2023 De Webstory à Worldstory, Livre IV: Première partie

Worldstory IV de Geneviève, témoignage de notre lectrice voyageuse

Alors ! Il y a eu d’abord, la très longue parenthèse du confinement. Cloués au sol. Rien. Pendant des mois et des mois.
Et puis, heureusement tout a recommencé, d’abord doucement, ensuite de plus en plus vite, et je me suis remise, enfin, à voyager*, emportant comme les fois précédentes, le livre de Webstory, cette fois le Livre IV.
Vous vous souvenez du principe : j’emporte un tome de Webstory dans mes voyages autour du monde, je lis une histoire à chaque étape et écris ce qu’elle m’inspire en fonction de l’endroit où je me trouve, en m’interdisant toute forme de préparation ou d’anticipation. Et, au fil des milliers de kilomètres, Webstory devient Worldstory.
Alors en avant pour de nouvelles aventures et je repars avec le LIVRE V en 2023!
A bientôt !

 

LIVRE IV, PARTIE I : Quatre escales – quatre nouvelles – quatre ambiances


Première escale: SKOPJE, Capitale de la Macédoine du Nord
Ce que je lis: Adalbert Tricoptus de ©Hervé Mosquit.
1er Prix, concours 2018, thème: ANIMAL!

Le mur en face de la fenêtre de ma chambre est pelé, râpé, lézardé. Skopje est la capitale mondiale de l’architecture brutaliste, où tout n’est que béton et volumes massifs. Tout à la fois un rêve et une folie. Un monde étrange auquel il faut s’adapter pendant quelque temps… mais au fait où est la réalité ? Tu vas tranquillement enseigner ton cours de sciences naturelles et tu te retrouves pêcheur à la ligne à te désoler de la pollution ; et puis tu deviens insecte exilé pour échapper à la violence de ton environnement inexorablement aspiré vers la catastrophe. Rêve ? Réalité ? Certains immeubles de Skopje sont si bizarres et si fous dans la tenaille grise du ciel aveugle qu’une incertitude angoissante me submerge, et je ne sais plus où je suis, ni dans le temps ni dans l’espace : je ne suis pas devenue insecte – enfin, je ne crois pas – mais le rêve et la folie sont à jamais en moi comme dans l’esprit d’Adalbert Tricoptus.


Deuxième escale: BUURI, région Masaï-Mara, Kenya
Ce que je lis: Espèce Dominante de ©Nom d’une Plume! (Marie Vallaury)
2e Prix, concours 2018, thème: ANIMAL!

La bande d’herbe sèche devant la tente plonge dans l’obscurité de la savane. Un faux silence épais, l’interdiction de s’aventurer seule en dehors du périmètre faiblement éclairé par les générateurs sous peine de devenir la proie des grands prédateurs. Quelques feulements au loin, cependant, et la stridulation obsédante des criquets. Comment définir un milieu hostile ? Le vide interstellaire, où les humains survivent grâce à leur technologie et leur ingéniosité ? ou simplement, comme ici, un désert, très sec, très grand, où chaque geste demande un effort calculé, chaque déplacement doit être pensé à l’avance, chaque décision soigneusement réfléchie. Avec, toujours, en ligne de fond, la lutte pour survivre. Dans les deux cas, une minuscule erreur ou un tout petit évènement inattendu peuvent être fatals. Dans les deux cas, l’humain, d’abord insouciant, se laisse enivrer par son hubris et croît pouvoir tout dominer. Et dans les deux cas, sur la planète lointaine comme ici, ce sont les insectes qui gagnent.


Troisième escale: NANTES, France
Ce que je lis: A une contradiction près de ©André Birse
2e Prix, concours 2018, thème: ANIMAL!

C’est incroyable. Non pas d’être végétarien, ou de ne plus jamais vouloir parler de carnivores. Mais de lire à Nantes une histoire d’humains qui mangent – ou ne mangent pas – des animaux. Parce qu’à Nantes, ce qu’il y a de plus intéressant pour moi, c’est un éléphant. Il est immense, tout en fer et en bois. Il fait partie, me dit-on, d’un spectacle, ou d’une mise en scène d’une folle imagination, toute en découvertes et en surprises. L’éléphant habite dans une sorte de halle. Il en sort régulièrement : tout d’un coup, il avance une patte, balance en jet d’eau avec sa trompe, avance l’autre patte, et ça y est, il part se promener sur l’île, lentement, noblement. Des humains lilliputiens marchent à côté de lui, d’autres sont perchés sur son dos et poussent de grands cris de joie et d’excitation.  Et d’autres encore sont entrés dans son ventre par une petite porte, et ne ressortent pas. L’éléphant a-t-il mangé les hommes ?


Quatrième escale: LAS PALMAS, Gran Canaria, Espagne
Ce que je lis: La tortue qui n’avait qu’un seul cœur de ©Fanny Gurunlian
Prix du Public, concours 2018, thème: ANIMAL!

On se sépare. On se retrouve. Et cela a des conséquences pour tout le monde autour de nous. Chacun mène sa vie comme s’il était seul, sans trop se soucier des autres, en faisant « avec ». Les autres n’ont qu’à suivre. Mais ici, sur l’île de Gran Canaria, on est au milieu de l’Atlantique. L’île a relativement peu de ressources. Si, demain, les avions ne pouvaient plus atterrir ni les bateaux accoster, nous ne tiendrions pas très longtemps. Nous devrions nous entre-aider, plus que cela même, nous devrions nous regarder les uns les autres, nous comprendre, nous soutenir. Toute relation est aussi une main tendue, un partage, un élan commun. Si seulement, nous aussi, nous n’avions qu’un seul cœur !

De Webstory à Worldstory, deuxième partie du voyage: Buenos Aires (Argentine), Oxford (Royaume-Uni), Thirunavanthapuram (Inde), Marseille (France) et Rukatunturi (Finlande)