Créé le: 11.04.2023
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Maxime et Brassens

Feuillet, Musique, Nouvelle

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© 2023-2024 André Birse

Chapitre 1

1

J'ai passé un début de printemps avec Maxime Leforestier chantant Brassens. Le déclenchement des souvenirs et la recherche des mots ont fait leur oeuvre tout sauf funeste. Synthèse poétique, en trois temps, dans la suite de "Tombe la neige".
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I

 

Ce 30 mars 2023 à Annecy, Maxime chantait Brassens, en public.

 

Un spectacle au son de sa voix et par les lumières de l’actuelle technicité. A mes côtés, une dame qui me salua obligeamment et chaleureusement après le spectacle. Elle a chantonné le tout verbal et musical qui reste en elle de Brassens. Il y en avait de choquantes que Maxime fit mine d’hésiter à chanter, Elle hocha la tête quand je lui demandai si, justement, elle en restait choquée, puis sourit et repartit avec son mari.

 

Je n’avais pas besoin d’être réconcilié avec Brassens, mais Maxime n’en facilita pas moins une fois encore le rapprochement. La religion qui lui donnait pas mal de fil à retordre, le moyen âge, dont il usa brillamment du langage, l’amour qu’il voulait pour tous – manants et grisettes – en grand égoïste partageur, la mort qu’il n’osa trop assidûment convoquer de crainte qu’elle ne répondît. Et la langue dont il hérita et qu’il transmis de façon si salvatrice pour elle-même. Pour lui aussi bien sûr et nous autres. Ce que l’on doit à Brassens se compte en mots et chaque mot justement compte. J’entends son verbe sourdre de mon savoir inconscient et en tire profit au fur et à mesure que viennent les sons qu’à chaque opportunité je ressaisis et verbalise.

 

Le spectacle a débuté par Bécassine, ces quelques notes qui permettent une montée, une mise en évidence. « Un champ de blé prenait racine sous la coiffe de Bécassine », au concert on écoute aussi et plus encore la chanson. Je l’ai fait à cette occasion alors que je fredonne souvent ces notes de montée en puissance. « La-coif-e-de.. » et la suite « c’est une sorte de manant, un amoureux du tout-venant »,qui chantera, comment le dire … mieux encore qu’en citant « la chanson des blés d’or en toute saison ». Depuis le spectacle, j’ai passé un moment en privé avec les disques de Georges Brassens, me suis laissé prendre par sa voix si majestueusement modeste et j’en ai perçu un gout d’éternité. Peut-être pas l’éternité vraie qui ne prendrait pas cette forme là, mais une éternité de l’instant rappelant les premières, un mieux que ça, plus clair que jamais.

 

Je l’ai regardé sur les canaux actuels aussi, Brassens là, avec nous, un soir de février 1969 à Bobino. Il souffrait déjà, à moins de cinquante ans, cela se voit, mettait son énergie tout entière pour venir au-devant de la scène nous refaire la chanson. Nous étions tous dans la salle et le sommes encore de mémorielle et toute abstraite ou émotionnelle façon. Bécassine est aussi un nom d’oiseau et de personnage de bande dessinée, mais l’autre soir à Annecy dans la bouche de Maxime qui était organiquement jointe à l’esprit de Georges, elle était une jeune femme, irrésistible et libre, qui aimera son manant « jusqu’à l’heure du trépas si le diable s’en mêle pas ». La femme de « bonhomme ». L’amour avait une certaine force et une toute naturelle légitimité dans les chansons de Georges.

 

Maxime effeuille le répertoire de Brassens dont il aime tout. Absolument. Modeste spectateur, on le devient plus encore en l’écoutant, parmi beaucoup d’autres. La salle était pleine, j’étais loin derrière mais me revois content d’entendre celle-là et d’attendre celle-ci. « Celui qui a mal tourné» , de tout temps au chapitre premier de  mon code de procédure pénale, un bel anneau dans la chaîne du pénal. « la princesse et le croque note » dont mon voisin de gauche raffola tout en subtilité. Les « oiseaux de passage » ne sont pas passé ce soir-là et l’on a tous oublié qu’« il n’y a pas d’amour heureux » en mettant de côté le difficile quoique somptueux poème de Lamartine sur les « pensées des morts ».  Je craignais que la supplique ne fût trop pesante et ce fut le contraire qui arriva – mais ne pas oublier non plus ce que Maxime fit merveilleusement de l’« Elégie à un petit rat de cave » en nous instruisant – ce fut un délice voix, guitares lumière, qualité, souvenirs.

