Créé le: 22.02.2021
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Pétale
Et si les pétales avaient raison?
Et si, avant de partir, ils avaient un message pour nous?
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Pétale
Un hiver froid mais sec.
A quand la pluie?
Un ciel gris. Des troncs nus.
Un enfant court, un bonnet mauve.
Eclats de rire.
Elle se baissa. Par terre une fleur, la seule en vue.
Elle la cueillit. Porte-bonheur.
Pétale. Elle écrira.
Pétale. Elle n’écrira plus.
Quelle importance?
Pétale. Elle écrira.
Pétale. Plus.
Depuis quand?
Pétale. Elle écrira.
Pétale. Elle n’écrira pas.
Sans doute sa mère, et sa passion des livres.
Sait-elle écrire?
Pétale. Elle écrira.
Pétale. Elle n’écrira jamais.
Son impatience la dépassait.
Pétale. Elle écrira.
Pétale. Elle n’écrira pas.
Pétale.
Elle écrira.
Elle souffla loin le pétale.
Comme une fumée de cigarette.
Confiance.
Tant pis. Défi.
Le regard lointain, elle se fait une promesse.
Elle écrira.
Elle tentera.
Sinon, ce n’est qu’un pétale.
Qui dit des conneries et qui deux jours plus tard sera sec.
Emporté. Ecrasé. Eparpillé dans l’univers.
Il ne sera que poussière un jour.
Comme nous d’ailleurs. Des pétales.
Multicolores.
Vivants, vivaces.
Beaux. Ou pas.
Parfumés. Ou peu.
Qui sècherons un jour et qui serons emportés. Eparpillés.
Mais on l’oublie. C’est facile.
Et on s’occupe, comme on peut. Pour passer les jours.
Et au cours de ce voyage vivant, on oublie que le temps, et rien que le temps, est éternel.
Tant pis.
Elle écrira.
Mais quand?
Écrire c’est s’arrêter. Se poser. Réfléchir. Méditer. S’approfondir.
Tout ce qu’on n’a plus le droit de faire.
Elle fait un pas dans l’herbe sèche. Jaune moutarde.
Cette couleur qu’elle déteste.
Du vert mort.
Un pas de plus.
L’enfant s’approcha d’elle.
‘’Je joue souvent à ce jeu. Alors, il vous aime?
Perturbée.
– Quel jeu?
– Celui où on arrache les pétales d’une fleur pour savoir s’ils nous aiment ou pas.
Emportée par ses idées, elle avait déjà oublié.
– Alors oui, ce jeu-là…il…est…il est drôle.
– Et il vous aime ou pas?
– Je ne sais pas. Je ne crois pas aux pétales.
– Les pétales ne mentent jamais.
– C’est vrai? Il m’aime alors. Beaucoup même. Les deux derniers pétales me l’ont répété.
Elle sourit.
Il éclata de rire.
– Mais vous ne savez pas jouer! Il ne peut pas vous aimer deux fois de suite!’’
Il s’en alla, courant, jouant à l’avion, seul dans le pré jaune moutarde.
Pour lui, la couleur est le dernier souci.
Pour lui, toutes les couleurs sont vivantes.
Le vent surgit. Il emporta les pétales encore colorés.
Légers, ils prennent sa direction et s’éparpillèrent…
Elle écrira alors.
Tant pis.
Commentaires (4)
Webstory
09.04.2024
A vous lire, je découvre que les mots ne sont pas sur une feuille, sur un écran ou dans un poème. Pas du tout. Ils se posent sur un horizon, sur un pétale, sur une pensée. Ils jouent à cache-cache et l'air de rien, nous chuchotent des secrets. Merci Sabine
Sabine
09.04.2024
Merci à vous...pour ce magnifique espace de croisements intellectuels :)
Starben CASE
17.03.2024
Souffler le pétale comme on souffle la fumée d’une cigarette, un pré couleur vert mort, tricher au jeu des pétales qu’on arrache… avec bonheur puisqu’il vous a convaincu d’écrire. J’espère que vous continuerez
Sabine
08.04.2024
Je continue...je ne trahis pas le verdict des fleurs :)
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