Quelques pas - Liberté du regard - Etat des fors intérieurs - Prestement - Adverbe manquant - Les arbres étaient nus - Soir tombé - Douce liqueur - Choses dites ou vues - Tous feux éteints - Aube pleine -Pour commencer - Qui -Une altération - A vrai taire - A taire vrai
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Quelques pas
Quelques pas plus rapides avant minuit. Deux coins de rue.
Les lumières secrètes animent le silence de la pluie.
Les regards hors-champ des gens chez eux disparus.
Une brève répétition d’un moment de vérité perdu dans l’avenir d’autrui.
Je sacralise cet instant qui me fuit.
2 mars 2015 peu après minuit
Autre point du jour, de lumière grise et de vent discret.
Solde d’hiver. Moment de mars.
Aucune peine à deviner quelques perspectives endiablées.
Le soleil se veut apaisant.
Il faut le croire sur l’instant.
2 mars 2015 peu après midi
Liberté du regard
Quelques pas encore sur ces quais fameux et surprenants
Dans le vent frais et bleu, lacustre et vivifiant
Longeant le ciel étale vers les montagnes
Blancheurs au loin dans une prochaine saison
Imprévisibilité du caractère éternel des choses
Et sécularité des souvenirs par d’autres vécus
Ce qui se veut massif et ce qui demeure incertain
J’avais un projet, une inspiration,
Un peu plus loin, sur le même chemin
J’étais absorbé et le devins entièrement
Par la force extrême de l’horizon
Dans sa variété et son étrange signification
Ces instants disent tout et ne révèlent rien
Souvenir d’une balade cette semaine au bord du lac à Vevey (7 mars 2015)
Etat des fors intérieurs
J’ai revu mes amis
Tous ne sont pas cassés
Mais aucun n’est intact
Chez tout absolument
Tout individu
Se prélasse une blessure
Dans toute absolument
Toute relation
Subsiste une confrontation
Douce ou violente
Au gré du meilleur
Et de ses dissemblances
20 mars 2015
Prestement
Je traverse la fraîcheur vivifiante des rues et pas à pas reviens
à moi, la vitalité en suspens.
Nous aurons retourné une à une nos pierres tombées et levé
tant de lièvres enfuis ou rattrapés.
Mais le lièvre c’est soi.
Aussi preste le geste ou la pensée, toujours échappée la réalité
devant soi.
4 avril 2015
Adverbe manquant
heureusement,
concrètement,
obstinément,
naturellement,
innocemment,
furtivement,
sauvagement,
âprement,
méchamment,
naïvement,
prestement.
Note en ajout au poème de tout à l’heure.
Pour l’un des verbes, quel qu’il soit.
5 avril 2015
Les arbres étaient nus
Regard saisi plus que transi
Les arbres étaient nus
Le ciel propice
La danse de l’attente
L’élan pris sur l’instant
Je suis resté mobile
Dans cette nature battue
Par les vents clairs et froids
De son renouvellement
6 avril 2015
Soir tombé
La lumière s’en va faire un tour
Le soir se sépare de ses gris
Une fraîcheur étrangère
S’attarde en ville – on se croise
Sans se regarder – les terrasses
Attendent les souvenirs – chacun
Sait que chacun ne sait pas
Tout en un – rien que d’y penser
Une femme attend le bus
Assise, dans le soir
Son enfant pleure
Leurs silhouettes crient
Quelque chose d’indicible
Facticité de la lumière
Le silence veille rageusement
La foule enluminée
Nourrit ses impatiences
Dans l’indifférence naturelle
Des ombres enchevêtrées
Ce soir, 19 avril 2015
Douce liqueur
La table est défaite, le gâteau partagé. Quelqu’un est parti, soudainement, en s’étonnant du réel intérêt de la vie. Atmosphère préservée, sourire de l’enfant. Tranquillité du chien. Un verre de douce liqueur. Brisure et liquidité de toutes les humeurs et de ce qu’il reste des vains étonnements.