 

« Déférence gardée envers Paul Valéry,

Moi, l’humble troubadour, sur lui je renchéris,

Le bon maître me le pardonne »

 

Et viennent les vagues, les choses du cœur et de l’esprit, jamais loin le corps ainsi que le rappelle la voix, et vient tout Brassens sur sa plage idéale et rêvée, vécue et regrettée. Dans le « sleeping car du Paris-Méditerranée », le langage ose tout ce que permet l’imagination,  « Pin parasol de préférence ».

 

Gérard De Nerval, commence ainsi son poème « Fantaisie »

 

« Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets »

 

J’ajoute à cette liste avant de la faire mienne, et vôtre pour quelques voisins voisines, « tout Brassens » et les vers suivants, si j’avais su les composer, relateraient l’immensité de l’instant et combien Georges nous restitue la vie alors qu’il n’a pas ignoré une seconde le dramaturgie chronique des départs. Je suis de ceux qui tiennent pour acquis que le diable s’en mêle avant même l’heure du trépas et qui entendent ingénument Brassens chanter qu’au contraire, dans certains de ses vers, il s’en serait préservé.

 

II

 

Avant ce spectacle,  au cours de l’hiver, je m’étais déjà attardé en route avec Georges et Leforestier. C’est même probablement cette petite boucle sur ma route hivernale qui à Annecy, m’aura conduit à l’avant-dernier jour de mars.

 

Ne pas commencer par la référence à une émission de télévision. Trop courant, trop couru. Vu pourtant, trente minutes d’un documentaire sur Maxime Leforestier « l’enchanteur » sur la télé romande. Content de regarder la suite, mais … plus rien sur le site « pour causes de droits d’auteurs ». Ce début était intéressant et je dois avoir le reste en mémoire. Pourrais même faire une synthèse. Il est le chanteur de mes quatorze ans avec son frère, son arbre et sa barbe. Ce 33 tours qui arracha le bitume. C’était un nouveau Maxime et, étrange de ma part, je le vois encore comme tel. Un nouveau, depuis longtemps certes, mais un nouveau, qui dut se faire une place parmi les très grands. Je ne savais pas très bien d’où venaient ces paroles. Qui nous servait « serviles » dans la chanson de l’arbre. Et le frère qui manquait, que faire de ceux qui sont là ? Un travail à l’encre en classe de dessin, un procédé, creuser et plaquer. Le visage de Maxime est ressorti de mon travail scolaire, en préadolescente perdition. Ses yeux très noirs avec une puissance qui vient se perdre au-devant de nous. Cette voix appliquée, un doué, probablement, avec déjà des idées. Sa fugue, sa sœur, la rouille. Ce disque garde aujourd’hui sa force, l’on peut y puiser ses propres souvenirs et la matérialité de nos émotions langagières et musicales. Quelque chose qui sonne, faux et vrai, présentement et impatiemment, dans l’idéal sur quoi un sort vital s’acharne et fait le vide, lentement en nous qui trouvons ainsi de quoi construire un être vivant qui sera soi demain avec une certaine fougue dominante tout en privilégiant la justesse d’on ne sait tout à fait quoi. C’était ce qu’il restait à faire, c’était hier et plus encore urgent. Maxime nous le rendait bien et nous y voyions des promesses.

 

« Ami fait après ma mort

Barricades de mon corps

Et du feu de mes brindilles »

 

… comme un arbre dans la ville, chanté avec cette voix bien à lui que l’on faisait nôtre. Presque trop investi de cette voix récoltée.

