Créé le: 27.02.2015
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Tant qu’à faire

Humour

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© 2015-2024 Thierry Villon

Comment Dubrignol passe son temps à faire des "jeux de mots" douteux et dialogue avec son Chef des plus sérieux.
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Tant qu’à faire, à rester dans ma chambre, autant que cela serve !

Que cela serve à qui ? Là est la question ? Le genre humain ? La littérature avec un grand L ? Ou bien alors ma grand-mère (paix à ses cendres !) Ou peut-être finalement au grand méchant loup ? Celui-là même qui a bouffé la petite fille en rouge ? Oui, celui-là même ! Et la petite fille en rouge s’appelait le petit chaperon rouge, tu devrais le savoir.

– H mmm !

– Quelque chose que tu ne comprends pas, crème d’imbécile ?

– Pourquoi dit-on : Le petit chaperon rouge, alors qu’il s’agit d’Une petite fille, tu le sais toi, chef ?

Le susnommé eut de la peine à ne pas se foutre en rogne, à se fâcher, à se mettre en colère, c’est selon ! Suivant que vous avez choisi l’une ou l’autre de ces 3 expressions, vous allez devoir lire cet écrit de manière différente. Je m’explique :

A) si vous avez choisi “se foutre en rogne”, veuillez sauter le chapitre 2 et vous rendre immédiatement au chapitre 3.

B) si vous avez opté pour “se fâcher”, rendez-vous au chapitre 2

C) si par contre, vous avez préféré “se mettre en colère”, allez directement à la fin du livre, soit à l’épilogue, ce qui sera mieux pour tout le monde.

Ces petites différences étant maintenant établies, je vous propose de prendre place dans cette histoire, comme vous le feriez de votre avatar préféré, dans lequel vous évoluez, à peine sorti de votre place de travail habituelle. Je me trompe ? Non, bien sûr, vous faites partie de cette catégorie

de gens qui ne se supportent pas eux-mêmes, prennent pour mieux fuir la situation les rôles les plus divers, allant de la soubrette d’opérette au grand héros invincible de l’Antiquité, voire pire, du Moyen-Age…. Je vous ai bien devinés, tiens donc ! Est-ce que par hasard vous me preniez pour un naïf, tout prêt à gober vos plus insignifiantes onomatopées ? Que nenni, que non point, que pouic, niet, no, nada, nein, non, enfin, en quelle langue faut-il donc vous l’expliquer ? Donc, je vous ai bien devinés : sous votre apparente humilité se cache un orgueil démesuré, sous votre larmoyante compassion se dissimule la plus totale hypocrisie, et enfin, sous votre prétendue intelligence serpente une ignorance crasse, doublée d’une inculture abjecte et stipendieuse …

– Mais chef, tout de même, abjecte, d’accord, mais là…. stipendieuse ….

– Ah ! Parce que tu sais ce que signifie ce mot, pauvre enfant perdu sans collier ?

– Bien sûr que je le sais, ma pauvre mère (paix à son âme) me l’a répété depuis ma naissance jusqu’à ce que les oeuvres sociales de St-Vincent-de-Paul me prennent en pitié et fasse des pieds et des mains pour m’arracher à celle qui eut le glorieux privilège de me mettre à pied d’oeuvre sur cette terre de misère !

– Bon, alors, minute de vérité, que veut donc dire stipendieux ?

– C’est simple, non ? Pas de quoi en faire des mystère ou des questions d’examen ! Cela montre simplement que la personne en question se voit en Dieu, se prend pour Dieu, si vous voulez !

– ??????

– Ce type en Dieu, point final, pas besoin de me jouer le carré de l’hypotension, ni celui de l’as, car l’as c’est moi, ça t’en bouche un coin, pas vrai, chef ?

– Effectivement, c’est plus grave que je me l’imaginais, beaucoup plus grave.

Bon, le chef en question reste coi pour un moment, ce qui me permet de reprendre le cours de mon histoire, à ne pas confondre avec un cours d’histoire, ni avec une cour d’histoire. Oui, parce qu’il y a la Cour de Justice et la Cour d’Histoire, celle-là même dans laquelle se jouent les destins des grands hommes, des rois, des reines, des chevaliers à la table ovale, et des présidents dans le bureau rond. Pardon, les 2 derniers sont croisés, non pas Croisés pour partir en croisade, mais croisés pour intervertis. Il s’agit en effet comme chacun l’aura compris des chevaliers de la table ronde et des présidents (américains) dans le bureau ovale de la Maison Blanche: Je peux m’imaginer que ladite maison blanche doit avoir une forme ovale également, pour pouvoir abriter des bureaux de cette forme. Sinon, cela risquerait de faire beaucoup de place perdue, avec des recoins pas meublables, mais par contre, on pourrait y aménager quelque cachette à l’abri des regards indiscrets, parce qu’avec toutes ces caméras, cela ne doit pas être facile d’avoir un peu d’intimité dans cet univers impitoyable de la politique. On a bien vu où cela a mené finalement …

– Et où donc, glorieux philosophe ?