20 avril 2015
Choses dites ou vues
Être seul devant sa fenêtre et songer
C’est un moment perdu
C’est un moment puissant
La pluie revenue ne laisse à personne
L’espace de la rue, l’empiétement
Des choses dites et des choses vues
Le regard et l’esprit
Laissent parler l’indolence qui les tient
25 mars 2015
Tous feux éteints
Tous feux éteints
Accepter le questionnement
Tous feux éteints
L’homme et la femme, soi
Tous feux éteints
Persistance
Tous feux éteints
De l’amour déçu
Tous feux éteints
Et cette réalité
Tous feux éteints
Qui dessus me tombe
Le quotidien recommencement
Des espoirs lunaires
Et de leurs incertains prolongements
(Qui semblent n’aller pas de soi)
Ce 17 mai 2015
Aube pleine
Vigile de votre absence,
je demeure dans l’attente.
Témoin de ma cause,
j’en mesure le silence.
En quoi l’évitement,
à qui le refus.
Le nom qui se perd,
le mot que l’on cherche.
L’aube pleine soupire,
elle te revient.
Porter le regard
à sa hauteur.
31 mai et 1er juin 2015
Pour commencer
Saisir au passage le hasard des mots et leur proposer un refuge.
Ne rien contraindre en eux avec l’insistance qui sied à leur volatilité.
Concéder l’aveux, vaine et vaniteuse avanie, à hauteur d’épaule.
Docilité des rebelles, enchantement des vaincus.
Quelques uns, quelques autres, autour de nous.
Se rendre la pareille et transgresser le principe de la fête.
Odieux péril de la certitude, dans le sens de la marche.
Pour aller vers l’avant, nous aurons pris le dernier train.
1er juin 2015
Qui
N’importe où
Une musique aléatoire,
Très réelle
Sur l’instant
N’importe quand
Un fleuve
Noire et calme
Que regarde un mannequin féminin
Sublime et figé
Sur un mur glacé
J’aurais aimé que ce fût
N’importe quoi
Déployées
Tête et pieds
N’importe comment
Le silence
Sonne minuit
La ville s’apprête
Dans sa nuit
Traversante
Mon pas reprend vie
Et je suis
N’importe qui
1er juin 2015
Une altération
Les mots, les angles de la lumière,
La chaleur dispersée
Les mouvements devant la fenêtre
La discrète ouverture des portes
La fraîcheur des arbres la nuit
Leur blancheur dressée
Fleurs de marronniers
La modernité des meubles surannés
L’insaisissable dépassement du tout
Un pas anonyme, une altération,
Un acquiescement d’oiseau
Au loin, la proximité de l’urgence
L’éveil d’une mouvance en soi
Cette puissance silencieuse
D’un temps disparu
6 juin 2015
A vrai taire
Les mots avec absence
Le jour par la fenêtre
La désuétude tombée
Me manque une idée
Le soir s’apprête
Une pierre bleutée
Fuit mes habitudes
Je rentre chez moi
Une grappe de raisin
La foule environnante
Certains parlent
D’autres taisent
Il fait bon trouver
Chez soi un cinéma
Vide de sens
Et de première volonté
A taire vrai
Voir chez l’autre
Et regarder en soi
Toute une destinée
Rien n’y fait
Le recommencement
La déambulation
Les traits tirés
Laisse passer
Laisse placer
Laisse faire
Laisse délaisser
Déjà partie
La vie avide
De ta réjouissance
S’enorgueillit
Une seule fois
N’aura pas suffit
19 septembre 2015
Souvenances mal éclairées
Délicatesse posée-là, souvenir de ton regard
Souvenir de ton regard
Vains mots oubliés, sans encombre l’existence
Sans encombre l’existence
Sans aucun qui ne soit, envers de la présence
Envers de la présence
Efficacité de l’absence
Un beau destin cousu main qui nous échappe et vers lequel l’on revient rêver un peu ou chercher à comprendre qu’il est vain de s’obstiner autrement qu’avec beaucoup de foi en l’absence de vérité.