 

Retrouvé le documentaire et regardé jusqu’au bout. Je n’en sais pas beaucoup plus sinon que, depuis longtemps, sa maison est blanche, qu’il a une famille des amis et que c’est un gars tout à fait comme il faut et comme en faudrait plus, « Ben ordinaire » à la Charlebois, de ce temps-là aussi (1970), encore révolté à sa façon bien que pris comme nous tous dans l’ambre de la vie. La voix de Maxime, dans Francisco, se lève et vient d’un tréfond qui existe en lui autant qu’en celle ou celui qui entend, une ombre acoustique, des espaces hippies et les fleurs de nos lendemains révolus. Un premier son, une vraie concordance, je voulais cela exactement. Oubli de la direction artistique. Envol des vibrations. C’est une communication légendaire, un plaisir de vivre ensemble, toutes violences surpassées. L’égo n’a rien à faire de ce qui n’émanerait que de lui. Psylvia, toujours pas compris. Il y a des pièges dans ce texte accueillant. Quelle serait selon toi la chanson française la plus proche de la philosophie de l’existence : « Bonhomme » dirais-je de Georges Brassens. Et, Brassens, justement, c’est le deuxième point de ma synthèse, Maxime et Georges.

 

Fin octobre 1981, je me suis trouvé dans le public de Bobino. Je savais que Brassens venait de mourir mais ignorait l’attachement de Maxime et son admiration pour Georges. Nous étions tristes. Je ne sais pas comment je me suis sèchement retrouvé là en cette soirée toute frêle, transparente et  nue dans son prestige. C’était le chanteur de la maison bleue, de l’arbre et de la rouille que j’ai dû chercher à voir en spectacle. Il était là mais ce n’était plus lui. Enfin, toujours lui probablement et même plus que jamais, mais plus celui que l’on attendait au tournant de l’instant. Nous étions à Bobino et il y avait une histoire. Maxime est venu sur scène pour présenter ses nouvelles chansons. C’était intéressant mais aucune vague de fond ne nous emportait sinon celle, plus constante et plus menue de l’instant présent auquel Maxime souriait. Dans ses premières années, il affichait une sévérité par son regard et ses yeux noir et le tout correspondait à une demande d’autres adolescents qui craignaient faire « tout de travers ». Ce texte ne m’a pas poursuivi et j’en suis content alors que la rouille me revient souvent. Il était en chaussettes rouges et il dansait un peu sur scène ce soir-là. Je le respectais énormément et priais intérieurement pour que la vie lui sourît et que sa carrière soit belle, que les gens l’aiment. Vers la fin, ce devait être vers la fin de sa représentation, après 22 heures, il a parlé de Brassens disparu, lui a rendu hommage. Le moment était saisissant et je le pressentais autant que je la savais depuis et pour longtemps. Il a pris sa guitare, pour Brassens et s’est mis à chanter « A l’eau de la claire fontaine », « elle se baignait toute nue ». La tristesse réenvahit la salle, nos torses et nos membres étaient traversés de mêmes émotions. C’était difficile pour lui. Tellement plus qu’un hommage à un ancien et fameux collègue mais bien le salut au Maître, à celui qu’il considérait alors et considère toujours comme tel. Je n’allais saisir que plus tard au cours des ans la vérité de sa connaissance de Brassens et de son savoir-faire. La qualité de ses reprises, toujours un plaisir.

 

