Créé le: 16.09.2016
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Moments d’inspiration

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© 2016-2024 Thierry Villon

Les moments d’inspiration, ce sont des jours simples qui forment la trame de ce qui deviendra peut-être un souvenir heureux, à chacun de  voir.
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Les moments d’inspiration, ce sont des jours simples qui forment la trame de ce qui deviendra peut-être un souvenir heureux, à chacun de voir.

Quand j’ai décidé que c’en était assez, qu’il fallait à tout prix que je sorte de cette interminable ronde, pour devenir la personne que j’avais si soigneusement cachée au plus profond de moi, quand cette décision a été prise, il n’a pas fallu longtemps pour que je trouve ce que j’étais venu chercher.

Ce bord de mer, cette petite plage de sable fin déserte, ce petit vent qui pousse devant lui les brumes du matin, ce piaillement d’oiseaux marins qui fend l’air, tandis que ronronnent les diesels des marins pêcheurs qui rentrent au port. La proportion d’iode dans l’air est bien supérieure à celle que je peux respirer dans mes montagnes suisses, aussi je me sens grisé quand je respire à fond, comme si j’avais bu un de ces alcools forts qui se boivent aux terrasses et que l’on arrose d’eau glacée. Pastis, oui, cette fée du sud qui monte à la tête pour emporter la parole parfois un peu plus loin qu’elle ne le devrait. Cette sensation de flotter, de voir la vie d’un peu plus haut, d’oublier ses soucis quotidiens, de prendre la tangente pour aller à l’essentiel : dire ses sentiments profonds, quitte à se dévoiler comme jamais auparavant, exprimer le soi qui reste d’ordinaire silencieux, cracher sa rage sans y mettre les formes, ne pas cacher son dégoût devant l’injustice criante qui frappe ce pauvre ère condamné pour s’être trouvé là quand il ne fallait pas.

Je n’irai pas par quatre chemins, je ne transigerai pas sur mes intentions véritables, je ne me laisserai pas impressionner par l’ampleur de la tâche. Au contraire, je foncerai tel un cheval débridé galopant dans la prairie. L’immensité le grise, il ne sait plus où aller, il hennit de joie, se cabre devant les arbres, se roule dans l’herbe mouillée de rosée, se redresse d’un bond, s’enfuit d’un autre côté, toujours à plein galop, décrit une grande boucle et revient sur ses pas, lancé à toute allure dans une débauche de ruades et de hennissements qui donnent à sa course un air de folie que rien n’arrête.

Sourire, sourire, pour ne pas décevoir la terre entière qui exige des gens heureux, qui vote pour des consommateurs avertis, mais dépensiers.

Parler, parler, pour dissiper les malentendus et ne pas se complaire dans le factice.

Courir, courir, après la chance, l’amour et le succès, les 3 mamelles de l’homo cathodicus, celui-là même qui guette son moment de gloire, comme la terre assoiffée attend l’averse au beau milieu de l’été.

Ecrire, écrire, pour ceux qui viendront se pencher sur ces mots d’amour, sur ces étincelles d’inspiration, sur ces ponts dressés entre les races et les cultures, sur ces fulgurantes joutes où le gagnant sera celui qui a le plus donné.

Pas de répit pour les plagistes….

A peine ont-ils fini leur nuit qu’il leur faut déjà remettre tout en place : les transats, les matelas, les tables et les chaises, les boissons dans les frigos, les verres bien en place, à portée de main, les croissants bien chauds dans les corbeilles.

Un silence, à peine troublé par le léger clapotis des vagues, donne à la vie cette couleur si propre à reposer l’esprit. Je l’ai léger, l’esprit, ce matin. Je vais enfin pouvoir accomplir le désir que je cajole depuis plusieurs semaines. Je vais pouvoir retrouver la plage, ma plage. Je vais commencer par la regarder de loin, laisser mon regard s’habituer à son immensité, puis marcher à sa rencontre pour entendre le son, respirer l’odeur et sentir la brise me caresser le front.

Après, je ferai quelques pas pour tester la marche, plus je m’approcherai du bord et plus mes pieds se réjouiront du contact humide de ce tapis de sable…

Je ne fais que laisser flotter mes pensées d’un bout à l’autre de l’horizon. Rien n’arrête ma vision, je me sens grandir, je sens que je m’élargis, que les limites tombent les unes après les autres, que le moment ne va pas tarder où je sentirai une liberté authentique m’envahir, me bousculer, me pénétrer, me soulever comme en lévitation au-dessus des vagues.

Je respire comme si mes poumons avaient doublé de volume, je sens à peine la petite larme qui coule sur ma joue. Une larme de joie, ça s’accueille avec le sourire, sans craindre d’assombrir une telle sensation de plénitude. La peine s’en va, coule par les pores de ma peau pour se mélanger à l’océan. Je ne sais plus si je dois me retenir ou me laisser aller. Je ne sais plus si je sais quelque chose, si je suis même dans l’obligation de savoir quelque chose.

Je lâche prise, je ne pense plus, je ne prévois plus, je suis. Je suis dans l’instant, je suis dans le moment, je suis moi comme je suis.

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