Efficacité de l’absence, délicatesse de la vérité, posée-là, qui s’obstine, se refuse à mon ignorance
et ne craint plus de m’échapper. Souvenir de ton regard.
Genève, le 24 octobre 2015
Est-ce moi qui renonce à parler ?
Soleil d’automne pourvoyeur d’or
Le premier comme le dernier
Les gens sur les terrasses entassés
Le ciel au fond du boulevard
Exercer ton regard profond
L’affûter pour éteindre tes colères
Saisir d’hier la force empruntée
Si c’est toi qui envahit
T’adosser à la lumière pleine
Et faire jaillir ce feu qui t’assombrit
Le mener à sa demeure
N’en garder que la mouvance
Des jours en nous abandonnée et trahie
Genève le 7 novembre 2015
A l’abordage
Dans une étrange destinée
Pirate, d’abord
Une image ressuscitée
Par les âges à tribord
N’y étant jamais allé
La violence me toise
Du haut de ses mâts
Et autres merveilles
Dont je n’ai pas rêvé
Prenons part à ces instants
Il y a bien un rôle à jouer
Un parapet à enjamber
J’y suis, j’accours,
Pirate, pour toujours
L’image se fige, une vie à parachever
Un cap à franchir, à l’abordage
Depuis quand ?
Pirate en jouant
Changer de pont, vaincre en brisant
Des vies tombées dans la nuit
D’autre, il ne s’est rien passé
Pirate, c’est le moment,
Le brouillard sur la ville et sur la mer
Illisibilité de l’avenir et de l’instant
Pirate dans ton corps
Aux abords du Nil
Ton calme olympien
T’aura fait européen
Et tu ne te refuses rien
Une mer, des adversaires,
Un espace disponible,
Une suite et une fin.
Genève, le 30 décembre 2015
Là où tu n’es pas
Là où tu n’es pas
Et ne pas devoir fuir
Ce qui ne me justifie pas
Serein, privé de certitude
Je reste sur mon chemin
Que dis-je je reste?
Suivre est plus indiqué
Suivre ou créer
Provoquer et mentir
Oui, pour n’avoir pas à dire
Là où tu n’es pas
Je vais mentir mon chemin
Mentir à personne
Le souvenir ensommeillé
Et rien ne vient à l’espoir
Nourrir, mourir
Essayer des poses
Et redescendre de soi
Pour continuer l’homme,
L’individu ou la personne,
Et, nécessairement,
Se perdre en chemin
On saura qui
Sans savoir pourquoi
Et là, aucun mensonge n’importera
Pour sauver le lecteur de ma déroute, je l’assure de la clarté des silences et l’invite à bien distinguer l’optimisme animalement béa de nos actions devant nous permettre de mieux mesurer le contrepoids de nos intimes abstractions. Et tout n’est pas dit, c’est ce qui nous vaut alternativement le bien.
Genève, le 2 janvier 2016
L’ombre des platanes
Avant fin mars
Les bras tendus
Vers le sol nu
Se brisant sur les murs
C’est la main
C’est le corps
Qui surgit vivant
De cette ombre pleine
Que regarde la lune
Un dépassement de temps
Dans l’alignement de l’ordre du vivant
Une frêle hésitation
L’arrêt de toutes les danses
Et leur réversible continuation
Une idée folle, un manquement
Dieu est en retard
Et le printemps revient
C’est chanté depuis longtemps
C’est un enchantement
L’ombre la nuit
L’ombre le jour
Imparfaite délivrance
Du parfait amour
Saisir ce qui est immobile
Contempler ce qui fuit
Appréhender
Par l’imagination
L’ombre des platanes
(Et parler aux idiots
Etre des leurs
Pas tout à fait
Se soustraire à ce soi qui serait l’idiot à qui l’on parle)
Les poings fermés des platanes
Tendus vers le ciel
Dans la lenteur et l’immédiateté de leur respiration
Le destin de l’ombre
N’avoir pas de chance
Tout en gardant à l’esprit
Le destin de l’ombre
Et son épanouissement
Les retours de lune
Que rien ne fige
Et tout ce dont le rien sera la cause
Retard menteur
Et prometteur
Des Dieux et du soir
Genève, le 19 mars 2016
Aucune autre que celle de en ce qu’ils
que celle de l’ensommeillement des souvenirs
En ce qu’ils comprennent
la crainte de l’espoir
20 mars 2016
A
J’ai des pensées en commun avec Héraclite
Des disputes en jachère avec le commun
Des mortels qui visionnent des monologues
De Shakespeare, des femmes dans leur salon
“Je n’ai pas perdu la raison” et toute une désespérance
A suivre.
