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Réversible

La Terre et ses habitants ne semblent pas au meilleur de leur forme en cette année 2020. Le dérèglement climatique, les atteintes à la biodiversité, les crises sanitaires et socio-économiques mettent la planète à rude épreuve. Pour s'en sortir, il faudrait mieux profiter des jours en plus.
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Prologue

 

Incrédule, assise au bord du lit, Eve était en train de perdre les eaux.

–       Mais c’est beaucoup trop tôt, s’exclama-t-elle à voix haute en secouant son mari qui    se   retourna en maugréant. Au fait, Bob, quel jour sommes nous ?
–       En effet, c’est trop tôt, la nuit est encore noire. Quant à la date, je te rappelle qu’elle figure sur le réveil qui se trouve de ton côté, sauf erreur de ma part, Et je ne comprends pas pourquoi…

 

Emergeant de son sommeil, Bob Rever s’interrompit en réalisant soudain que quelque chose ne tournait pas rond. La veille encore, le couple évaluait la probabilité que leur premier enfant naisse le prochain 29 février, en concordance exacte avec leurs deux anniversaires. Tout avait été planifié dans cette perspective. Bob était astrophysicien, Eve géologue. Ils pensaient avoir minimisé  les hasards de la date d’accouchement.

–       Quand même, pour une hydrogéologue, perdre les eaux un mois trop tôt, ce n’est pas une performance très flatteuse, reprit Bob pour détendre l’atmosphère.
–       C’est vrai, mais si tu traînes les pieds avant de m’emmener à la maternité à une vitesse supersonique, il risque d’y avoir pire qu’une erreur d’estimation.

 

Durant le trajet, ils remarquèrent tous deux que la date inscrite sur le tableau de bord de la voiture formait un joli palindrome, lisible indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche:

                                               02022020

 

Tout comme leur prénoms Bob et Eve, ainsi que leur nom Rever. Voilà qui compensait leur déception initiale. Ils trouvèrent aussitôt les prénoms du bébé : Anna si c’était une fille, Natan pour un garçon.

 

Deux heures plus tard, ils étaient fixés : les jumeaux Anna ET Natan n’avaient  pu attendre le 29 et s’étaient bousculés au portillon. Des difficultés respiratoires affectèrent les quatre premières semaines des nouveaux nés, mis à l’isolement jusqu’à la disparition des risques de complication.

 

Le hasard joua un dernier tour aux parents réconfortés. La crise des hôpitaux publics, en manque chronique de moyens et de personnels, atteignait son paroxysme. Le service administratif, affaibli et débordé, négligea l’inscription des jumeaux à l’état civil ; quand l’erreur fut découverte, Bob et Eve Rever acceptèrent  d’adopter pour date de naissance de leurs rejetons celle du jour de la découverte de l’oubli. Finalement, les prématurés rejoignaient la normalité et confirmaient la prévision des parents qui, comme tout scientifique qui se respecte, n’aimaient guère se tromper.

 

Et c’est pourquoi la famille fêta conjointement quatre anniversaires le 29 février 2020,  et décida  de renouveler la célébration à chaque année bissextile.

 

 

En même temps, sur Mars

 

Dans le centre spatial Kepler 1609, sous la voûte transparente de la grande coupole Galilée focalisant tous les regards vers la Planète Bleue, le Conseil suprême  Martien célébrait la 100ième Journée de la Terre. Inaugurée en 1612, cette manifestation quadriennale se tenait précisément le 29 février des années bissextiles du calendrier grégorien. Non que sur Mars cette date et le calendrier terrestre eussent une signification pratique : si les durées du jour solaire étaient à peu près comparables, l’année martienne était presque double de celle de la Terre et l’origine des temps ne pouvait se comparer. Les habitants de la Planète Rouge avaient  toutefois une motivation essentielle pour lier la Terre à leur avenir. Ils ne pouvaient espérer réaliser un jour leur rêve mythique de Grande Migration sans le concours des Terriens.
 
La Journée du centenaire commença par un rappel historique du Président.
 
