Créé le: 22.02.2019
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Pensées obscures

Nouvelle

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© 2019-2024 Kurt Fidlers

Le Dr. Pierre Lequesne, est chargé d'évaluer l'état psychologique de la jeune Sofia, témoin de l'assassinat de sa famille.
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Le rapport tomba sur le bureau.

Pierre interrogea du regard l’assistante qui se tenait devant lui. En une brève explication, elle lui relata l’histoire de Sofia, frappée de mutisme. Une adolescente seule survivante d’un massacre d’une famille qui comptait quatre membres dont elle. Les faits s’étaient déroulés deux jours plus tôt, depuis, Sofia ne s’alimentait plus et refusait de s’exprimer.

L’arme du crime, un pistolet de petit calibre, restait introuvable. Les forces de l’ordre demandaient l’aide des spécialistes en psychiatrie pour déterminer si oui ou non Sofia aurait pu ; ou aurait été capable, de commettre ces meurtres odieux.

L’enquête préliminaire portait évidemment ses soupçons sur elle, songea aussitôt Pierre Lequesne. Les flics avaient juste besoin de savoir si elle avait commis ces crimes en pleine conscience ou si, au contraire, elle l’avait fait dans un état second. Dans ce cas-là, leur accusation ne pourrait être portée devant les tribunaux, elle serait jugée et cataloguée comme schizophrène, voire psychologiquement instable, et irait croupir pour les vingt années à venir dans un trou comme ici. Un jugement hâtif qui avait l’avantage de mettre le doigt sur le coupable et de faire taire l’opinion public, ce que les flics semblaient vouloir éviter à tout prix.

Le jeune psychiatre se leva, questionna l’assistante sur les raisons qui avaient poussées le chef du service à le choisir lui plutôt qu’un autre, plus expérimenté. Angela, de son prénom, haussa les épaules de manière effrontée tout en mâchonnant un chewing-gum.

Il sortit de son cagibi qui faisait office de bureau, et se rendit dans le couloir aseptisé aux cellules où étaient casés les patients. Il consulta le dossier : cellule n° 19.

Des photos insoutenables agrémentaient le rapport que le Dr. Pierre Lequesne tenait entre ses mains. Les corps, figés dans des positions incongrues, étaient ceux de la jeune sœur de dix ans, Carla, de son père Francis, âgé de cinquante-deux ans, et de sa mère Anna, âgée de quarante-huit ans. Une famille d’ouvriers comme le quartier populaire de la ville en comptait des dizaines de milliers. Le père n’avait pas été épargné par la crise économique, il était au chômage depuis deux ans, tandis que la mère ; une alcoolique notoire, assumait la charge du foyer. Tous tués d’une balle dans la tête.

Le Dr. Lequesne eut un haut-le-cœur alors qu’il arrivait devant la cellule.

Andy, un grand noir, ne put réprimer un sourire narquois lorsqu’il vit Pierre déglutir sur les images du rapport. Il ouvrit la cellule à la volée tandis que ses lèvres se retroussèrent en une parodie carnassière.

En franchissant le seuil, Pierre eut la vague impression qu’on se foutait vraiment de sa gueule dans cette clinique. Il se sentait comme Spartacus : livré aux lions pour le bon plaisir du peuple et des têtes, amassés autour de l’arène.

Le battant claqua.

La jeune fille se tenait en position assise sur le lit, repliée sur elle-même. Elle était vêtue de la tenue écrue de l’établissement. Un mince rai de lumière filtrait par l’unique fenêtre munie de barreaux de la pièce aseptisée. Face au lit, une table, une chaise dans les mêmes tons blancs que le reste de la cellule. Le visage de l’adolescente était enfoui entre ses genoux, ses cheveux auburn débordant sur ses cuisses.

– Sofia, bonjour, je suis le Dr. Pierre Lequesne, puis-je m’asseoir ici, dit-il en désignant la chaise.

Aucune réponse. Il posa le dossier sur la table, puis s’assit sans son approbation.

Stylo en main, il se mit à rédiger sur un bloc-notes :

Sofia d’Angers, 16 ans

Attitude prostrée, rigidité dans la position, repli sur soi → catalepsie ?

