Les 3 prisonniers du psychopathe cherchent par tous les moyens à oublier cette situation pesante et à trouver un moyen de s'échapper..
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Quelques jours après le coup de fil de son collègue français, Luca reçut un message de ce dernier lui apprenant la mort suspecte, probablement par empoisonnement, du détenu qui avait avoué avoir déposé la bombe dans le vol Lyon-Palma en février 2014. Une enquête était en cours mais le seul indice était un paquet de chocolat envoyé à la victime avec des ouvrages bibliques. L’expéditeur avait posté son colis à la poste de Bourg-de-Péage dans l’Isère.

 

Il y avait peu de chance que cet événement ait quelque chose à voir avec leur enquête mais toutefois, par acquis de conscience, il décida de contacter ses deux collègues suisses et d’ examiner ensemble si la piste valait la peine d’être prise en compte et suivie.

 

Lucien était absent mais serait de retour en fin de journée. Il eut plus de chance avec Hanspeter qui répondit immédiatement. Il lui expliqua brièvement la situation et les questions qu’il se posait concernant la coincidence des chiffres des deux dates : 15.02.14 et 14.02.15. Hanspeter eut l’air intéressé :

 

–       Je suis d’accord avec toi, Luca, nous n’avons rien, aucune coincidence, aucun autre lien entre les victimes que ce vol. Donc, ça vaut la peine de creuser, ne serait-ce que pour éliminer une piste inutile. Qu’est-ce que tu proposes ?

 

–       On pourrait informer nos collègues français de l’état actuel de l’enquête. Ils ont sûrement dû ouvrir une procédure pour enquêter sur la mort de ce détenu qui prétend avoir déposé une bombe dans l’avion. Peut-être y aurait-il des éléments à retenir.

 

–       OK, je m’en charge si tu veux. C’est un poil plus calme ces jours chez nous et je peux consacrer un peu de temps à ça. Si tu veux , j’informerai Lucien de notre téléphone et vous tiendrai les deux au courant dès que j’aurai eu des nouvelles du SRPJ de Lyon.

 

–       Ça marche. Ciao, ci vediamo.

 

–       A la revoyure comme on dit chez nous.

 

Hanspeter envoya immédiatement un courriel aux policiers lyonnais  précisant qu’il désirait s’entrenir le plus rapidement possible avec un collègue chargé de l’enquête sur la mort du détenu Chanfêlé à la prison de Lyon-Corbas.

 

L’après-midi même, un lieutenant de police le rappelait. Hanspeter le mit rapidement au courant de l’enquête et lui demanda où ils en étaient avec le décès de ce détenu.

 

Chanfêlé avait effectivement été assassiné par un chocolat empoisonné au cyanure. Près de la moitié des pralinés de la boîte qu’il avait reçue en contenaient. A part de la propagande religieuse, le lieu et la date d’envoi du colis, il n’avaient rien : ni empreintes utilisables, ni traces ADN. La seule empreinte identifiable venait de l’employé de la poste de Bourg-de-Péage, qui avait manipulé le colis et se souvenait d’un individu dans la cinquantaine qui portait des gants en postant son colis. Il s’en souvenait parce que même si on était en mars, il ne faisait pas froid ce jour-là. Il  se rappelait s’être demandé si ce quidam était frileux ou avaient des mains déformées ou blessées qu’il ne voulait pas montrer. Très peu physionomiste, le postier n’avait pu donner suffisamment de renseignements pour tenter de faire un portrait-robot.

 

La réception du colis avait suivi de peu l’annonce aux médias des aveux de Chanfêlé.

 

On pouvait donc raisonnablement supposer que cet assassinat ait quelque chose à voir

avec ce vol vers Majorque. On pouvait aisément imaginer la vengeance d’un proche d’une des victimes. Mais quels serait le lien avec les meurtres et les disparitions sur lesquels enquêtaient Hanspeter et ses collègues italiens et valaisans ? Les dates ne coincidaient pas du tout. Pour le moment, on nageait en plein mystère à moins que bêtement, le meurtrier ait confondu les deux dates dont seule la position des chiffres différait. Cette explication apparaissait toutefois un peu tirée par les cheveux. Mais même dans ce cas-là, que pourrait-il reprocher aux trois couples concernés dont il était vraiment peu crédible qu’ils aient trempé d’une manière ou d’une autre dans un attentat à la bombe ?