En l’an terrestre 1609, les Martiens avaient pris conscience qu’ils n’étaient pas les seuls organismes vivants dans la Galaxie et que des astronomes terriens les observaient. Au début il s’agissait d’un ressenti plutôt que d’une certitude : ils éprouvaient de la curiosité et une certaine admiration doublée d’empathie pour les Terriens, en particulier les européens Kepler et Galilée. Quand ils  comprirent que Johannes Kepler avait déterminé les trois lois du mouvement des planètes et calculé l’orbite de Mars, ils décidèrent de créer un comité de suivi de la Terre et de choisir le jour caractéristique des années bissextiles pour présenter une synthèse de leurs observations, accompagnée d’un rapport quadriennal. Ils appréciaient la subtilité de cette correction temporelle pour s’adapter à la durée réelle de l’orbite terrestre. Les deux savants qu’ils voulaient honorer furent dès lors associés aux pères fondateurs  du  mythe de la Grande Migration.
 
La Planète Bleue accompagnait les envies d’évasion des habitants de Mars depuis la nuit des temps. Elle frappait par sa beauté ces grands rêveurs dont les conditions d’existence étaient plus qu’inconfortables. Ils imaginaient que cette Terre, plus grande que leur planète, plus proche du Soleil et plus diversifiée offrait bien des avantages. Ils enviaient les températures clémentes que dénotait la présence d’eaux libres en abondance, la densité d’une atmosphère extérieure qui devait être respirable tout en protégeant la surface contre les tempêtes de poussières et le rayonnement cosmique, les ressources forestières et végétales.  Pour qui doit subsister dans des froids extrêmes, lutter contre des tourbillons de poussières d’une violence implacable, respirer un air ténu formé essentiellement de dioxyde de carbone et récupérer  de l’eau qui n’existe plus que sous forme de glace polaire souterraine ou de vapeur diffuse et instable en altitude, il y aurait de quoi sombrer dans la mélancolie si on ne s’accrochait pas à un espoir de changement radical et définitif.
 
De nature affable et pacifique, dépourvus de sentiments violents ou dominateurs, les Martiens rêvaient les Terriens à leur image. Séduits par les signes d’intelligence  qu’ils avaient décelés chez les premiers astronomes, ils se mirent à observer le comportement des populations terrestres. Les guerres incessantes, les luttes de pouvoir, les brutalités de groupes d’envahisseurs pour conquérir et asservir d’autres territoires se succédèrent pendant les siècles qui suivirent. Le génie inventif des terriens, bien supérieur à celui des Martiens en matière de technologie, s’avérait plus destructeur que civilisateur. Il allait à l’encontre des espérances des résidents de la Planète Rouge, dont les illusions s’estompaient progressivement.

 

Un nouvel espoir se fit jour en 1969. Les Terriens envoyèrent trois hommes dans l’espace pour poser le pied sur la Lune, un geste conquérant qui envoyait un message clair. Longtemps célébré par des écrivains et des cinéastes de l’âge d’or de la science-fiction, le temps des vols interplanétaires n’était plus si lointain et l’arrivée de vaisseaux sur Mars était prévisible. La mission Curiosity de la Nasa renforça la conviction des Martiens qui virent débarquer un astromobile robotisé en 2012. Le rover américain, piloté depuis la Californie, entreprit une exploration géologique et climatique en parcourant  plus de 20 kilomètres  en 8 ans.

 

Sur Terre, les rivalités des Etats et leurs arrières pensées hégémoniques n’étaient évidemment pas étrangères aux efforts consentis. Profitant d’une fenêtre de tir favorable en été 2020, trois projets, arabe, chinois et américain, prévoyaient de nouvelles missions vers Mars, pour y déposer divers engins de reconnaissance et surtout pour ramener sur terre des échantillons récoltés  sur place pouvant contenir les traces d’une vie passée ou présente. Les scientifiques Terriens en rêvaient depuis 50 ans.
 
La mission d’exploration la plus ambitieuse, planifiée par la Nasa sur une dizaine d’années avec la collaboration de l’Agence spatiale Européenne, se nommait  Mars Sample Return. Les Martiens ne se souciaient guère des risques que ce programme pourrait faire courir à leur environnement, ils sauraient y remédier. Ce qu’ils attendaient, c’était la phase de retour de la mission, avec pour eux la possibilité d’un accompagnement clandestin.
 