Je viens de réécouter « ça sert à quoi » qui est une chanson à laquelle j’ai toujours été attentif, « tout ça », et que les radios diffusaient régulièrement. Un milliardième et peut-être plus, de tour galactique plus tard, un bon bout de vie humaine, la mienne, je la réécoute avec bonheur. Elle est pascalienne, héraclitéenne, maximilienne, fut bien à moi et le restera, « le monde », … un temps, « n’en sait rien ». Jazz, petit cœur et tout nouveau Maxime. Je l’ai entendue comme ça et parviens à la réentendre ainsi. Expérience faite. Il ne trompait personne et aura bien annoncé les années septante et la suite, qui fut sienne aussi. J’avais un jour de vacances, décidé de passer par la route des montagnes pour me rendre quelques jours dans le Jura avec Le Forestier en bande son, ses succès à la file. Les chansons fondatrices avec impatience pour que vienne la rouille, c’est-à-dire la chanson que j’ai parfois en tête et sur les lèvres en des moments et lieux surprenants. A l’entrée d’un procès ou à la sortie, en traversant une plaine, en vivant un instant charnière ou le souvenir de celui-ci. « Moi, je la vois comme une déchirure, une blessure qui ne guérira pas ». C’est un superbe propos post-adolescent avec une mélodie déterminée et la voix plus encore. La signification de l’absence de guérison est déclinée au futur. La blessure et là, la prophétie tout individuelle et limitée à soi l’est aussi, un pressentiment lucide et vérifiable, avec le temps, comme la rouille. Maxime était un jeune homme dépourvu de force providentielle pour autrui, comme nous le sommes tous, qui, presque par mégarde sans autre envie que de vivre avec la chanson, et peut-être d’elle, a subtilisé le parlophone de l’époque pour s’en servir du bout des doigts. C’est lui que nous entendions et que nous entendons encore. Il a chanté « La rouille » à la télévision devant un Brassens (Maxime Leforestier – La Rouille – Extrait de Pour Un Air De Guitare doc TV 1975) attentif comme et avec nous. Les voyant à nouveau, intimidé avec lui, Maxime, je ne me lasse en rien de ces mots qui n’ont pas souffert de rouillure en moi.  « dans les prisons s’il n’y restait personne », une belle parole, légère sans l’être et vraie tout autant, politique et philosophique. « La Rouille » est une chanson ancienne et lucide avant l’heure et pour longtemps, « … qui nous attend ». Là c’est Brel que Maxime ne reprendra pas et que Georges a finalement aimé. Il l’a dit au moment de sa mort en octobre 1978. Trois ans avant de partir lui aussi. Ils ont chanté la mort avec des fleurs dans l’inconnaissance naturelle de celle-ci.

 

Ce soir d’octobre 1981 à Bobino, la voix de Maxime pour les chansons de Georges, était (autant qu’il fut) plus important que je n’ai su le retenir. L’essentiel ne s’exhibe jamais. Les excitations de ma sensibilité m’empêchent d’en venir au vrai et de rester un moment avec lui quand il passe. « Feuilles de vignes ou feuilles d’oranger ». On va de l’un à l’autre, mot, chant, possible. Tout un passé se manifestait et, malgré tout, une sorte d’avenir s’inventait. L’un et l’autre se sont éloignés. Ce que l’on accuse, peu à peu c’est une distance. Il faut bien que je l’admette, la chanson est dans la nature à laquelle j’appartiens. Un réel oscillatoire, constitué et hasardeux qui chante en soi. Maxime en est, par sa voix spécifique pour lui-même et pour Brassens et les refrains qui ne nous lâchent pas. Ou, quand ils nous lâchent, c’est pour nous guetter à nouveau. Il ne fait « que passer », et j’aimais voir cet air venir trahir mes isolements. Non plus que l’on choisisse « les trottoirs de Manille », en rime avec famille qui vient après parents. Une chanson autant qu’une note perpétuelle de dossier. Une trace émotionnelle et biologique, un fait de cuture sociétale qui se développe en soi. Ne choisirait-on pas ses amis ? Parti pour faire de la chanson qualitative de texte et de contextualisation, Maxime a quitté ce monde de la chanson à texte « en le regrettant un peu », par mon intermédiaire en tous les cas puisque j’invente, et s’est ravisé, chanteur avec les autres au beau milieu du monde de la variété singulière et multipliée.