 

Pour l’instant, les policiers français avaient lancé un appel dans les médias pour voir si quelqu’un avait croisé l’individu ganté qui avait posté le colis à Bourg-de-Péage. Le policier français assura Hanspeter qu’il l’informerait sitôt qu’un nouveau développement interviendrait dans l’enquête. Hanspeter rappela Luca et, dans la foulée, informa Lucien de cette piste éventuelle. Mais rien, en l’occurrence, ne leur permettait de faire avancer leur enquête dont la seule ouverture actuelle possible se situait en dehors de leurs juridictions respectives.

 

******

 

A Peyrus, dans le sous-sol, la vie des trois prisonniers suivait son cours. Rien n’avait bougé depuis l’envoi des messages dans les bouteilles il y avait presque deux semaines de cela. Pour donner un sens à cette attente sans fin apparente, le trio avait ajouté à leur routine, de grandes discussions sur le sens que chacun donnait à la vie.

 

Ce jour-là, Josepa prit la parole la première :

 

–       Voyez-vous, nous devons chacun tenter de monter au sommet de notre « montagne intérieure » et tenter d’y regarder notre vie non pas avec les yeux d’un captif qui ne laissent apparaître qu’une infime partie du paysage, mais avec les yeux étonnés d’un montagnard qui admire et s’étonne pour la première fois du paysage circulaire qui s’offre à lui et lui permet ainsi de saisir à la fois l’ensemble du panorama et les détails qui le composent.

 

Cela nous permet de relativiser notre situation, de retrouver notre liberté intérieure, d’avoir le choix de voir ce que je vis maintenant comme une fatalité, un obstacle insurmontable que le destin met sur ma route ou au contraire, un défi, une occasion de s’arrêter, de s’interroger sur moi-même, sur le bien, le mal, sur le choix que j’ai de risquer le tout pout le tout en m’attaquant à nos geôliers au risque d’y perdre la vie, d’attendre le moment propice pour tenter quelque chose ou au contraire de m’appitoyer sur mon sort et de me laisser mourir ou conduire à l’abattoir.

 

A l’extérieur, dans la vraie vie, c’est pareil, nous sommes tous les jours confrontés à des choix, pas aussi dramatiques que celui que nous vivons maintenant, mais des choix que nous obligent à faire les gens, les circonstances, la société. A l’hôpital, je le vis tous les jours, face aux gens qui souffrent, face aux mourants, face à ceux que nous pouvons sauver. Dans la rue et partout aussi, faut-il répondre aux appels au secours d’une passante molestée ou passer tout droit sans regarder, et pour quels motifs ? Face au terrorisme qui pourrit notre monde actuel aussi : faut-il y répondre par la violence, la guerre qui est une autre sorte de terreur étatique ou existe-t-il une autre voie non violente, à la Ghandi par exemple, pour vaincre le fanatisme et l’injustice qui est le principal pourvoyeur de fanatiques ?

 

Pierre lui répondit :

 

–       Moi aussi je trouve que l’on ne doit pas cesser de s’interroger sur nous-mêmes et notre relation aux autre et au monde. Mais je trouve aussi qu’on a droit à l’oubli ou au moins à des moments d’oubli, ne serait-ce que pour pouvoir respirer sans angoisse.

 

Des fois, j’ai juste envie d’oublier, ne serait-ce qu’un instant, la violence, les inégalités, criantes, le terrorisme et ses massacres, les fanatiques de tout poil qui troquent le Dieu de tolérance des grandes religions contre une divinité vengeresse et assassine, Breivik et son occident soi-disant chrétien, Daech et son islam sanglant, Le Yemen, la Syrie, l’Irak, la Lybie, les bombardements aveugles, la pauvreté endémique, la pollution irresponsable, le profit à tout prix, le nationalisme qui empuantit l’atmosphère de trop de pays, le racisme imbécile, les femmes harcelées et violées, les enfants affamés, les dictatures qui oppriment leur population dans le sang, les chauffards frustrés et même la connerie ordinaire que je rencontre aussi bien à Chiavari chez moi que dans mon Valais natal. Je voudrais ne pas culpabiliser devant mon assiette quand je sais la famine que connaissent tant de familles ailleurs dans le monde.