J’ai des espoirs nés du seul regard
De l’innocence qu’il me reste à nourrir
Oh très indirectement, demain,
Pour d’autres surlendemains
Qui ne me verront pas fuir
A vivre
J’ai des rêves à reconstituer
Des erreurs à ne pas commettre
Toute une liturgique bienséance
Par la lecture, pour l’emphase
En de secrets endroits
A tendre
25 mars 2016
A ne plus marchander
Avec quiconque chanteur,
Vendeur ou philosophe
Une vérité sans attendre
A trouver
Je n’y crois pas un instant
Mais la fin, mais le devenir
Les maîtres mots d’incertitude
Les flots taris de toute sollicitude
Des masques face contre terre
A juger
Je n’ai plus de monde
Plus aucun, grand Dieu
De tous les instants sauvés
Par d’autres mondes enchantés
Dans de profondes perspectives
A refaire
De nos rues désarticulées
Un roulement, une brisure
Les yeux célestes de mes anciennes
Euphories, éclatées et retenues
A revoir
Viens, viens, reviens
Plein espoir vivant
Me regarder dans le soir
Te reconnaître en moi
Par le jeu des miroirs
A briser
Tout n’est pas à dire
Ni même ne doit venir
La pensée féconder
De mortelle immanence
En un sein désincarné
A connaître
Mais justement, comme à vrai dire
Le possible ne saurait être incarné
C’est le contraire qui le serait
Promis, il ne faut plus s’y tromper
Toute une froide incandescence
Avenir
25/26 mars 2016
Samedi de Pâques
Quand on est libre de ses mouvements,
au milieu du jour intérieurement.
Edith Piaf dans les grésillements
au fond du café
et la rue précipitée et disponible.
Le soleil penché sur les dernières neiges.
La réalité poursuit son oeuvre de démultiplication.
Sur l’instant ça ne se voit pas.
Les journaux refermés sur eux-mêmes
comme je le suis.
Tous visés potentiellement.
Dans une file d’attente en mouvement.
S’inviter à l’évitement. Cette tranquillité là est à vendre. Je m’en abstiens et reviens sur les lieux de mon avenir précaire pour un moment d’existence en hésitant sur l’insistance et le rôle de l’individuation.
