Portrait de webwriter Daniel Bovigny

2 novembre 2019 – Salon des Petits Editeurs, Chêne-Bougeries

Au hasard, j’utilise le jour cadeau reçu en 2016, année bissextile, pour me consacrer à ce portrait. Avec La seconde-chance, vous entrez en quatre petites pages dans un cocktail d’ingrédients de son cru : l’humour, l’absurde – mais pas tant que ça – et la poésie, trois éléments essentiels solidement entremêlés. Si vous avez raté votre chance de vivre ce jour supplémentaire en 2016, il vous reste encore quelques secondes, toutes aussi précieuses, à rattraper. Sinon… anticipez pour 2020.
Daniel, lui, anticipe les années bissextiles. En 2015, il participe pour la première fois au concours Webstory et gagne le Prix du Public avec Hêtre ou ne pas hêtre… qui sera publié dans la Livre II en… 2016. S’inspirant de l’ image du concours sur laquelle figure le reflet d’un arbre dans un miroir, il nous enchante avec un héros mystérieux qui se dévoile peu à peu dans un florilège de mots. L’histoire commence à la manière d’une bande-dessinée, et se termine en tragédie. A lire aux chandelles en regardant les ombres chuchoter dans le vent.

Osons une hypothèse: les héros de Daniel Bovigny ne sont pas des personnages, mais des allégories. Ils représentent une idée, une métaphore. Ils sont utilisés pour faire passer un message déguisé avec tact. Il dit lui-même: Dans chaque personnage, il y a une part de nous, un petit bout de notre âme.

En quelques pages rapides, Amour aéroporté décrit toute la beauté d’un amour impossible, dans une lettre délivrée par un avion qui n’arrive pas à destination. On retrouve cette urgence du temps, la nécessité d’écrire, de laisser une trace, même en utilisant les quelques secondes qui font tout basculer, vers le bonheur ou le malheur ou les deux. La frontière entre ces deux pôles est fluide… une qualité qui coule dans l’écriture de Daniel.

L’amour, le sujet revient même où il surprend, comme dans Professeur Tournedisque, un professeur atteint de la maladie d’… Altersheim qui «désoublie» les siens tout en déclamant une «délyrique» à sa femme qu’il imagine absente alors qu’elle se trouve à ses côtés.

Daniel Bovigny fait surgir le «Testamour» du couple dans les situations les plus insolites: Bonsoir, chéri! un cadre burlesque pour pièger le mari infidèle lors du Carnaval. Une histoire désaprouvée par quelques citoyens honnêtes et intègres, les bien pensants qui agissent autrement. Comme dans la chanson de George Brassens, La mauvaise réputation ou Les Bourgeois de Jacques Brel, Daniel illustre l’hypocrisie sociale avec humour. Il cultive l’irrévérance et la désobéissance en sortant des carcans d’une pirouette tendre. Un véritable lutin des mots, farceur, mais jamais méchant.

Irrévérencieux, il l’est à son maximum dans Un ours blanc, ça Trump énormément lorsque les Inuits accueillent un certain président venu proposer le rachat de leurs terres. N’est-ce ce pas ironique de placer Donald dans un paysage tout blanc et virginal, qui révèle tous les points noirs comme des lettres sur une page blanche ?Lorsque je lui demande s’il saurait écrire une fable, il s’amuse avec Le Loubard et La Gnôle,

Le Connard et le Renaud d’une moralité toute personnelle. Consultez son dictionnaire Les GROS MOTS, qui n’est pas un dictionnaire, mais une suite de paroles comme des pensées qui s’échappent.

Il nous reste une seconde pour revenir au monde réel : qui est Daniel Bovigny ?

Un enseignant à la retraite qui vit en Gruyère et qui a passé sa jeunesse dans une ville de 850 ans d’histoire. Il garde intact sa passion de montrer aux enfants les ressources de l’imaginaire. Il joue avec les mots en français comme un alémanique (il est né à Zürich) ou inversément, en arborant un humour gothique. Il aime surprendre le lecteur dans les brumes d’un Lac qui l’a inspiré pour son livre: Crime-Double en Gruyères, un polar contemporain apprécié par tous. Il n’y a pas d’âge pour aimer les textes de Daniel Bovigny, car il garde sa révolte d’adolescent tout en fréquentant le monde des adultes.

Lisez ses textes plusieurs fois pour faire remonter à la surface toutes les subtilités, les mots inventés, les maux vécus, les farces de ce webwriter-écrivain. Il pêche un à un, les souvenirs et les rêves dans le lac gelé (Les yeux noisettes) de son enfance pour nous les restituer avec une magie pleine d’émotion.

Péchez avec lui sans hésiter!

2015 Prix du public du concours Webstory, Hêtre ou ne pas hêtre (Livre II Ed. Webstory).
2022 Daniel Bovigny reçoit le Prix Vanil Noir du polar terroirs pour Bain de sang chaud (Ed. Montsalvens, 2023).