 

Je voudrais ne pas détester les quelques machos imbéciles qui, parmi les réfugiés et autres immigrés, prennent les femmes pour du gibier. Cette petite minorité devra payer pour ces agressions même si personne n’a pris le temps de leur expliquer ce que signifiait l’égalité des sexes et le respect des femme. Mais ce qu’ils ont aussi déclenché, c’est surtout d’ouvrir tout grand les vannes des amalgames faciles, de la peur instinctive, du racisme grandissant à l’égard des réfugiés de la guerre qui ont, eux, vraiment, besoin du refuge que nous devons leur offrir.

 

Je voudrais oublier que les bombes ne tuent pas que des fous criminels mais aussi des innocents, faisant croître par là le ressentiment envers l’occident et augmentant ainsi le vivier dans lequel sont recrutés les désespérés qui prendront la relève des terroristes éliminés. Oublier aussi qu’Erdogan fait massacrer les Kurdes alors même que ce sont  presque les seuls, en tous les cas les plus efficaces dans la région, à faire vraiment obstacle à l’état islamique.

 

Je voudrais oublier que chez nous aussi, en Suisse tout comme en Italie, existent des inégalités crasses, des profiteurs et des exploiteurs, du chômage, des travailleurs pauvres, de la solitude, de la misère, du désespoir. Oublier aussi la fuite en avant de certains de nos jeunes dans un tragique « no futur » noyé dans les drogues dures, l’alcool, la délinquance ordinaire, la violence gratuite et même parfois en répondant aux sirènes extrémistes, qu’elles les emmènent en Syrie ou leur fassent lever le bras droit à la façon des admirateurs de ce triste assassin moustachu qui a terrorisé le monde de 1939 à 1945.

 

Bref, quand il y a trop, quand ça déborde, je me rappelle simplement ceci :

 

Camus disait qu’il n’ y pas de honte à être heureux et que la plus grande générosité envers l’avenir consistait à tout donner au présent. J’ai envie d’ajouter que chaque jour de vie est un cadeau et que c’est bien pour ça qu’on l’appelle le présent. Et ce présent, je veux l’accepter.

 

Je me suis donc donné la discipline de me focaliser chaque jour sur une bonne nouvelle, un événement joyeux, une anecdote positive, bref sur n’importe quoi qui puisse générer en moi contentement, sourire, émotions positive et même rire aux éclats.

 

Il n’y a pas besoin de chercher midi à quatorze heures : les raisons de se réjouir sont à portée de main : la seule existence mon épouse (qui, soit dit en passant, est le plus cadeau que m’avait fait la vie)… Là, Pierre s’arrêta pour étouffer un sanglot puis reprit :

…un geste de tendresse, les rires des enfants, un peu de soleil sur la neige ou dans le regard des passants, des gestes d’entraide et de solidarité, une plaisanterie, un coin de montagne, un verre de vin partagé, un bon repas, un livre à lire, un coucher de soleil, et tant d’autres choses…

 

Je ne rends service à personne en me morfondant. C’est justement en me plongeant dans ces éphémères bouffées d’oubli et en m’éclaboussant de ces joies répétées et passagères que je puise chaque jour la force de m’indigner, d’espérer et de contribuer à mon très modeste niveau, à inventer une terre plus vivable et un avenir plus heureux pour tous les pitchouns d’aujourd’hui.

 

Mais bon, avant de refaire le monde, j’avoue que mon premier souci est quand même de sortir d’ici au plus vite, et vivant !

 

Alicia les avait observé sans rien dire. Elle profita du court instant de silence qui s’était installé pour prendre la parole :

 

–       En gros les amis, je suis tout à fait d’accord avec vous même si je n’ai pas les mêmes mots que vous pour le dire. Je vous aurais croisé dans un bar à tenir ce genre de discours, je serais partie en courant ou aurais rigolé en douce de ces intellos qui se la pètent mais qui sont incapables de faire tenir deux briques ensemble, de planter un clou droit, de traire une vache, de faire une une simple tarte aux myrtilles ou même de passer l’aspirateur.  Et attention, à force de péter plus haut que son cul, le cul prend la place du cerveau !

 

Bon, je vous charrie. Faites pas attention…

 

Mais aujourd’hui, c’est différent. Moi je veux d’abord sortir d’ici et je le ferai même si je dois risquer ma peau parce que je n’en peux juste plus. Et autant j’admire et j’approuve vos discours, mes intellos chéris, autant je ne connais que deux vraies manières à disposition pour oublier, ce sont le rire et le sexe. Et le rire, excusez-moi, mais c’est pas évident de l’activer dans notre situation.