Syndrome psychomoteur → catatonie ?

 

– Sofia, sais-tu pour quelle raison tu te trouves ici ?

Silence.

Elle paraissait tellement menue assise sur son lit, presque fragile dans ses vêtements trop amples. Pierre pouvait entendre sa respiration, lente, contenue. C’était celle d’une personne en phase de concentration profonde et non une forme de catatonie. Il traça le mot sur son bloc.

Il savait Sofia présente quelque part dans cette pièce, le fait qu’elle refusait tout contact ne signifiait pas pour autant qu’elle n’était pas prête à communiquer. Quand les appels ne fonctionnaient pas, le Dr. utilisait la technique de l’histoire pour tenter une approche différente. Elle fonctionnait parfaitement avec les introvertis.

– Quand j’étais enfant, j’avais très peur du noir. Un jour, mon père m’a demandé de descendre à la cave pour lui chercher un outil. J’étais tétanisé par ces marches qui descendaient dans les ténèbres. Ce jour-là, l’ampoule était une fois de plus cassée. Les marches craquaient sous mon poids. J’avais très peur, et les zones d’ombres de la cave me semblaient encore plus terrifiantes que d’habitude. Un monstre aux dents acérées pouvait être tapi n’importe où, attendant le moment opportun pour me dévorer. Le marteau était posé sur l’établi, qui se trouvait dans le coin opposé aux marches…

Il laissa délibérément sa phrase en suspens.

La jeune fille ne bougea pas, pourtant, sa respiration était devenue plus saccadée, distingua Pierre. Il se dit qu’il avait réussi à capter son attention. Il poursuivit :

– Alors, j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai continué de descendre les marches, jusqu’à la dernière. Il n’y avait aucun bruit, ni même dans la maison. Ma mère était partie faire les courses, et mon père s’afférait dans l’atelier derrière la maison. Après quelques minutes d’hésitation, j’étais résolu à vaincre ma peur, j’ai franchi ce dernier passage, puis, j’ai couru jusqu’à l’établi, persuadé que la vitesse me protégerait de toute menace. Et là, subitement, j’ai entendu un grand fracas. Mon sang n’a fait qu’un tour, je me suis figé sur place, tétanisé. C’est la peur qui m’a incité à m’enfuir en criant.

Sofia, sur les dernières paroles du Dr. Lequesne, releva la tête, le regard obscurcit par ses cheveux. Lorsqu’elle s’exprima, sa voix était chargée comme un lendemain de cuite.

– Qu’est-ce qui est arrivé ?

– Griffon, mon chat, apeuré par le bruit et qui s’était enfui à toute vitesse en renversant au passage des bidons de peinture.

– Le chat… souffla-t-elle pour elle-même.

Pierre opina. Il aurait aimé voir le visage de la jeune femme, histoire de juger de sa réaction.

– Qu’est-ce qui t’effrayais quand tu étais petite, Sofia ?

Elle ne rétorqua pas immédiatement. Le Dr. entrevit cependant des yeux fuyants entre des mèches de cheveux tirant sur le roux foncé. Ils n’étaient pas soignés, sous les ongles ; de la crasse, et ses avant-bras ; dénudés, étaient lacérés par des estafilades.

L’observation du Dr. Lequesne s’en tint là, lorsque Sofia l’interrompit dans ses pensées :

– Qu’est-ce que vous essayez de me faire dire, Doc ?

Sa voix était timide, Pierre avait dû tendre l’oreille pour saisir sa question, mais répondit cependant :

– L’échange est la seule possibilité pour moi de me faire une opinion sur ce qui s’est passé chez toi il y a deux jours. Tu te souviens, n’est-ce pas Sofia ?

Silence à nouveau.

Elle releva la tête, ébouriffa ses cheveux dans un geste mesuré, presque étudié, releva Pierre sur son bloc. Ses yeux, par contre, fuyaient le contact. Le jeune psychiatre, momentanément plongé dans sa réflexion, fut surpris par le ton de voix subitement plus assuré, plus mature, qu’utilisa la jeune fille.

– Evidemment que j’m’en souviens.

Il opina :

– Tu peux me raconter ?

