Créé le: 03.02.2024
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Mésententes

Poème en prose

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© 2024 André Birse

Pas toujours rose, nous le savons et j'ai cherché à l'écrire
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Sont-elles vivaces, fussent elles tenaces, les mésententes se rappellent à nous, définissent qui nous sommes et qui nous aurons rencontré. C’est infiniment simple et complexe plus encore. Quand surgit en nous ce moi réel et émotionnel, l’évidence des mésententes revient à la surface et nous sourit. C’était il y a longtemps, vingt, trente et plus, même impasse. Ou j’accepte ou je n’accepte pas. Tu es la même et je le suis aussi, vous êtes mille et cent et je reste seul. Quel blocage ? Bien avant le moderne consentement on trouvera l’ancienne acceptation. Rien de physique pour le coup, mais l’idée, le mot, le verbe, un raccourci, une affirmation. Je n’ai compris que très tard que ce qui se fait humble implique aussi la contestation de ce dont nous sommes certains. N’empêche pas l’affirmation, mais génère un décrochement d’avec soi, cet Alexandre le Grand qui vit en chacun de nous et retreint nos vertus de conquérant. Quelque chose qui se fige, est-ce un sentiment, une idée, le réflexe du rejet ou la réponse qu’on lui fait ? Les propos falsifiés car dithyrambiques ou ravaleurs. Je relis les procès-verbaux de toute une vie et suis content que personne ne les ait établis. La mésentente a ses visages et ses intonations parfois délicates alors que s’impose un état de conscience ou de santé qui fait que l’immédiat n’est pas meilleur que les racines de cette nostalgie qui, sans visage, aura fui. La persistance de ce que nous étions, son développement, ni fruit ni vertige, mais un tout éclaté et pâle avec des souvenirs de rives et de battements, le cœur ou les vagues, un saisissement que rien ne confirma mais qui vint s’échouer aux pieds des Danaïdes. Elles en pleurent encore. En veux-tu, en voilà, j’ai retenu ma soif. Tant de sources de désaccord à filtrer que probablement jamais je ne le ferai. Certaines se sont taries. Un renoncement tout intérieur et tacite, l’effacement d’une entière galerie fantasmatique puis un visage qui s’estompe avant de refaire une apparition. J’apprends de la densité des souffrances d’autrui. Ni plombier, ni amant, moins encore réparateur, je suis resté sur les paliers sans même que l’on eût à me fermer la porte au nez. Pas tout compris, de loin pas. Pas tant aimé non plus. Un vaste vide sans étendue qui se présente dès que je me fais animal m’exhorte à redevenir humain afin de prendre la pleine mesure de nos semblables frustrations. Quelques mots de plus, pour défier et prendre acte, rêver ailleurs et surtout ne rien valider, ni l’expérience faite ni même celle qui n’est pas à refaire. Tout ou rien, c’est le tarif constant dans le domaine de la mésentente. A l’année prochaine ou à demain. Tu auras fait ce qu’il fallait pour ne plus m’entendre et je sais n’être pas quelqu’un comme il faut quels que soient les critères. Plutôt comme il fut ou comme il fuit, voire encore comme il eût plu à Dieu qu’il en fut ainsi alors qu’il en alla autrement. Reste que l’on reste et que la mésentente guette tout ceux qui n’en sont pas fatigués.

 

Je te regarde et t’entends. Cette blessure qui toujours fut vôtre, que je ne sus deviner, les parents, les générations, l’ennemi en toi qui ne laissa à personne d’autre le soin de te parler d’amour. L’injustice des silences et la violence des mots. Pyramides ou Cathédrales, un autre gratte-ciel en Arabie, tout ici se construit mais entre vous et nous ce ne fut que gravas nés de tant d’effondrements. Je tiens la mésentente pour naturelle vu l’inanité de nos langages et les forces vives des ressentiments viagers. On n’écoute que soi et le bruit des reproches triompher. Rien vraiment n’est oublié c’est sous et non dans la peau que ça vient se loger. La discorde seule vient nous informer de ce que furent ces tentatives de surenchère dans nos vies. A l’envers des scénarii que l’on refait et aucune perspective autre pour se consoler. La demande était biaisée, la mienne que je n’osais formuler. Amour plein tube ou rien du tout. Je rendrai compte au feu d’un échec complet qui se referme sur moi. La course effrénée à la cordialité n’a pas très bien tourné. On n’en voudra à personne et l’on remplacera, c’est fait depuis un moment par l’inquiétude l’espoir qui fut mon meilleur faux ami. C’est juste l’évocation de juste une vie. Ne mange pas de pain et permet de connaître la souffrance puis un jour de s’en délivrer. Nuit proche et lointaine qui ne connaît que l’accueil et jamais la disharmonie.

 

Commentaires (1)

Starben CASE
17.03.2024

J’ai suivi le titre “Mésentente” un terme que l’on utilise plus tant. J’ai découvert une très courte description: défaut d’entente. Par contre 29 synonymes! Chacun d’eux ouvre tout un monde, je m’y attarderais un jour. Dans l’immédiat, l’un de ces synonymes est Discussion…

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