 

Je t’avais dit Pierre, que je ne voulais pas de toi il y a trois semaines quand Josepa m’a rappelé que j’avais un corps et des sensations à ressuciter. Aujourd’hui, je veux oublier où nous sommes et ce qui nous arrive. Je veux oublier en faisant l’amour. Je te veux sur moi, en moi, partout. Je veux que tu me déshabilles en me disant que tu me veux, et que tu m’aimes même si ce n’est pas vrai et la réciproque non plus. Je veux que tu me prennes, que tu me fouilles en grognant, en criant, en disant des gros mots si ça te vient.

 

Josepa, j’aimerais que tu ailles prendre une douche ou que tu t’enfermes dans la salle de bain avec un bouquin. Je veux cet homme rien que pour moi juste une petite heure. Je veux oublier que j’ai perdu Matteo, je veux, je veux vivre nom de Dieu, je veux vivre !

 

En disant ces mots, Alicia s’effondra en sanglots. Pierre et Josepa échangèrent un regard et cette dernière empoigna la petite télévision dont les cables, heureusement étaient d’une longueur suffisante et la porta dans la salle de bain. Elle l’alluma, monta le son et ferma la porte.

 

Pierre prit Alicia dans ses bras sans rien dire, se contentant d’essuyer les larmes qui ruisselaient sur le visage de la jeune femme. Ils restèrent ainsi un instant, immobiles. Alicia sècha alors elle-même ses larmes, se moucha et entreprit d’ôter la chemise de Pierre. Elle ôta son chemisier,  dégrapha son soutien–gorge et commença à se frotter langoureusement la poitrine contre celle de Pierre jusqu’à ce que ses têtons durcissent et se dressent. Elle guida la main de Pierre vers son entrejambe en même temps qu’elle caressait le sexe  de son partenaire par dessus le pantalon. Sentant sous ses doigts le pénis maintenant en érection, elle se détacha de son partenaire, recula d’un pas et entreprit de lui ôter ses pantalons et son caleçon, en même temps qu’elle faisait valser sa jupe et sa culotte. Elle s’étendit sur le sol, et dit simplement : «  viens maintenant, lentement, longtemps ! ».

 

Pierre commença par embrasser sa vulve et sucer son clitoris tout en lui pétrisssant la poitrine. Il attendit qu’elle commence à gémir de plaisir avant de la pénétrer lentement et d’imprimer à son corps un mouvement de va et vient qu’elle accentuait et accompagnait de ses mains posées fermement sur les reins de Pierre. Elle ne tarda pas à crier de plaisir et son orgasme précéda de peu celui de Pierre qui, contrairement aux attentes d’Alicia, n’avait rien dit mais laissa échapper au moment de la jouissance, une cri rauque à mi-chemin entre le gémissement de plaisir et le sanglot.

 

Après quelques minutes, elle le repoussa doucement, lui déposa un baiser sur les lèvres, murmura « merci » et se rhabilla avant d’aller ouvrir la porte de la salle de bain et inviter Josepa à venir les rejoindre.

 

Josepa entra. Elle ne disait rien et avait l’air bouleversée. Pierre s’enquit immédiatement si c’était sa mise à l’écart momentanée demandée par Alicia qui l’avait heurtée. Elle secoua la tête en ajoutant :

 

–       Non, pas du tout. Je suis très heureuse que vous ayez pris ce moment tellement important dans les circonstances que nous vivons tous les trois. J’avoue que j’en avais aussi envie et en fermant la porte de la salle de bain, je me suis rappelé que j’ai joui très fort il y a quelques semaines et que c’était bon et nécessaire. Mais c’est pas ça qui me fait tirer cette tête. Je suis tombée sur une émission qui s’appelle « mystères  » où ils parlent des enquêtes non résolues. Ils ont parlé de nous en reprenant une émission d’une chaîne de TV italienne.

 

–       Oui et alors ? qu’est-ce qu’ils disent ?

 

–       Ils ne savent pas du tout pourquoi nos conjoints ont été assassinés ni pourquoi  nous avons disparu. Ils ont fait toutes sortes de suppositions qu’aucune preuve, qu’aucun fait concret ne pouvait confirmer. Mais le plus important Pierre, c’est que ta femme est vivante : Après plusieurs mois de coma, elle s’est réveillée mais ne se rappelle de rien. Alors, quand j’ai entendu ça, j’ai su que je n’oserai plus te demander de me refaire l’amour, même juste une fois, même si j’en crève d’envie maintenant et que j’en ai besoin pour me sentir vivante.

