Son motif ne m'était pas inconnu, une réminiscence ancienne qui remontait du fond de ma mémoire.
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Le tatouage est apparu pendant que je prenais un verre avec mes copines. La bière aidant, je commençais à avoir trop chaud dans ma chemise de laine, et j’ai roulé mes manches jusqu’aux coudes. C’est là que je l’ai vu, sur mon avant-bras gauche. S’il y a bien une chose dont je suis sûre – même après plusieurs bières – c’est que je ne me suis jamais fait tatouer de ma vie. J’ai horreur de ça, pour tout un tas de raisons qui n’appartiennent qu’à moi. Le petit côté « rébellion adolescente » me semble puéril et bien peu réfléchi – tu vas l’assumer comment, ton dragon dans le dos, quand tu auras passé l’âge de la révolte ? De plus, les phénomènes de mode, j’essaie d’éviter, jamais eu envie de faire partie du troupeau de moutons. Ajoutez à cela que je suis douillette, et que les piqures, sans parler de l’encre sous la peau, très peu pour moi.

J’ai vite redescendu mes manches sur cette horreur incrustée dans ma chair, et je me suis creusé la cervelle pour trouver une explication. Une folie lors d’un soir de beuverie ? Je n’ai jamais été beurrée au point d’en perdre la mémoire. Une blague de mes potes, peut-être. Un rapide coup d’œil autour de moi, mais elles ne semblaient pas me surveiller, elles continuaient de papoter et de rigoler sans s’apercevoir de mon trouble. Et j’étais certaine que cette chose n’était pas là quand je me suis douchée et habillée pour sortir.

J’ai soulevé discrètement ma manche pour observer le tatouage. Il n’était pas récent, cela se voyait à son aspect légèrement délavé. Il était enroulé autour de mon bras, telle une bête monstrueuse autour de sa proie. J’ai frissonné. Les sons et les images s’estompaient, comme si je me trouvais dans un autre espace-temps. Mon regard a plongé au cœur du tatouage. Son motif ne m’était pas inconnu, une réminiscence ancienne qui remontait du fond de ma mémoire.