Après ce tour d’horizon, le Président du Conseil aborda la partie du constat de la situation en 2020.
 
Une fois de plus les Terriens se comportaient en enfants gâtés, égoïstes et irresponsables. Leurs querelles permanentes provoquaient un début de catastrophe climatique et une perte inéluctable de la biodiversité, dont de nombreux chercheurs et citoyens ne cessaient d’alerter les responsables politiques. Les actes correctifs ne suivaient pas les promesses des dirigeants. Les conditions sanitaires, économiques et sociales se dégradaient sur tous les continents. Cette folie autodestructrice déplaisait aux Martiens. Leur nature profonde les gardait de toute velléité interventionniste, conformément à la constitution martienne établie depuis des millénaires par leurs Anciens. Mais là, c’en était trop, ils ne pouvaient pas renoncer à leur rêve de Grande Migration, qui n’avait jamais paru si proche de se réaliser. La Planète Bleue était en perdition, il fallait agir. Se sachant incapables d’une intervention directe, ils devaient imaginer  une méthode détournée pour influencer un très petit groupe de Terriens intelligents, compétents et capables d’infléchir petit à petit le comportement de leurs semblables.
 
La distance de 56 millions de kilomètres entre les deux planètes au plus proche de leurs orbites ne permettait pas un contact télépathique malgré la compétence martienne en ce domaine, mais en cas d’urgence, les membres du Conseil pouvaient concentrer leur énergie sur un ressenti des ambiances émotionnelles des Terriens. En ce moment précis, ils découvraient un pessimisme général, doublé d’une angoisse diffuse, qui se répandait comme une pandémie. Sauf sur un endroit précis, où un bonheur extrême émanait d’un couple de scientifiques fêtant un anniversaire bissextile avec leurs jumeaux nouveaux nés.
 
Aucun doute n’était permis : la combinaison des compétences des parents, des facultés télépathiques souvent constatées chez les jumeaux et de la date du 29 février désignait cette famille comme providentielle aux yeux des Martiens, pour leur servi de relais d’intervention. Sans oublier, ajouta le Président, le caractère palindromique de leurs prénoms et nom de famille, vous voyez à quoi je pense…

 
Personne dans l’assistance ne comprit le sens cette dernière remarque, qui n’amena pourtant aucune question. Sur Mars comme ailleurs dans la Galaxie, on avait le respect de la hiérarchie ou, à défaut, la peur du ridicule.

 

 

Lendemains d’anniversaire

 

La vie de la famille Rever n’allait pas suivre le cours d’un long fleuve tranquille. Les congés parentaux furent bien vite oubliés, dans le tourbillon du retour à domicile.

 

Eve reçut tout d’abord une offre d’emploi qui allait bouleverser ses activités professionnelles. L’ESA cherchait une directrice scientifique pour le projet  Retour d’échantillons martiens, suite à une défaillance imprévue du responsable en charge, son ancien directeur de thèse. Ses compétences en géologie, hydrochimie et exobiologie lui assurèrent le poste.

 

Bob ne demeura pas en reste. Quelques jours plus tard c’est la Nasa qui prit contact pour lui proposer de reprendre la coordination de l’ensemble  du même projet et la direction du volet astrophysique et technologique. Le coordinateur actuel venait de démissionner pour raison de santé. La nécessité d’une collaboration efficace entre les partenaires américains et européens était exigée. Un programme planétaire devenait en quelque sorte une affaire de famille.

–       C’est à croire que quelqu’un nous observe avec bienveillance depuis la Planète Rouge, remarqua Bob.
–       Ne dis pas de bêtises et attendons le prochain 29 février pour voir si nous ne rêvons pas, rétorqua Eve, j’ai eu comme un pressentiment la semaine dernière. Commence donc par changer les couches d’Anna pendant que je m’occupe de celles de Natan.
–       Je suppose que la collaboration est à ce prix, conclut Bob en se pinçant le bout du nez.

