Créé le: 02.07.2020
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Vague à l’âme
Vivre l'instant
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Deux trois mots sous ma plume
Des impressions de femmes
Rien d'autre que l'écume
De quelques vagues à l'âme...
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VIVRE L’ INSTANT
Surtout ne pas penser
Ni à demain, ni au passé
Vivre l’instant
Comme si c’était le premier
Comme si c’était le dernier
Vivre l’instant seulement
Et puis recommencer
Inlassablement
D’instant en instant
Surtout ne pas penser
Ne pas se retourner
Ligoter les souvenirs
Pour ne pas souffrir
Tenir son cœur en laisse
Pour qu’il marche au pas
Lui mettre une muselière
Afin qu’il ne crie pas
Lui poser des œillères
Pour qu’il ne s’égare pas
Et puis avancer
Sans rien dire
Sans rien voir
Sans espoir
Sans penser
Avancer seulement
Inlassablement
D’instant en instant
Eviter de croire
Faire taire les projets
Ignorer les « si« …
Si… ils se présentent
N’avoir pour seule éventualité
Que « peut-être »
Et encore
Peut-être pas…
Surtout ne pas penser
Ne pas se retourner
Avancer simplement
S’accrocher à l’instant
Comme si c’était le premier
Comme si c’était le dernier
Vivre en raccourci
Vivre… jusqu’à l’oubli
Fantôme
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Fantôme
J’ai peur de ce fantôme
qui porte nom de femme
Et dont l’essence embaume
Encore un peu ton âme
Profond comme un soupir
Léger comme un frisson
Plus fort qu’un souvenir
Il hante ta raison
Sous les cendres apparentes
La braise couve encore
Ne dis pas que j’invente
Ne dis pas que j’ai tord
Je vois bien que parfois
Pour un mot, pour un geste
Qu’elle savait mieux que moi
Soudain tu me détestes
J’ai peur de m’enliser
Dans quelques illusions
S’il me venait l’idée
De t’aimer pour de bon
Tu joues l’indifférence
Mais tu ne pense qu’à elle
Chacun de tes silences
Toujours me la rappelle
A travers mon regard
Tu cherches sa présence
Des fois que le hasard
Ait mis des ressemblances…
J’ai peur de ce fantôme
Qui porte nom de femme
Et dont l’essence embaume
Encore un peu ton âme…
La complainte de Pierrot
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La complainte de Pierrot
Si mes lèvres savaient rendre plus beaux les mots
Comme le faisait, pour Roxane, Cyrano
Je réinventerais l’amour juste pour elle
Si j’avais le talent des poètes immortels
Je mettrais mes espoirs en quelqu’ alexandrins
Et si j’avais les teintes vivantes d’Arlequin
J’enchanterais, c’est sûr, le cœur de Colombine.
Hélas je n’ai rien qu’un masque de farine,
Un costume bien trop grand qui fait sourire en coin
Tous ceux qui, au grand jour, me croisent en chemin.
Je n’ai ni le talent, ni l’allure, ni les mots
Qui enchantent et séduisent, je ne suis qu’un Pierrot…
Qu’un Pierrot, rien de plus, pourtant je suis plus riche
Que les princes et les rois malgré mon air godiche.
Ma fortune est immense, mais je ne crains pour elle
Ni voleurs, ni brigands : qu’ils prennent mon escarcelle !
Il n’y trouveront guère de pistoles ou d’écus
Dedans, depuis longtemps, l’argent ne s’y plaît plus.
Ce n’est pas à l’abri que sommeille ma fortune
Mais au cœur de la nuit sous un rayon de lune…
Posée en équilibre entre soir et matin
Elle est là, scintillante, dans le plus bel écrin
Faite de météores, d’étoiles et de comètes
Je n’ai pour la compter qu’à relever la tête.
Et moi Pierrot je rêve que du ciel je décroche
Une étoile, la plus belle, et la mets dans ma poche,
Illuminant ainsi mon habit tout entier
Elle semble le tisser d’un fil d’éternité.
Ce fragment de lumière enfouit dans mon costume
Efface de mon cœur chagrin et amertume
Heureux comme un enfant insouciant et rêveur
Je tiens entre mes doigts l’ébauche d’un bonheur
Qui saura enchanter le cœur de Colombine.
Mais en chemin la nuit tout doucement décline
Et l’étoile que j’avais retenue prisonnière
S’éteint avec le jour ne laissant que poussière…
Envol
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Tu ris, je pleure
Tu dors, je danse…
Qui sait de quelles couleurs
Seront les joies de notre enfance…
Lorsque nous seront si loin d’elle
Lorsque nos ailes, si belles,
Aux jours de nos « avant »
Abîmées par le temps
Jamais plus ne voleront
Qu’au cœur de nos souvenirs
Jamais plus ne battront
Qu’au rythme de nos soupirs ?
Je ris, tu pleures
Je dors, tu danses…
Dis-moi de quelles couleurs
Seront les joies de notre enfance…
Lorsque les sons, si purs
Ne nous atteindront plus
Lorsque les fruits, trop mûrs
Ne nous raviront plus
Au bout du « conte » lorsque le temps
Aura entériné
D’une griffe les sillons de nos ans
Et de nos champs fanés ?
Tu pars, j’ai peur
Je pleure, tu ris…
Sais-tu de quelle couleur
Sera ton infini ?
Rien ne t’atteindra plus
Lorsque j’aurai vieilli
Le temps n’a pas voulu
T’accorder de sursis…
Tu minimises, tu me rassures
De paroles essentielles
Ta flamme s’éteint, je me fissure
Loin de moi déjà tu t’encielles
Tu voles, j’ai peur
Je vis, tu meurs…
Commentaires (3)
Naëlle Markham
02.07.2020
Bonsoir et bravo Chantal pour ces textes superbes, Mon vécu fait que je craque plutôt pour "Vivre l'instant", j'assume. Il y a comme cela des résonances entre les êtres, entre les mots, entre les silences, qui vous laissent entrapercevoir à quel point chaque être humain est à la fois unique et universel tant dans sa joie que dans sa douleur. Un lecteur ou l'autre, en lisant ce poème, y verra peut-être du pessimisme. L'indécrottable optimiste que je suis y voit la vie, et sa force qui ne rend jamais les armes. On appelle ça la résilience ... Loin, très loin de l'abattement et de l'abandon.
Alice Leloup
02.07.2020
Quant à moi, ce sont surtout Fantôme et Vivre l'instant qui m'ont touchée. Tristement beau, à faire revenir nos propres fantômes. Merci pour ces vers.
Ghislaine BROCARD GONIN
14.06.2020
Trois beaux poèmes, merci Chantal ... j'ai cepedant un petit faible pour " La complainte de Pierrot " pleine de romantisme et de sensibilité ...
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