Marcher, courir, respirer. Se connaître, disparaître en soi confortablement. Vivre.
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Je marche. Cette chanson me hante, depuis des mois. J’en suis tombé amoureux accidentellement en regardant un épisode de la série « Pose ». Je connaissais d’autres titres de cette chanteuse mais, celui-là, me transporte ailleurs. Tout m’envoûte. La musique, les paroles, même les silences.

Matin ensoleillé, je marche. Le casque vissé sur les oreilles distillant ma playlist favorite : « Sensuel ». Un air que j’adore de Mich Gerber vient de finir et j’ai le cœur au bord de mes oreilles. La voilà. Premiers accords et mes poumons s’emplissent d’un soupire de bonheur à l’état pur. Je souris. Je m’en fous des gens. Je souris. Je suis si bien.

« It doesn’t hurt me, do you want to feel how it feels ?.. »

 

Je marche et je regarde les autres. Ceux qui marchent devant moi, à côté de moi, ceux qui viennent de face et me croisent. C’est drôle, ils ont l’air d’errer. Moi aussi, mais je suis si bien. C’est une errance en profondeur. Une errance dans laquelle je ne me sens nullement perdu. Au contraire, je me suis enfin trouvé. Je sais qui je suis exactement. Je sais ce que je désire et surtout, ce que je ne désire plus. Je suis plus vivant que jamais je ne l’ai été auparavant. Putain que c’est bon !

Je chante à voix muette. Les paroles ensorcèlent mes lèvres. « And if I only could, I’d make a deal with God… ». J’ai l’impression de flotter, deux frissons me parcourent le cours à quelques secondes d’intervalle. Un peu comme les réminiscences d’une extrême jouissance. Les poils se dressent sur ma peau et le coton de mon t-shirt se fait plus présent sur mes tétons endurcis. Ces frissons m’ont traversé de part en part. Bon Dieu de chanson !

 Je marche. Comme le sexe doit être grandiose là-dessus. La chair, les courbes, les rondeurs, la peau. Une exploration constante et osée de l’autre, sans précipitation, avec pour seul but l’extase des sens, la grâce de l’instant. La vue de cet état d’abandon, le toucher d’un corps s’enflammant, l’ouïe de soupirs saccadés, l’odorat de parfums enivré et le goût d’un salin exquis et malicieux. Aucune peur, aucun tabou, sans complexe. Juste deux corps emportés par la frénésie du sexe… « Come on baby, come on darling, let me steal this moment from you now. Come on angel, come on, come on darling, let’s exchange the experience, oh. »

 

Je marche et soudain je pense à elle. Pourquoi maintenant ? Je n’en sais rien. Pourquoi elle ? Je ne le sais pas non plus. Peut-être parce que je me dis qu’elle est enfin prête et épanouie, qu’elle est drôle et belle, sans vergogne et libre. Libre maintenant de tout tenter, de tout oser. Sans freins, sans honte, sans culpabilité. La revanche sur un rendez-vous d’une nuit au goût d’inachevé. Envie qu’elle peigne sur mon corps, envie d’écrire sur le sien. Envie d’elle tout simplement.

Cette envie, je la garde précieusement jusqu’au jour où, qui sait. Je ne brusque rien. Je suis patient, c’est encore meilleur dans l’attente. C’est encore meilleur de ne pas en être certain. Peut-être partage-t-elle mon envie ? Peut-être que cela en restera là. Elle est souveraine dans ce choix et galant, je cours et m’efface.

« Be running up that hill… with no problems. »