 

Survinrent le Covid-19 et la période du confinement. Le télétravail et les vidéo-conférences étaient aussi naturels qu’encouragés entre les partenaires scientifiques des deux agences spatiales. Les nouveaux responsables signèrent leur contrat et n’eurent pas à se déplacer le 30  juillet lors du lancement du rover Perseverance  depuis Cap Canaveral pour un vol de 7 mois vers le sol ocre et désertique du cratère  martien Jezero.

 

Et le temps passa.

 

Au petit matin du 29 février 2024, la famille Rever tenait une conférence de presse sur l’esplanade enneigée du Centre spatial européen. L’heure choisie et ce lieu balayé par un vent glacial avaient provoqué de nombreux désistements parmi les journalistes concernés, d’autant plus qu’on ne trouvait nulle mention d’un cocktail dinatoire sur le carton d’invitation. Comme le releva Eve Rever dans son introduction :

–       Si vous voulez vous immerger dans un contexte martien réaliste, ne vous attendez pas à des conditions confortables ni à des festivités prématurées. Voilà trois ans que le nouveau rover s’est posé sur la Planète Rouge ; depuis il n’a pas cessé de se déplacer et de récolter des échantillons de roches qui sont stockés dans un dépôt hautement sécurisé. Perseverance mérite bien son nom et continue son périple et ses forages sous ma direction. Nous attendons avec impatience la phase de retour sur terre pour pouvoir enfin rechercher les signes d’une vie microbienne passée ou existante. Rendez-vous dans quatre ans.
–       Votre robot n’est pas seul sur Mars, qu’en est-il de ses concurrents ? interrogea un journaliste de la presse cancanière.
–       Vous feriez mieux de vous adresser aux responsables des autres programmes répondit Bob Rever. Tout ce que nous avons pu constater, c’est que la sonde des Emirats tourne autour de Mars depuis de nombreux mois comme les pèlerins du Hajj autour de la Kaaba. Quant aux Chinois, leur rover s’est malheureusement retourné à l’atterrissage et depuis il n’a guère progressé, à la manière des hannetons s’épuisant à gigoter pattes en l’air.
–       Papa, si tu nous envoyais sur Mars, intervint soudainement sa fille Anna? Les jouets chinois, on les connaît bien, ils ne fonctionnent jamais longtemps et Natan les répare lui même très souvent !
–       Oui, et bien ce n’est pas demain la veille, mais on y pensera quand vous aurez un peu grandi. Laissez votre père terminer ses explications scientifiques sur les projets en cours et allons construire un igloo d’anniversaire, conclut Eve pour éviter un incident diplomatique.

 

 

Quatre ans plus tard

 

Quatre ans plus tard, les dirigeants Martiens fêtaient joyeusement leur 102ème Journée de la Terre.
 –       Cette fois nous y sommes presque, déclara le Président. Après cinq ans de travaux, Perseverance a placé une trentaine d’échantillons dans un conteneur hermétique. Un vaisseau de la Nasa a déposé en 2026 un astromobile  fabriqué par l’ESA qui a récupéré le conteneur et l’a scellé dans une mini-fusée. Celle-ci a pu  décoller pour rejoindre en orbite martienne un vaisseau de l’ESA. En ce 29 février 2028, le module qui emporte nos échantillons de sédiments est en route vers la Terre. L’atterrissage est prévu dans trois ans dans un désert de l’Utah.
–       Et nous alors dans tout ça ? demandèrent les journalistes martiens invités.
–       Nous ? reprit le Président. Je dirai simplement que nous faisons partie du voyage, cachés dans les protections du conteneur. Pour l’instant les Terriens l’ignorent encore. Mais notre famille d’accueil est bien en place : Bob Rever est à la manœuvre de l’opération spatiale, il dirigera l’atterrissage et la saisie du conteneur. Eve Rever est responsable du laboratoire de très haute sécurité biologique où les échantillons seront placés en régime de quarantaine puis analysés par spectrométrie et d’autres techniques ioniques. Elle sera notre premier contact télépathique direct, un moment historique.
–       Qu’en est-il de leurs enfants ? Ces deux petits diables ne risquent ils pas d’interférer dans notre programme ?
–       Au contraire, ils joueront un rôle essentiel dans nos interventions. Pour l’instant, Natan a décidé de devenir astronaute et Anna paraît suivre les traces de Greta Thunberg dont elle partage le militantisme contre le dérèglement climatique et l’inaction des responsables politiques. Nous n’aurons qu’à encourager leur vocation.

