Créé le: 08.12.2024
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N’être d’ici
Réfugié, émigré... Quitter son pays par choix ou par obligation laisse des traces. Grandir dans un même lieu donne des racines. Combien d'arbres avons-nous arrachés?
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J’arrive de là-bas ici, dans un pays
où je deviens un être sourd et muet.
J’entends des sons, je vois des gens,
mais rien n’est plus comme avant.
Ils me disent émigré ou réfugié
alors que pour moi, tout n’est qu’étranger.
Que me disent-ils avec cette insistance
à laquelle je réponds par le silence?
De l’échange muet de nos regards,
nos gestes font naître l’espoir
d’un dialogue balbutiant.
Signe d’un rapprochement prudent.
J’aimerai dire le pays que j’ai fuis
et adopter le leur. Intégrer disent-ils.
Combien de temps me reste-il
pour les intégrer et m’en faire des amis?
Des semaines, des mois, des années
M’éloignent de ma maison.
Je n’ai plus rien à donner
Sauf moi. Mais qui suis-je au présent?
Ce poème ne rime à rien
d’autre que d’exister.
Sur le thème de l’exil, voir aussi Migrer du bleu au noir et La migration du flamand rose
Commentaires (1)
Yo-Xarek
16.12.2024
Partir, fuir et tout laisser derrière soi. Ce poème traduit bien le drame de l'exil forcé. La découverte d'autres pays, d'une autre langue. Sourd et muet, c'est l'impression que l'on doit avoir en débarquant.
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