 

C’est le troisième élément de ma synthèse, la persistante variété, un « jeu sans frontières ». L’arbre, l’arbre et l’arbre. L’un planté en ville, l’autre vivant en nous – avec celui de Brassens auprès duquel il était heureux, « triste comme un saule » ou « Pin parasol de préférence », pour vivre, pleurer ou être enterré – le troisième en toutes ses variations. Son trio avec Zazie et Cabrel sur des « Jours meilleurs » m’a récemment amusé et rassuré – crise sanitaire – une vidéo perdue sur le Net, «la différence entre ancien adolescent et futur vieillard », une formule baleine qui ne sied à personne et qu’il a osé placer dans ce texte, juste, mot qui vient fort au-devant de « jours meilleurs » qu’ils reprennent en souriant. Et les mélanges se succèdent, solfège inconscient, lexicales habitudes, des airs pour vivre et penser sans avoir à le faire toujours. Automaticité des sons et du langage, la variété à laquelle Maxime s’est plus que frotté et n’eut aucun besoin de nous convertir, de se diffuser en nous sans que l’on s’y retrouve avec parfois le besoin d’aimer ou de s’y essayer avec plus de volonté.

 

Georges Brassens a chanté cela ? « D’avoir mis mon cœur à feu et à sang, pour qu’il ne puisse plus servir à personne » pour mieux dire qu’il lui pardonne. « Une jolie fleur », qui m’insupportait. Une des rares chansons de Brassens que j’écoute à reculons. Maxime et Souchon l’ont chanté ensemble (à Cheverny en 2017). Amour, ensemble, d’une piécette de maître. Seule fois peut-être, que je comprends et perçois mieux une chanson du grand Georges par l’interprétation d’un autre (deux en l’occurrence) que par sa voix chaude et profonde, mâle humainement. Tu es le pigeonnier, viennent à nous les textes et musiques à la force de leurs ailes grises.

 

Dans plusieurs interviews, si j’ai bien écouté, Maxime dit qu’il ne met pas de mots abstrait, « désespoir », dans ses chansons. Durant sa carrière, il a relevé la tête alors que rien n’est simple pour personne sur scène et en dehors. Le traité du désespoir, c’est Kirkegaard que je n’ai pas lu depuis longtemps. Je l’avais apprécié au tournant de mes vingt-cinq ans et là, un autre tournant, quarante ans, puis un autre encore, je ne pourrais en faire un résumé, ce d’autant plus que Maxime se refuse à le chanter. Que retient-on de ces chansons, par rapport aux livres que l’on oublie ? Pas grand-chose, pour ma part, que « Rien n’est acquis à l’homme » par Brassens, de Louis Aragon, « Madeleine », que l’on attend plus, de Brel par Brel, et d’autres mots comme ceux de « la rouille », qui ne sont pas de Maxime, je m’en aperçois à l’instant. L’auteur et le compositeur, sinon de nos jours, au moins des chansons qui comptent et s’incrustent en  ous un moment comme ces quelques-unes de Maxime. C’est un auteur nommé Jean-Pierre Kernoa, dont ce fut le seul chef-d’œuvre, qui travailla discrètement pour quelques autres et s’en est allé déjà, en 2018. Ces « moi je la vois » … « comme une déchirure »… « une blessure qui ne guérira pas » … « dans les prisons, s’il n’y venait personne », c’était de lui, et nous l’avons tout au long de la vie durant, intégré à la surgissante voix de Maxime.

 

Il y a d’autres acquis philosophiques, dans la connaissance même inconsciente de la chanson française. Je partirais volontiers à leur recherche. Les sons et les mots toutefois nous gagnent plus facilement que nous gagnons les pensées.

 

Genève, 11/12 avril 2023

 

Le Monde du 23 avril 2023 a publié une interview de Maxime qu’il conclut, répondant à la question du plaisir qu’il aurait encore de chanter Brassens, : « Davantage, je crois. J’en  mesure la richesse. Quand je chante mes chansons, il y a toujours un vers sur lequel je tique. Les siennes sont parfaites« .

 

La perfection fait du bien à l’âme alors que l’imperfection la consolide. Vivant avec l’une plus qu’avec l’autre au quotidien on en ressort grandi, quand bien même, « je me suis fait tout petit ». L’expérience continue avec les voix de Maxime et de Georges parmi les plus belles de celles conjuguées du silence et de la foule.

 

Lisez aussi Tombe la neige qui précède Maxime et Brassens

 

 

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