’incompréhension de la maman vis à vis des choix  de son fils, qui nous émeuvent. il y a le regard des autres, ses camarades de classe, il y a les réseaux sociaux. Il y a une vraie montée et on voit bien tout ce que ce personnage subit et qui nous amène à un drame qui devient inévitable. Ce texte, on peut l’imaginer sur une scène de théâtre. Il donne envie de le mettre en scène, de diriger des comédiens qui lâcheraient ces répliques en mitraillette comme dans une chorale, des répliques qui font mouche et qui nous interpellent. Alors bravo pour cet exercice.