Créé le: 17.09.2019
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Statues

Poésie

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© 2019-2025 a André Birse

Pour faire simple avec le tout et le rien
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L’orgueil du statufiant

 

Charlie Chaplin ne fait pas de clin d’œil à Freddy Mercury qui semble laisser Gandhi indifférent. Tous les trois ont leurs statues dans la région au bout du lac. Marqueurs de leur histoire en nous. Mouvance du souvenir qui se noie. Défiance de la déification du vivant qui ne se meurt plus. C’est fait, le bronze éternalise l’immobilité qui ne dit rien de l’imprévisibilité de ses avenirs.

 

A qui parlent les statues?

 

Pas à elles-mêmes, ni à ceux qu’à nos yeux elles représentent. Le toucher aussi suprême évidence de l’absence qui se profile ou, profilée, l’aura depuis longtemps été. Si nous sommes, c’est bien que plus jamais nous n’aurons pas été et que de tout temps l’attente de l’être …, pour faire simple.

 

A l’inverse, rien n’est vrai. Regarde qui ne te voit pas sachant qu’il était à ta place et que tu n’y seras pas. Pulsion de statufié . Pour faire simple alors que ça ne l’est pas. Avoir sa statue n’est pas proprement exprimé . On ne peut avoir sans être. Silence des non-dits. Apparition d’un tout en soi disparu. L’orgueil du statufiant.

 

De quoi parlent les statues?

 

Content d’avoir pu lui dire ceci ou cela avant qu’il parte. Une preuve de quoi? Sursaut, pas à pas, d’un battement d’aile. Œil et bec de corbeau. Surtout pas une statue. Le vivant émotionnel en moi. Des élans qu’il a générés des néants que nous avons craints ou devinés, à jamais invérifiables.

 

Tu as été.

 

Tout ce qu’on ignore n’est pas la mort. Tout ce que l’on sait n’est pas la vie. L’une et l’autre indéfinies.

 

Je te sais ne pas me voir creuser et je n’emploierai plus ce mot. La scène finale au cinéma ne dit pas tout du rien qui suit et dont émane une âme vive qui ne cesse de s’éteindre.

 

Perdu mes clefs, mes sous, mes espoirs jusqu’à mes désillusions. J’irai faire un tour entre tombes et statues et m’inquièterai de la brillance du soleil pour un mois de septembre. Dans un coin de nos têtes, préexistence d’un ineffable redevenir secret, mixité cryptée, mots en déroute. Seigneur des automnes pluvieux en embuscade.

 

Genève, le 17 septembre 2019

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