Son regard se figea, devint subitement très dur. Quand elle entama son monologue d’une voix monocorde, elle n’exprimât aucune compassion ni la moindre émotion. Toute trace de tristesse avait disparue, souligna Pierre.

– J’pensais que c’était un entretien psy, pas de flics… Elle roula des yeux, mais ne se fit pas trop prier : « J’ai tout d’abord découvert ma mère dans la cuisine avec un trou dans le front, pour une fois qu’elle semblait paisible. Ensuite, je suis montée dans la chambre de mes parents, où j’ai découvert mon père avec le même trou dans le front, allongé sur leur lit. J’étais tétanisée, comme vous et votre chat…

Elle évoqua ensuite la découverte de sa sœur :

– Le plus difficile, après, c’est quand j’ai découvert le corps de ma petite sœur, Carla. Elle était si fragile, et à part l’impact de la balle, elle paraissait si sereine, si belle, dans son pyjama rose avec les bisounours brodés sur le devant…

La sincérité de ses paroles crues ; dénuées de toutes émotions, glacèrent le sang de Pierre, il était interloqué par le détachement avec lequel la jeune fille venait de lui relater sa rencontre avec l’horreur. Il griffonnait les mots « Troubles de la personnalité ? » sur son bloc.

Elle enfouit sa tête dans ses genoux.

– Et pour Carla, expliques-moi qu’est-ce que tu as ressenti ?

A nouveau, l’attitude de Sofia changea quand elle releva son visage. Cette fois, une larme roula sur sa joue à peine le prénom de sa sœur cadette prononcé.

– Carla ? fit-elle dans un murmure, elle a dû se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

– Elle a dû…? Tu n’étais donc pas avec elle au moment des faits ?

– Non.

– Où étais-tu alors ?

– Vous êtes censé m’aider au lieu de m’interroger, non ?

– Tu as raison, mais il est important pour moi de comprendre dans quelles circonstances et quel état d’esprit tu étais quand ça s’est passé.

– Ça s’est passé…? J’vous ai dit que j’y étais pas !

– Oui, je comprends.

Elle renifla bruyamment. Pierre se demanda aussitôt quelle Sofia pouvait bien se cacher derrière ce côté subitement désabusé. Mais avant de tirer une conclusion hâtive sur un trouble de la personnalité,

il mit ce changement d’attitude sur le compte d’un choc post-traumatique.

– Que faisais-tu l’autre soir Sofia ?

– Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?

Sofia se tenait toujours en position assise, les bras croisés devant ses genoux. Elle scrutait le Dr. Lequesne d’un air mystérieux, une moue suave dessinait sa bouche, alors que les larmes avaient disparues.

– C’est important. Tu n’as donc pas assisté à ce qui s’est passé ?

– Non, j’vous l’ai déjà dit.

– Où étais-tu Sofia ?

Elle hésita avant d’ajouter :

– Au parc avec Kendrik.

– Qui est Kendrik ?

– Mon petit ami.

– Vous vous connaissez depuis longtemps ?

– Depuis six mois environ.

– Et comment se passe votre relation ?

– Je n’aime pas en parler.

– Oui, je comprends parfaitement. Pour en revenir à tes parents, qu’as-tu ressentie quand tu les as découverts, tu t’en souviens ?

Elle siffla entre ses dents, un masque figé par la colère dessinait ses traits :

– Ces pourritures ont bien eus ce qu’ils méritaient. J’aurais préféré qu’ils souffrent davantage avant que la mort ne vienne. Après tout ce qu’ils m’ont fait subir, leur mort a été bien trop douce.

Le visage de Sofia brûlait d’un regard intense.

– Et pour Carla, tu éprouves la même chose ?

Les larmes revinrent. Elle détourna les yeux, fuyant à nouveau le contact visuel avec le Dr. Lequesne.

– Ma pauvre sœur n’a pas méritée ce qui lui est arrivé…

Pierre considéra quelques instants la jeune fille. Il la croyait réellement sincère à cet instant. Elle n’éprouvait aucune compassion pour ses parents défunts à l’instar de sa petite sœur, pour laquelle elle avait dû éprouver de l’amour, songea Pierre.

