Poème en prose. C’est peut-être la fatigue. Il ne me semble pas que ce soit l’ennui. Je me promets d’être sérieux et stylé pour vous écrire, et je ne le suis pas. 
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“Ou pas ?” besoin de l’intelligence d’autrui

Entendez-vous tous ces “ou pas?”

 

Ponctuant les questions. Des moineaux dans les platanes avant qu’ils ne perdent leurs feuilles. Une façon de dire la liberté du choix et de la retirer aussitôt. Je te pose une question et te laisse me répondre en mode binaire. Zéro ou un. Pas de nuance. Ce que je demande ou ton refus. Pas quatre chemins. Aucun chemin du reste. Oui ou non. Tu viens, tu ne viens pas. Ma question a sa force et ta réponse sera faible si elle n’apporte pas la suite que je t’impose ou son contraire. Tu ne me remettras pas en cause et tu en feras de même à ton égard. C’est décidé. Ce que je te demande. Lève les bras et répond. Tu n’iras pas plus loin.

 

Je te mets au pas, dans la seconde. C’est ainsi ou ça ne l’est pas. Ton délai de réflexion  en rien n’atteindra mon pouvoir de résolution. Le oui blanc et le non noir. Ou pas? Dis-moi. Enlève-moi de ton silence et ôte-toi de mes non-dits. Exercice d’absence, de refus d’hésitation. Tout est dit. Ce n’est pas ici que l’on réfléchira. C’est tout vu et tu ne me diras pas pourquoi. Non, mais des fois. Tu m’en diras plus mais pas maintenant. Mis en demeure, tu me répondras. J’y suis, tu y restes. Tu me remercieras de t’éviter toute contradiction. Numérisation de l’acquiescement. N’est-ce pas? Laisse du temps et propose l’adhésion. Ou pas ? Evite les encombrements mais non les embarras.

 

“Ou pas ?” besoin de l’intelligence d’autrui

Ou pas, c’est nous maintenant. 

 

Notre angulaire rotondité. C’est moi et c’est toi à la condition que tu participes à mon entreprise de défenestration du doute. Accaparement de la conviction vite fait. C’est décidé. Ça doit l’être. Tu hésites-là. Tu n’y es plus. Ça ne vient pas. Le questionné devient questionneur. Maïeutique de l’approbation, prescience de la validation. Sans moi. Il insiste. Elle sourit. Elle revient. Il ne répond plus. Ça s’est passé comme ça. D’une minute à l’autre. On ne savait plus qui était perverti. Le langage peut-être. L’intelligence observe. La connaissance n’y retrouve plus ses petits. Pouvez-vous reformuler votre question ? Mais bien sûr Madame la Présidente. Certainement, mon chéri. Je n’ai pas fait attention. C’est venu sans que j’y pense. D’ailleurs, je n’y pense plus. Tous ces « ou pas ? » m’ont estourbi. Je ferai attention la prochaine fois, à mes mots et à tes regards. Pardonnez mon étonnement.

 

Besoin oui, de l’intelligence d’autrui. Nous sommes individualisés pour permettre à la connaissance de faire ses expériences et ainsi de devenir elle-même. Seul, je n’y arrive pas. Tu me permettras d’exercer nos esprits. Tu me surprendras. Mes questions tu me les renverras, d’un trait. Etonnement du regard, en profondeur. Une marge s’est faite marge en moi, complétant celle qui,  déjà,  s’était creusée en toi. Nous nous surprenons. Vertu de la certitude, tu ne sais pas. Ne pouvant être certain que certitude il n’y a pas, je fais le choix de m’abstraire sans m’abstenir. Rien pourtant n’est décidé et nous sommes convenus d’en parler. Oui tu m’aides en hésitant, à revenir à toi.

Nous avançons l’un vers l’autre. Ton sourire et ta décontraction. Une question devient une question posée par les forces de nos mutuelles hésitations. Et ainsi de quoi ? Tu plaisantes. De suite ? On se perd là et on se pare de faux langages. Et ainsi de suite. A ta manière, avec mes tics et tes tocs, je reviens à nous.

 

Voulais dire, par-là écrire, plutôt oui, m’y retrouver en t’exprimant ce qui est ainsi, ce qui suit et devrait pouvoir être compris par toi autant que par moi ensemble, le sachant, nous le dirons, refuserons de le taire et comprendrons par d’autres que ce devait être acquis. Acquisition de la connaissance qui s’exerce en nous et se construit. Elle a besoin de nous et j’ai besoin de vous pour rester seul dans les marées verbales qui t’amènent à ne plus vouloir de ce tout qui t’échappe. Sans remord tu fuis et te laisse saisir. C’est un jeu. Entre vous. De mains, de vilains, d’esprit, mais plus tout à fait d’enfant.

 

Genève, 31 octobre et 1er novembre 2017

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