26 mars 2016
(Samedi de Pâques au Remor)
Attention
Indifférence ou attention, les clefs sont là
De vains mots quant vainc le néant
L’esprit baladeur quand apparaissent les bourgeons
Elles font figure de mystère
Elles et vous attentives et sereines
C’est ainsi que je nous vois
Le devenir des restés vivants attend une réponse
C’est une affaire de quelques temps
Qui pressent et comprennent le texte parfait
De leurs antériorités vaines et triomphantes
Genève, le 28 mars 2016
Pluriel, singulier
Manifeste de l’être au monde
Solitudes vierges
Tranquilles, là où ils sont
C’est aujourd’hui le
Tour des Flandres
Le vainqueur, un échappé
Le peloton m’a rattrapé
Tranquilles, là où ils sont
Solitudes vierges
Manifeste de l’être au monde
Ramure et frondaisons
3 avril 2016
Futur antérieur
Voix blanches aussi
Et crinières plus tout à fait dans le vent
Les propos transparents
J’ai vu pire cette semaine
Cette semaine à me fuir
Le moment où l’on filme
Et cinquante ans plus tard
Le même petit air frais sur la nuque
De quelqu’un d’autre qui est soi
Ils parlent, vont de l’avant
Faiblissent et s’enfuient
Ce n’est plus dans le regard
C’est encore un peu dans la voix
La une de Libération
Le mort fameux et proche
Brel, Brassens, Barbara, Ferré
Pas vu passer « J’arrive », « Supplique »
Elle choisit l’âge tendre
Il nous imposa sa crinière blanche
Et ses chants de Baudelaire
Les voyages dans le temps imperceptiblement
Se font jour de but en blanc
C’est accessible, c’est disponible,
Il faut saisir et surgir
Apprendre la patience
Aviser du retard et de l’anticipation
La belle meunière, les truites
Et la musique de Schubert
Filer avec au sans elle
Avoir été de ce monde
Au futur antérieur
Ou à son exact contraire
Non encore précisément décrit
Par la science et la poésie
Genève, 30 avril 2016
Mélanges et réciprocités
Trouver ici ou là quelques mots
Pour satisfaire à la gourmandise
De la nature et du néant
Qui se nourrissent mutuellement
Rien que cela, tout en cadence
En laissant faire l’indolente
Discordance des rires et des volontés
Mêlant l’humain et le miel
Au sérieux du rien et du réel
Genève, le 1er mai 2016
A rebours
C’était après l’heure dernière
Après bien après
Un instant charnière
Aux confins de l’éternité
Enfin, celle dont on parle
Les autres n’ayant pas été retrouvées
A l’instant où je vous parle
Une autre perte est à déplorer
Nous succombons aux charmes
De toutes les allées et venues
Pavées, nous dit-on de bonnes intentions
Depuis quelques temps,
De tout, il me semble, je suis revenu
A pied, en nageant,
En pleurant dans les bourrasques
Le rêve même est parfois médisant.
Acceptation
Sombre errance de l’esthète, posé-là
De n’avoir pas accepté l’image d’elle en soi
Nuit et jour nous font des propositions d’existence
Fuite de l’animal, et de l’ombre, puis de l’éclair
Le chemin de pierre aussi s’estompe
Sous les ciels gris quand la lumière vient au bruit
La ville, tu ne sais plus, compte ses sourires
On baisse les yeux et la vitre machinale
Hier soir, on donnait les feux
Genève, le 23 juillet 2016 / 13 août/ 14 août
Affaire
Pas de poème aujourd’hui, pas de poésie
Les mots me refusent toute importance
Et me fuient
La ville oppressée dans un lourd soleil
Tient les fêtes dans sa main
Je cherche un endroit, un refuge
Pour les passifs affairistes comme moi
Les jours font leur révolution
Dans un mouvement absorbant tout souvenir
Que seuls auront perçu les vivants
Bien malin qui s’en dédie
Genève, le 14 août 2016
Village
Des arbres dans le mouvement du vent me font regarder la montagne modeste, silencieuse, sans humeur dans sa présence. Elle me dit bleu et je vois jaune. À vrai dire, il n’y a pas d’à vrai dire, ce peut être de tous les verts changeants. Les étangs contiennent le regard et emportent l’esprit. Il y a l’être aussi qui s’assoupit. Le prochain virage, l’horizon cassé, le bruit des voitures passant les portails couchés. Il était si solidement midi moins dix et treize heures, déjà ne se fait plus attendre. L’année dernière, c’était la pluie. Aujourd’hui, il fait chaud et gris, mes émotions ne font aucun bruit, un nouveau virage fait mine de m’attendre. C’est ce que je me dis. Mais le silence du village, le même qu’en 1946, le même qu’en 1984, qu’en 2003, une immuabilité surgissant(e) dans le fini de la vie.