– Peux-tu m’expliquer pourquoi tu n’éprouves aucune tristesse pour tes parents ?

Le sujet devenait délicat. Pierre se sentait avancer en terrain glissant.

Puis, à nouveau, la jeune fille ne chercha pas à cacher sa colère, et le feu qui s’embrasait plongea dans les yeux du Dr. Lequesne.

– Qu’est-ce que vous voudriez que j’vous raconte ? Que d’être ici me fait me sentir plus en sécurité que chez moi ? Savez-vous comment on se sent quand on vit avec la peur de voir la porte de sa chambre s’ouvrir toutes les nuits ? Connaissez-vous l’angoisse de ces moments où vous n’osez pas vous endormir de crainte d’être réveillée en plein milieu de la nuit… Ou encore le regard fuyant de votre salope de mère qui n’ose pas s’interposer par craintes de représailles ? Hein ? C’est ça que vous voudriez que je vous raconte ?

 

– Je comprends que cela te soit pénible…

– Non, vous ne comprenez rien ! cracha-t-elle.

Le Dr. Lequesne comprenait aisément la réaction de sa patiente, ce, pour autant qu’elle ait bien vécu ce qu’elle venait de lui jeter à la figure.

– Je n’ai effectivement jamais vécu tes souffrances, par contre, j’ai pu côtoyer beaucoup de patients qui ont été dans ton cas. Tu n’es pas seule, Sofia.

– Ne me comparez pas à vos foutues statistiques.

– Et je ne tiens pas à le faire. Je tenais simplement à te dire que je peux écouter et t’orienter sur le chemin qui te permettra de gérer au mieux ce que tu as vécu. Tout ce qui t’est arrivé n’est pas de ta faute, Sofia. Ton père était malade, ta mère vraisemblablement aussi, même si c’est la peur qui la motivait…

– Oui, ils étaient tous malades… résuma-t-elle dans un souffle.

La tournure que prenait l’entretien n’était pas pour rassurer Pierre. Il s’éloignait du sujet principal et devait admettre que Sofia, malgré son jeune âge, était déjà une personne mature, capable d’orienter la discussion. Le faisait-elle de manière délibérée, qu’il allait devoir le découvrir, autant que l’histoire qu’elle venait de lui servir. Il lui faudrait également creuser sa pathologie vers d’éventuels troubles de la personnalité et du développement personnel. A cet effet, il rédigea une note sur son bloc afin de creuser ce point plus tard.

Ignorant sa dernière phrase, le Dr. réorienta son entretien :

– Et ces scarifications sur tes bras, Sofia, peux-tu me dire d’où elles proviennent ?

– Oh ça… fit-elle de manière distante en scrutant ses avant-bras, mais se gardant de répondre.

Elle se remit à sangloter silencieusement. Lorsqu’elle parla, sa voix était prise de hoquets. Elle était redevenue une petite fille fragile, mue par une personnalité construite sur la base d’actes prétendument odieux perpétrés dans le cocon familial.

– Ce que tu as vécu a dû être très difficile, Sofia. Tu te rends compte n’est-ce pas qu’il ne s’agit pas de la réalité, les gens « normaux » n’agissent pas de cette façon, tu n’as rien à te reprocher.

– Vous pensez ce que vous dites, Doc ?

– J’en suis convaincu.

– Merci… souffla-t-elle.

Pierre en avait assez pour l’instant. Il avait déjà de la matière pour rendre compte aux enquêteurs. Ainsi, il clos l’entretien et alla pour sortir de la cellule, quand Sofia l’interpella.

– Je vous aime bien Doc, je crois que nous sommes sur la même longueur d’onde.

Son regard lui fit froid dans le dos. Il était clair, dénué de tout sentiment.

 

Une fois de retour dans son cagibi, Pierre ; encore sous l’effet du regard de Sofia, appela le numéro de l’inspecteur chargé de l’enquête dont le numéro figurait sur le dossier. On décrocha.

– Inspecteur Tiernen.

– Dr. Pierre Lequesne. Vous m’avez transmis le cas d’une jeune fille du nom de Sofia d’Angers pour le cas du meurtre de sa famille.

– Et bien Doc ?