– A des milliers d’heures de franche folie de la part d’un peuple si empreint d’humanité comme sont réputés les Américains !

– ??? Expliques-moi donc cela !

– Oui, et bien, vous avez entendu parler de l’affaire Lewis et Ski ?

– Je croyais que Lewis fabriquait des jeans et non des skis !

– Tout juste, vous ne vous trompez pas !

– Mais alors pourquoi Lewis et Ski ?

– Il ne comprend rien, lui, la Monica, elle a bien fumé un cigare dans ce foutu bureau, oui ou non. Vous en avez entendu parler, oui ou merde ?

– Bon, d’accord, et alors qu’en déduit ton cerveau génial que rien n’égale sur cette planète ?

– Simplement ceci : s’ils avaient eu l’intelligence de ne pas interdire de fumer dans toute cette maison blanche, mais au contraire, réservé les fameux espaces perdus pour en faire des fumoirs, nous aurions pu vivre bien tranquilles tout l’été, aller à la pêche, travailler, emmener nos gosses à l’école, au lieu de rester collés à nos écrans de télévision pour voir défiler tous les hypocrites de l’Amérique devant la caméra, et s’offusquer de l’histoire. Et que va dire Hillary ? Et que va dire la First Lady ? Et que va dire le Parti Démocrate ? Et que va dire le pape ? Et l’épicier du coin ? Et la Cour de Justice ? Et la Cour de l’Histoire ? Celle qui a visionné les images du scandale, à huis clos, disent-ils …. Mais qu’ont-ils dit finalement ? Que rien ne se serait passé si cet insigne président n’avait pas eu la bougeotte et la main leste ou que sais-je encore, tout ce qu’ont pu inventer les médias, sur cette malheureuse histoire de cigare fumé dans le bureau, et dans le bureau ovale, qui plus est… Le saint des saints, là où se sont décidées les guerres, les assassinats d’innocents Indiens, de tout aussi innocents Américains coupables d’habiter trop prêt de Rosswell, ou des fabriques de bombes A, ou H ou à neutrons ou à fragmentation, dans cet endroit mythique et sacré, Monsieur, on ne fume pas

même pas le cigare….

– Je suis consterné, une telle érudition, une telle analyse de la situation politique, cette brillante démonstration, tout l’ensemble me sidère au plus haut point !

– Alors, chef, soufflé, pas vrai ?

– Effectivement, je ne m’attendais pas à une aussi lourde surprise….

– Tu es vraiment sincère, n’est-ce pas ?

– Si, si, je t’assure, je ne m’attendais pas à ça !

– A la bonne heure…. Tant qu’à faire, au lieu de continuer ce travail idiot qui ne sert à rien, et qui n’est même pas bien payé, autant déconner, parler dans le vide, pour ne rien dire, pour aligner des mots sur des pages et s’en retirer tout content !….

Là-dessus, sur ces entrefaites, dirait le commissaire Maigret, Jean Martial Dumoulin, dit Dubrignol, rajusta sa casquette d’éboueur sur son crâne boueux et, signe d’une totale compréhension de la nature humaine, tendit sa main encore recouverte d’un gant douteux et insalubre, en murmurant suave :

– Les grands esprits finissent toujours par se rencontrer, dussent-ils faire plusieurs fois le tour du pâté de maisons pour y parvenir !

Bluffé, Jules Marchand, dit le Chef, ne put que saisir ce sceptre de caoutchouc, qui avait dû être verdâtre en son temps, pour ne pas rater la rencontre du siècle avec, circonstance aggravante s’il l’avait manquée, son sous-fifre de Dubrignol, enfant de la DDASS, pupille de la nation, orphelin de père en fils, demeuré au demeurant et non content de cela, mais en plus possédant un égo au-dessus de la moyenne, à moins que ce ne soit au-dessus du clocher du village.

Pour en finir avec cette aventure, prière de vous reporter suivant le même schéma que précédemment (les catégories A, B ou C), soit dans l’ordre :

– à l’adresse de l’éditeur,

– au sommaire du présent ouvrage,

– à la page 64 (oui, il faut revenir en arrière, c’est bien cela !), deuxième tiers. Pas le provisionnel, mais celui de la page. Oui, parce que si la page contient trois tiers, il est possible à une personne normalement dotée d’intelligence mathématique, de se rendre au deuxième tiers, après avoir sauté le premier tiers. Compris, vous suivez ? Bien.

Dubrignol conduisait aussi prudemment que le lui permettait l’état de décrépitude avancé de son véhicule. N’eut-il pas fait partie des employés communaux, qu’il eusse dû sans délai le revendre pour être exporté dans un pays tiers, ou tout au moins l’abandonner dans une décharge ! Non pas une décharge d’adrénaline, mais je parle bien d’une décharge publique, un endroit dans lequel tout un chacun peut, s’il l’estime nécessaire, jeter tout ce dont il désire se débarrasser…

Dubrignol, disais-je, essayait de maintenir son engin dans la trajectoire logique, soit celle de la chaussée, quand il fut soudainement et pour une raison inconnue, pris d’une forte envie d’uriner ! Bon, déjà que cela n’est pas très reluisant comme texte, si en plus, vous versez dans la scatologie…

– Eh ! Mec, tu n’insultes pas ma religion !

