Créé le: 02.05.2019
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Musique, Slam

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© 2019-2024 Thierry Villon

Flavio fait sa première apparition en public
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Le parjure me jure qu’il n’y a pas d’injure, juste une blessure, il m’assure en outre que la région n’est pas sure, que les flics ont monté des murs pour enfermer la réalité ! Qu’ont-ils à cacher derrière ces plaques de béton ? Que ne veulent-ils pas montrer et à qui ? L’extérieur, où est-ce ? L’intérieur, de quel côté du mur ? le labyrinthe de Corinthe, on l’appelle…. Délire de ruelles profondément enfoncées entre les hautes tours de béton gris-bleu-vert-rose. Cette chose m’indispose, ce rose suppose une vie de même teinte, mais cette vie-là est peinte, sans soucis, sans ennuis, tout en sourire, quelques fous-rires par ci par là, quelques rires et puis s’en va !

 

Mais de quel côté du mur tu vis, dis ? De quel côté de la rive, on rit, on joue, on ment, on rappelle les demoiselles qui nous laissent leur numéro de tél. ? Si tu arrêtes un instant, si tu mets sur pause un moment, l’image arrêtée de ta vie en pleine course, ou d’un graphique des cours de la Bourse, tu reçois dans ton dos tout ce qui te pousse, t’oblige à courir, te force à mourir avant l’âge, de fatigue, sans avoir vu Martigues, cité balnéaire antique où les héros, les guerriers venaient se reposer, le repos du guerrier entre les bras tendres de la petite femme de Pigalle ! À moins qu’elle ne vienne du pays de Galles, pas mal, la rime s’anime, ta tronche de mime, offre une pantomime aux passants. Sur le trottoir en face, ils sont arrêtés, mains dans leurs poches, ils regardent le spectacle, ils rient au-lieu de pleurer, ils font tout à l’envers, misère, c’est moche, rien n’accroche, tu te sens cloche, mais les sirènes venues de l’autre côté, celui de la réalité, se sont mises à hurler.

Tu es le seul qui aies franchi la frontière et tu expliques aux vivants qu’ils sont enfermés dans un cirque de béton, que rien ne peut plus les sauver, si ce n’est eux-mêmes, s’extraire de la haine, quand même, quand tu aimes, c’est autre chose de plus rose, sans conteste la télé s’en empare, un beau soir, la lance sur les ondes à s’en faire péter l’audimat, quitte à prendre des tomates cueillies à même le sol par les fans de culture, pas de très bonne augure, tes yeux au milieu de la figure, symbole du raz le bol, de tous ces vols, ces bagnoles, ces guibolles, ces odes molles à la vertu du vice, aux vices de la vertu.

 

Faut vite oublier ces mots à jeter, à cacher, à ne pas montrer aux heures de grande audience, alors que les mômes sont attentifs, passifs, poussifs, déjà un peu vieux, déjà un peu morts, juste accrochés à la vie par la publicité : achetez, achetez, Messieurs-Dames, mon produit miracle. Celui qui en boit se relève, se redresse et voit la vie autrement, sans peur, sans angoisse devant le mur, le mur de factures qui monte sans cesse, qu’aucune caresse ne fera tomber, tout pour eux, rien pour moi, si ce n’est la blessure, si ce n’est parfois un soupçon de tendresse…

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