Les Genevez, 2 août 2016
Contre-addiction
De tristesse jusqu’à satiété
D’ennui, de disponibilité
A travers jours et absence
D’action et de volupté
Besoin de tout mon temps
Que me dit-on je prends
Qui me serait compté
De connaissance pour déchiffrer
Pardon pour défricher
Les jours à perdre, les actions à mener
Le vide à boire et le plein à manger
Genève, le 20 août 2016
Joyeuses fulgurances
Pour autant la prière.
Parier est une sollicitude.
Nulle envie vraiment,
De ne pas y revenir.
Le repaire sans plaisir.
M’ôte la force la chaleur,
Me souviens de la souffrance, la ferveur.
J’arrive là, et parviens,
(…) .
Genève, le 27 août 2016
Au sortir de la piscine
Des dizaines d’années
D’août en août
Dans les flots
De l’inconscient qui se baigne
Apaisé, mais forcé à penser
Quelques dames
Quelques brasses
Et les couleurs de la société
Orques et baleines peu surprises
De me rencontrer
Le coeur ralenti
Rejoint l’esprit
Au sortir de la piscine
Trouver la page
Aller à la ligne même
Blaise Pascal parlant de la vie
Qui ne s’éterniserait pas
Genève, le 28 août 2016
Boulevard du jeûne
Pour faire le tour
Des eaux vives de l’âme ou
Revivre les flétrissures
Les secrets accrochages
De qui aura
Superbement sur mon chemin
Attendu à tous les feux
(dont l’art poétique exige que l’on taise la couleur)
Et respecté le déploiement partiel
Et mesurable de mes assouvissements
La lune discrète se baigne dans les bleus
De son ciel vivant
Que les platanes
Glissant dans leurs corps feuillus
N’atteignent qu’en apparence
On parle d’une avancée
On murmure un cheminement
(Genève, vendredi 9 septembre 2016)
De l’impossibilité d’écrire que le ciel est bleu
Oui, au fond du bar de la librairie
Oui, un ciel visible
Oui, perdu dans le dédale
Des rues et de leurs architectures
Un ciel dans les vitres géantes
De l’intérieur, au plus profond
Regards rentrant, en-deçà lointain,
Discret et fuyant
Curieux des livres exposés
De leur teneur et de leur variété
Prêt à partager mon café
Un ciel oui bleu que je retiens en moi
Par la volonté de les lire tous encore un peu
(Au bar d’une libraire, buvant un café, alors que
l’immeuble d’en face reflète un ciel dont il n’y a a pas
lieu de taire la couleur – Genève, le 9 septembre 2016)
Avec je ne sais qui
Prêt à l’effondrement de la volonté
Chacun perd sa force
Tête vide, papier à jeter
Encre dispersée
Le tout revient à dire
Que rien n’est à
Ecrire
C’est le début
De l’irrévérence masquée
Et triomphante, gloire en semaine
Narcisse désavoué et ressuscité, tout un
Chacun se perd à ne plus s’encombrer de
La suite des existences tierces, de l’étrange extranéité
Altérité finale, reconnaissance de soi et de l’indifférence
(poème du 9 juin 2013, relu ce matin, sans y toucher)
Attention à quoi ?
