Créé le: 17.04.2020
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Une lettre
Une lettre
Ranger, trier, jeter, c’était ce que j’avais décidé de faire lorsque, d’un livre en piteux état, une feuille volante s’échappa, virevolta et fini sa course sous le buffet. A plat ventre, le bras glissé jusqu’à l’épaule sous le meuble, mes doigts frôlaient le papier sans pouvoir l’attraper… J’abandonnai puis l’oubliai. Hier je l’ai retrouvée…
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Une lettre
Suivant ton conseil, j’ai entrepris de faire le ménage… dans ma tête ! Armée d’un chiffon imaginaire et d’un balai (peut-être magique… sait-on jamais !) j’ai attaqué les grands nettoyages. J’avoue qu’il était temps : les pièces de mon appartement intérieur se révélèrent encombrées de mille choses dont la plupart n’avait pas – ou plus – raison d’être. Aussi ai-je fait le tri. Ça n’a pas une mince affaire !
Tu sais, lorsque l’on vit tant d’années avec un cœur trop sensible et qui plus est, ne ferme pas à clé, on laisse entrer – sans même s’en apercevoir parfois – une foule de choses inutiles qui, petit à petit, encombrent l’univers intérieur et assombrissent les idées. On ne devrait pas, évidemment, laisser sa porte ouverte à tout venant, mais quand on est un peu naïve comme je le suis (… de temps en temps encore !) on ne se méfie pas. On croit volontiers que “tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil” aussi, dans ces conditions, on laisse entrer chez soi un peu n’importe qui… Toute sorte de gens : des paumés, des éclopés, des profiteurs, des beaux parleurs et bien d’autres encore. On ne s’aperçoit de leurs travers, voire même de leurs laideurs, que lorsqu’ils sont installés…
Alors , bien sûr, tenter de les déloger ne se fait pas sans laisser de traces… Longtemps après leur passage on retrouve encore par-ci, par-là, leurs empruntes qui, hélas, souvent sont tenaces. Le temps, malgré ce que l’on dit, n’efface pas toujours tout. Il nous apprend seulement à nous méfier de tout. Comme c’est dommage… Oui, comme c’est dommage, parce qu’on ne sait plus voir les choses avec les mêmes yeux quand on se met à les regarder avec méfiance.
Bref ! Il était décidément grand temps de réagir car cette manière de voir devenait insidieusement la mienne et, franchement, elle ne me correspond pas. Non vraiment, pas du tout ! Quand on commence à mesurer son enthousiasme, à calculer ses réactions, à museler ses rêves c’est signe que l’essentiel est sur le point de nous échapper. Si l’on n’y prend pas garde on risque de s’apercevoir un matin que cet essentiel s’est réellement éclipsé au profit d’une indéracinable méfiance et de son cortège de doutes, de soupçons, de peurs…
Cela me serait-il arrivé ?
Peut-être… peut-être pas ; je ne le saurai jamais puisque, entre temps, tu m’as ouvert une porte qui m’offre une perspective que je ne crois pas connaître encore… Une perspective qui m’attire et que tout mon être se réjouit de découvrir avec toi.
Oh, à propos de découverte, j’en ai faite une en mettant de l’ordre dans mes affaires : une petite phrase. Elle s’était égarée entre les pages d’un livre depuis des années ; en déplaçant le livre elle en a profité pour s’envoler. J’ai oublié qui en était l’auteur mais voilà ce qu’elle disait : “Même ce qui paraît trop beau peut être vrai. Même ce qui paraît trop improbable peut durer. Même ce qui paraît trop merveilleux peut se réaliser”. Je ne pensais pas qu’un jour cette petite phrase flirterait avec ma réalité, et pourtant il semblerait que ce soit le cas !
Avant de refermer ma lettre il me reste quelque chose à ajouter, oh juste quelques indices sur celle que je suis réellement ! C’est vrai, tu ne sais presque rien de moi si ce n’est ces deux traits de caractère qui me singularisent : le côté “rivière” fait d’eau fraîche, claire et gouleyante et le côté “volcan” imprévisible et fulgurant. Tantôt l’une et tantôt l’autre je suis, mais entre ces deux extrêmes il y a des prairies, des bois, des chemins, des villes, des terres inexplorées, des déserts aussi, peut-être… Il y a tant de place pour celui qui viendra.
Est-ce toi ?
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