– Mais ….

– Tu le sais bien que chez moi, on est scatolique de génération en génération et aux siècles des siècles, amen ? Tu le sais ? Oui, bon, alors tu retires ce mot grossier, surtout quand il s’agit d’un éboueur boueux qui va pisser au bord d’une improbable route de campagne !

– Ouai, ouai, je ne te savais pas si susceptible !

– On ne badine pas avec ces choses dans ma famille, un point c’est tout !

– Je n’avais jamais remarqué que tu pratiquais ! À part les baptêmes et les enterrements …

– Là, tu vas trop loin : d’abord, en un, cela ne te regarde pas, si je vais à l’église ou non, ensuite en deux, j’ai un curé dans ma famille, nous avons toujours eu un curé depuis le douzième siècle, sans interruption, mes aïeux ont servi notre Mère l’Église, Une, Sainte et catastrophique…

– Celle-là, je ne te la fais pas dire, catastrophique, c’est bien le mot….

– Tu pinailles sur des expressions traditionnelles, tu ergotes sur des concepts auxquels tu n’entends rien de rien, mais cesse donc de parler, gros ignare !

– …..

– Tu ne réponds pas ?

– …..

– Tu fais la gueule ?

– …..

– Tu cesses le combat ?

– ….

– Tu te déculottes devant la bataille ?

– ….

– Tu n’as même plus l’honneur de répondre au déshonneur qui s’avance en force et te barre définitivement le chemin de la gloire ?

– Tu l’as dit, c’est exactement cela, j’ai perdu tout honneur, je m’excuse, je m’accuse, comme disait Paul Bocuse, l’erreur m’use, l’erreur fut ma muse, je me prosterne devant ta spiritualité débordante et je reprends mon histoire là où j’avais laissé Dubrignol soulager sa vessie brutalement sollicitée par la nature environnante, d’autant qu’il n’avait pas plu depuis plusieurs semaines et que la luzerne avait une fâcheuse tendance à jaunir, brunir, séchant pitoyablement, tirant des larmes aux quelques rares touristes qui osaient encore s’aventurer par là, ne serait-ce que pour faire pipi.

Nous y revoilà. Dubrignol longe le petit ruisseau, porte attention aux fleurs sauvages qui jonchent le sol, les pétales exsangues et desséchés, les feuilles déjà retournées à l’humus naturel et combien sauvage de la nature provençale. Durant cette marche attentive, il a déboutonné la braguette de son pantalon de velours réglementaire, orange selon le règlement actuellement en vigueur.

Je sais que ce n’est peut-être pas le moment de parler de cela maintenant, que cela pourrait sembler inapproprié, puisque Dubrignol se déboutonne, puisqu’il ne va pas tarder à mettre l’air l’instrument dont la nature l’a doté pour divers usages, puisqu’il s’agissait quelques lignes plus haut de vigueur, je dirais que le pauvre avait un de ces cigares, un vrai barreau de chaise ! Il s’approche donc de la rive, espère tout de même dans son état parvenir, à soulager son trop-plein. Il l’a en mains, il est prêt, il se concentre, il sent que cela vient, le soulagement à venir lui fait déjà du bien …quant tout à coup, un cri tonitruant :

– Dubrignol ! Espèce de gros dégueulasse, tu vas rentrer cet engin et plus vite que cela !

Le curé du village est en effet assis sur la rive d’en face, son bréviaire à la main, il contemple celui qui ne fut jamais son ouaille, la trique dressée au vent, prêt à augmenter le volume de la rivière.

– Ah! Ces curetons, toujours là quand il ne le faut pas …. Toujours en train de reluquer les pauvres êtres humains dans la détresse. A propos de détresse, si je ne trouve pas un coin tranquille, je vais mouiller mon pantalon comme un gosse à la maternelle.

A cet instant, il a comme un éclair de génie, il se retourne, sans prendre le temps de rengainer, et, enfin, arrose le pré, tandis que le curé continue de hurler contre ces cochons qui n’ont même pas la pudeur de faire dans leurs toilettes ces besoins dictés par la nature.

Soulagé Dubrignol, s’en va sans demander l’absolution !

Commentaires (1)

Asphodèle
22.11.2016

Je trouve votre texte ébouriffant ! ça m'a un peu fait penser, d'une certaine façon, aux trois frères des Inconnus, quand ils testent les "pilules spéciales". A des moments on a l'impression d'avoir fumé un truc louche, puis tout à coup on raccroche les wagons pour repartir ensuite dans un délire. Mais malgré tout, ça se laisse lire sans problème, c'est bien écrit. C'est même plutôt drôle.

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