– Ecoutez inspecteur, c’est un cas très complexe, mais selon mes premières conclusions, il semble que la jeune fille souffre de troubles de la personnalité à la suite d’abus sexuels répétés par son père, ce point reste évidemment encore à confirmer. Sa mère, une alcoolique, a préféré s’abstenir d’intervenir par peur vraisemblablement des représailles du père. Il faut comprendre que pour un enfant, se construire dans ce genre de circonstances peut sembler…

L’inspecteur lui coupa la parole :

– Votre analyse permettrait-elle de conclure qu’elle ait pu assassiner tous les membres de sa famille ?

– J’en doute fort inspecteur. Elle a subi de nombreux sévices au cours des dernières années, mais le meurtre ne fait ; à priori, pas partie de ses prérogatives. Du moins, les victimes d’abus sexuels cherchent plutôt à protéger qu’à détruire.

– A priori…? Vous m’en direz tant.

– Je vous demande pardon ?

– Ce que je crois Doc, c’est qu’elle vous a bien manipulé. Les prélèvements préliminaires ont révélés des traces de poudre sur l’index de son petit ami, Kendrik. Nous pensons qu’elle l’a manœuvré pour commettre ces abominables crimes. Elle voulait se débarrasser de ses parents totalement cinglés. Pour tout vous avouer, Doc, cette version vient de nous être servie par le jeune gamin qui la désigne, elle, comme la commanditaire. On l’a cuisiné pendant de longues heures, et il s’est finalement mis à table. Maintenant, le problème, c’est que nous n’avons pas suffisamment de preuves pour inculper Sofia d’incitation au meurtre. C’est la parole de l’un contre l’autre… Alors Doc, qu’est-ce que vous dites de ça ?

A la lumière de ce que venait de lui raconter l’inspecteur Tiernen, Pierre passa rapidement en revue son entretien, ses notes.

Avait-il omis quelque chose ? Etait-il passé à côté de quelque chose d’important ?

– Inspecteur, puis-je vous poser une question ?

– Mouais…

– Serait-il possible que Kendrik ait agi sans faire part de ses intentions à Sofia ? D’après ce que j’ai pu comprendre, ils devaient être fous amoureux. Inévitablement, Sofia s’est confiée à son petit ami. Lui, fou de rage par les histoires horribles qu’elle a vécues, n’a qu’un seul choix : décimer la famille.

Silence au bout du fil, puis Tiernen demanda :

– Et que faites-vous de la petite Carla ?

Subitement, les paroles de Sofia revinrent à la mémoire de Pierre : « …elle a dû se trouver au mauvais endroit au mauvais moment… », phrase qu’il rapporta à l’inspecteur. Tout se tenait.

– Il s’agit d’une hypothèse que je vous expose maintenant, inspecteur Tiernen. Voyez-vous les victimes d’abus sexuels cherchent à se protéger la plupart du temps, leur vie émotionnelle ; totalement éclatée, est construite sur la base des actes abominables qu’ils ont subis dans leur enfance. Si on admet que les abus commis sur Sofia aient cessés il y a deux ans, il paraît évident que le père s’en ait ensuite pris à Carla, alors âgée de huit ans. L’âge qu’avait Sofia lorsque son père a commencé à l’attoucher. Sofia, sachant sa jeune sœur sous l’emprise de son père n’aurait peut-être pas eue d’autres alternatives. Ce qu’elle voulait, c’était protéger Carla des sévices de son père, mais également la protéger de ce qu’elle pourrait devenir. Le seul choix qu’il lui restait dans ce cas aurait été de faire disparaître sa petite sœur, ce, au prix d’un immense sacrifice… Enfin, c’est une hypothèse.

– Doc, vous croyez sincèrement qu’une ado aurait pu manipuler ainsi un type équilibré, sportif, apprécié de tous que Kendrik ?

Pierre réfléchit avant d’ajouter :

– L’amour peut rendre fou vous savez. Il peut vous faire faire des choses dont vous vous seriez cru incapable. Mais où il est encore plus insidieux dans ce genre de situation, c’est pour celui qui sait le manipuler. Celui-là a un vrai pouvoir.

 

 

FIN

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