Seul au milieu de la piste, seul avec son sourire, seul son sourire comptait.

Il voulait faire rire, faire pleurer, il voulait bouleverser le public.

Entre les trapézistes volants et les tigres rugissants,

Il n’avait qu’une demi minute pour tenter sa chance.

Rayonnant, il sourit de tout son visage, il sourit à fendre le cœur, à se fendre la bouche.

D’un geste vif, il mit son chapeau : un chapeau rouge sur un rayon de lumière.

En face, le public ne rit ni ne pleure; alors il sourit de plus belle,

Il se déchira le visage de sourire, ses yeux le brûlent d’étinceler.

La trentième seconde meurt, le clown salua mais le public ne rit ni ne pleure.

L’artiste se démaquilla ; elle avait rêvé d’un tonnerre déferlant du public;

Maintenant les larmes brouillaient son regard ;

Son clown était mort.

Sous le chapiteau, les tigres rugissaient,

Mais le public ébahi était encore figé par ce chapeau rouge

Qui glissa le long d’un rayon de lumière souriant.