Lecture audio par Mouche pour Webstory

Plaisir de la gourmandise coquine... (à ne pas mettre entre toutes les mains !)
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Lettre (très) ouverte à ma fille

Ma chérie,

 

Tu vas bientôt quitter l’âge des friandises sucrées et découvrir celles de l’amour : je vais donc t’en parler dans un langage que tu connais.

Je suis persuadée que tu as déjà trouvé comment allumer ton roudoudou…

Alors commençons par le Carambar, qui coûtait 5 centimes à mon époque.

Quel plaisir de lécher, suçoter, mignoter ce bâton dur, carré, qui peu à peu s’allonge, devient lisse, malléable, chaque sucée t’offrant son plein de saveur…

Et bien vois-tu, pour moi, le Carambar, c’est l’amour solide du couple, une véritable alliance fondée sur l’attention à l’autre ; le temps passé ensemble rend souples, généreux, à la fois autonomes et ductiles.

Mais avant de l’atteindre, tu passeras sûrement par de nombreux Malabar : grosse boule de gomme qui occupe toute la bouche, mais dont le goût s’estompe, te fatigue rapidement.

Tu prends, tu mâches, tu en tires le jus – et tu jettes.

Ne t’attache pas à eux ; et si c’est l’autre qui te plaque, n’en fais pas un drame : ils sont sans importance, si ce n’est pour apprendre l’art, la manière – et le plaisir ! – de la sucette à l’anis.

 

Lettre (très) ouverte à ma fille – 2

Tu découvriras peut-être aussi d’autres friandises, pralines ou babas au rhum, oui tu descendras sûrement à la crèmerie avec une femme tendre et belle… J’avoue n’avoir pas grande expérience en ce domaine, mais n’hésite pas si l’occasion se présente : tous les amours, tous les plaisirs sont bons à prendre.

 

Mais surtout, ma chérie, je te souhaite d’atteindre le bonheur suprême : le Tiki !

Si le Carambar est sucre caramélisé et le Malabar plaisir chimique de courte durée, le Tiki est – comment dire ? – du sucre en bulles, rugissant sous la langue, provoquant tes papilles, envahissant lèvres langue et palais jusqu’à l’explosion.

Un Tiki, c’est un amant, un amour qui te surprend encore et encore, éveillant tes sens – tous ! – alertes et affamés. De surprises en bons mots, explorant sans vergogne la langue de Boudard et de San-Antonio, ta journée sera ponctuée de messages tentateurs, d’échanges sagaces, salaces, d’autant plus porteurs qu’ils seront fugitifs.

Et quand enfin tu le retrouveras, il t’allongera le berlingot, tu saisiras son sucre d’orge, léchotteras ses marrons glacés pour lui offrir un After eight, vous ferez monter la Chantilly et il trempera enfin son biscuit dans ton merveilleux millefeuille, savourant, savoureux… véritable festin au palais des délices ! Ah, l’amour Tiki !

Ses bulles malicieuses t’attireront toujours…

 

Lettre (très) ouverte à ma fille – 3

Mais bon, il faut bien le dire : le Tiki, c’est épuisant, ça vous nique les dents, et surtout, son principal charme venant de l’interdit, il s’estompe… plus ou moins vite.

 

Crois-moi, ma chérie, malgré son côté collant et la routine de sa saveur, pour la vie quotidienne rien ne vaut un Carambar.

 

D’ici là, et toujours, je te souhaite beaucoup de plaisir !

 

Maman

Commentaires (4)

Starben CASE
07.08.2023

Chère Mouche, un style toujours en finesse et un message droit au but. Tu es unique!

Mouche
11.08.2023

Merci Starben Case :) Je suis heureuse que cela te plaise !

Mouche
29.03.2020

'Bonsoir Naëlle Je suis touchée par votre commentaire et je vous en remercie. En ce qui me concerne, la littérature libertine (j'aime bien ce terme) est l'une des nombreuses formes que j'explore dans mes écrits - l'une de mes préférées, je le concède volontiers. Quand j'écris une histoire, les personnages s'emparent un peu de moi et - si je suis en forme - il leur arrive des aventures joyeuses, qui leur font le plus grand bien sans faire de mal à personne. Je connais bien moi aussi le poids du patriarcat (fille de genevois calvinistes, au secours !) mais j'ai choisi de poser ce lourd sac au bord du chemin... je ne peux que vous encourager à faire de même ! Amicalement, Mouche'

Naëlle Markham
28.03.2020

'Bonsoir, En général, je ne lis pas trop la littérature .... je ne sais même pas quel nom lui donner ... libertine? érotique ? mais je me rends compte, après avoir lu plusieurs opus de vous, qu'en fait je l'apprécie bien quand, comme la vôtre, elle me fait sourire et et réveiller une certaine nostalgie de ce qui fut .. ou ne fut pas ... Je me dis que j'ai été trop sage dans ma vie par peur de ce monde-là et des écrits comme les vôtres me font mesurer que l'amour et le plaisir peuvent être joyeux, mutins, emplis d'une légèreté bienfaisante, loin de toute idée d'opprobre qu'une société patriarcale m'a imposée (c'est mal, c'est sale, et tutti quanti). '

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