Toutes les réponses sont apportées
Aux questions qui n’auront pas été posées
C’est étrange, mais ce pénétrant désaveu
Pourrait prêter à rire et personne ne saura
Une pluie s’en revient divinement refroidie
J’interroge une nuit qui s’en va
Et une autre qui ne vient pas
Entre-deux, entre nous et soi
Tout à y perdre, et guetter des choses
Le recommencement et l’alternance
A pas feutrés intérieurement j’avance
En faisant attention dans le noir
Aux questions qui n’auront pas été posées
Genève, le 18 septembre 2016
Les faire ce peut
Là tout à l’heure vers les terrasses
Une destination sans tête
Sur le boulevard qui s’en allait
Il était question
Du sourire de l’automne
De l’imperceptibilité des changements
En soi et sur tous les habillements
Humains et boulevardiers
Il était question
De la détresse visible
Et de tous les imparfaits du temps
Du temps boulevardier
Qui chauffe les coeurs
Et les fait se renverser
Genève, maintenant – 22 septembre 2016 17.50
Patience du palimpseste
Que de vagues luminescences
Défient dans le déchirement général
Moineaux sur mon plateau
Leurs miettes parachèvent l’horizon
Que ne submerge aucun éblouissement
Aimer se laisse substantiver
Avec beaucoup de vivacité
Ces silhouettes rafraîchies
Par les bleus de l’été parti
Une volonté insubmersible
Plus saisissante qu’il n’y paraît
Exerce obstinément sa présence
Dans chaque individualité
Un schéma dégénéré, une effervescence
Un amour de l’amour de la vie
Qui n’attend plus sa résurgence
Vous n’y étiez pas, je ne cesse d’en revenir
(Genève, Bains des Pâquis, ce 2 octobre 2016)
Y a-t-il?
Quelque chose
Qui
Justifierait
Nos moments perdus
Nous aurait tiré du néant
Et ne nous y reprendrait plus
Genève, 12 octobre 2016
(A l’opéra des Nations)
J’apprends à écrire
Un chiffre qui se meurt
En mouvement vers l’avenir
Des mots et de la vigueur
Un texte de Bob Dylan
Battre le réel au rythme
Sur ses guitares de ses mains
De son ardeur toisée par lui
De l’intérieur, tu auras su
Trouver dans les nouvelles
Vicissitudes de la spontanéité
Une vierge destinée
Et ses sanglots écoeurants
Ne reviendra à toi
Que cet hémisphère multiplié
Et la désolation balbutiante
Des flétrissures de l’instantanéité
J’apprends à écrire
Genève, 24 octobre 2016
Carrousel
Larvée, comme l’ennui
Tout, de but en blanc
Le murmure, sous les toits
Couleurs anonymes
Des chevaux de bois
De ce pas, je reviens
Vers ces pays oublieux
Des secrets espaces
De l’enfance,
Qui tarde à s’endormir
Genève, 5 novembre 2016
Môle solitude
Traversante et bleutée
A cet endroit qu’elle qualifiait
Et qui me renvoie à d’autres vols
Que regardent les vagues
La blancheur dressée
Là où tombera le dernier mot
Un homme et une femme
Pourfendent leurs propres
Silhouettes libres et enchâssées
Le vent glacé me fait hésiter
Fragilité des promesses
Brusques aléas rencontrés
D’autres hasards déployant
Leurs paysages lacustres dans le ciel
Qu’absorbe chaque petite vague réapparue
Un bateau jaune entre deux quais
Sur le qui-vive
S’empare de mes inattentions
Et retrace les allers et retours
De la plupart d’entre elles
Eternités muettes et figées
On ne se regarde plus
J’enlace comme on enjambe
Ce qui tient lieu de parapet
Dans l’immobilité rejouée
Des lignes ajourées
Que définissent les horizons
Distinctement perçus
Paysage lacustre dans le ciel
Un salut réjoui à ce qui va
A l’approche, comment dire, de ce qui vient
Chasse gardée du vent
Fuite renouvelée à tout va
L’un d’entre nous parle
Persister en son être
Ce qui nous retient
Dans cet avant-monde fuyant
Ce samedi après-midi, 19 novembre 2016,
et dimanche 20.
Les glacis illuminés
Corollaires de la lumière
Étendue sur les eaux
Le risque noie ses ombres
Et fluidifie la matière
Restent les endroits où l’on passe
Les affiches, les promesses
Le silence des signalements
Dans la nuit, je perd mes mots
Dont celui d’antienne
Une fois traversée
C’était un chemin
Perdu, retrouvé
Cent fois le même parcours
Exsangue lucidité
Que rien n’ignore
Et qui s’en laisse conter
Tôt ce soir, par la Coulouvrenière 3 décembre 2016
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