 

 
L’heure de vérité

 

La période des 64 années comprise ente 2028 et 2092 a été trop souvent décrite et analysée dans les médias de la Terre pour qu’il soit nécessaire d’y revenir dans le détail. Il suffit de rappeler qu’à chaque année bissextile, un progrès marquant dans  la lutte contre les changements climatiques fut salué dans les rapports quadriennaux du GIEC. Un souffle écologique nouveau s’était levé, sous l’impulsion d’Anna Rever et d’incitations télépathiques martiennes. Pour les avancées des recherches placées sous l’égide de l’Agence Spatiale Internationale, on se référera aux célèbres Natan’s reports publiés dans la revue Science.

 

Les premiers vaisseaux habités se posèrent sur Mars durant l’été 2091. La famille Rever se vit accorder le privilège du débarquement inaugural. Les parents Bob et Eve n’auraient normalement pas obtenus l’autorisation du vol à cause de leur grand âge, mais personne n’avait songé à les en priver. Ils avaient évité les tests médicaux préalables et leurs enfants et petits enfants occupaient les fonctions essentielles de la mission à laquelle leur vie avait été consacrée.

 

En cours de voyage, Anna Rever avait insisté pour que l’environnement de la Planète rouge soit débarrassé des nombreux débris que les missions robotisées antérieures avaient semés un peu partout. Son frère Natan pilotait une sorte de fusée-capture ; une équipe de jeunes mécaniciens triaient ces déchets et fabriquaient en un rien de temps des véhicules de chantier d’une robustesse à toute épreuve. Ils ne les baptisaient pas rovers mais Peugeot 403 en hommage à leurs grands parents africains, rois de la débrouille et de la récupération.

 

Durant les mois qui suivirent, les pionniers édifièrent un camp de base semi enterré avec des dômes pressurisés pour l’accueil des futurs immigrants.

 

Le jour de leurs anniversaires, les Rever furent reçus dans le Centre spatial Képler 1609 par le Conseil suprême Martien. A leur entrée, la grande coupole Galilée s’illumina  toute entière et au dessus de la vision de la Planète Bleue de petites étoiles formèrent le chiffre magique qui n’apparaitrait qu’un fois et une seule dans toute l’histoire du calendrier grégorien, passée et à venir :

 

                                               29022092

 

–       Pour nous autres Martiens, le temps de la Grande Migration est arrivé ! La coïncidence d’une journée bissextile et d’une date palindrome était indispensable pour que nous puissions vous offrir une digne contrepartie à notre envol vers la Terre dans vos vaisseaux spatiaux. En ce jour unique, vous pouvez inverser le sens de vos vies. Il ne tient qu’à vous de commencer à rajeunir et revenir dans votre passé.  Mais c’est maintenant qu’il faut choisir, précisa  le Président.

–       Eh bien, c’est tout décidé, déclara Eve. Bob et moi avons épuisé notre soif d’aventures et de découvertes, mais pas notre amour de la vie. Nous faisons marche arrière, n’est-ce pas Bob ?
–       Ce n’est pas après toutes ces années de vie commune que je vais tenter de te contredire confirma son mari.
–       Nous aussi, nous rentrons sur Terre, poursuivit Anna. Nos parents auraient de la peine à trouver seuls le chemin du retour et nous sommes curieux  de voir comment vous les Martiens allez vous y prendre pour éviter les comportements désastreux dont les conquérants ont fait preuve tout au long de l’histoire de l’humanité.
–       Et puis, conclut Natan, pour nous qui n’avons cessé de construire l’avenir, toujours pressés, sans cesse A la recherche du temps perdu que nous n’aurions pas dû égarer, c’est le moment de la Grande Inversion. Voilà les Rever à l’aube du Temps retrouvé. Une destinée proustienne à l’envers, en quelque sorte.

 

Commentaires (2)

Frank Desco
20.08.2020

Merci Marie, venant de toi, cela me fait trop plaisir !

Marie Vallaury
20.08.2020

J'adore cette histoire ! L'idée est géniale et magnifiquement retranscrite.

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