 

Pierre la regarda d’un air stupéfait, poussa un grand cri et éclata en sanglot. Les deux femmes s’approchèrent et l’entourèrent de leurs bras, en silence.

 

******

 

Jean-Rodolphe était satisfait. Ses deux dernières lui tournées avaient permis de placer ses cafés dans une dizaine d’établissements publics et son employeur lui avait octroyé la prime prévue dès que l’on dépassait un certain chiffre d’affaires. Il avait maintenant presque une semaine pour préparer sa prochaine prospection qu’il effectuerait dans les Alpes de Haute Provence cette fois.  Et dans moins d’une année, il arriverait à la date fatidique à laquelle il avait prévu d’envoyer ses hôtes devant le jugement dernier. Tout se passait bien : aucune tentative de révolte ni d’évasion n’avait eu lieu et tout se passait comme prévu. Yann obéissait à ses ordres à la lettre et aucun incident n’avait émaillé apparemment en tout cas, ses absences répétées pendant lesquelles il laissait le soin à son neveu de veiller à la bonne marche de la maison, d’en éloigner les intrus et surtout de maintenir la discrétion la plus totale.

 

Il décida d’entreprendre un grand nettoyage de ses dépendances dans lesquelles il entassait une quantité d’objets inutiles. Une des anciennes écuries servait d’atelier à Yann qui y réparait la tondeuse, la débroussailleuse, le petit tracteur ou réalisait pour son plaisir de menus bricolages qui devaient lui rappeler son enfance en institution. Son dernier dada était de remplir de sables et de terres différentes, agrémentées de fleurs sèchées, des bouteilles de verre ou de PET de formes différentes.

 

Après avoir débarassé les deux autres locaux de caisses de magazines religieux, de clous, de vis, de meubles cassées et d’autres nids à poussière accumulés au fil des ans, Jean-Rodolphe jeta un coup d’œil dans l’atelier de Yann. Il aperçut deux bouteilles posées sur l’établi, l’une en PET  l’autre en verre, prêtes à être laver pour devenir les futures œuvres d’art de son neveu. La bouteille en verre avait comme une tache blanche à l’intérieur. Jean-Rodolphe s’en approcha et guigna par le goulot. Il remarqua alors un papier et se saisit d’un long tournevis pour tenter d’extraire ce corps étranger qui aurait à coup sûr dérangé son cousin. Ayant enfin réussi à extraire le papier, il vit que celui-ci était couvert d’une écriture manuscrite. Il n’eut pas besoin de longtemps pour s’apercevoir que les noms de ses hôtes étaient mentionnés avec la remarque : « nous sommes prisonniers d’un homme dérangé et dangereux, dans la cinquantaine, presque chauve, ayant un neveu prénommé Yann apparemment handicapé mental, quelque part en France, vraisemblablement dans la partie Sud de ce pays ».

 

Il se précipita dans la maison et entra en trombe dans la cuisine où Yann mettait la dernière main à la préparation du repas du soir qu’il s’apprêtait à servir, d’abord à leurs captifs avant de le compléter par un dessert pour lui et son oncle.

 

–       Yann, Yann, les bouteilles !

 

–       Quoi les bouteilles ? elles ne sont pas encore belles, je les finirai demain et te les montrerai…

 

–       Il ne s’agit pas de ça ! Qu’as-tu fait des autres bouteilles, les nôtres et celles de ceux d’en bas ?

 

–       Je les ai apportées à la déchetterie, comme tu me l’avais demandé. J’en ai juste gardé quelques unes pour mes vases.

 

–       Imbécile !

 

–       Pourquoi tu me dis ça tonton. J’ai cru que tu les aimais bien mes bouteilles remplies jolies…

 

–       Laisse tomber Yann. Oublie. Je m’énerve pour rien, Je suis fatigué.

 

–       Tu travailles trop, c’est pour ça

 

–       Sûrement.

 

Jean-Rodolphe renonça à sermonner Yann. Le pauvre, il ne comprenait pas grand chose et ne pouvait pas imaginer que leurs prisonniers tenteraient d’attirer l’attention de cette manière. Il faisait de son mieux pour exécuter les ordres et comprenait juste que ces trois-là devaient être punis pour le décès de sa mère et de sa tante. Cela dit, cette nouvelle le contrariait. On ne savait pas qui pourrait éventuellement manipuler ces bouteilles et apercevoir ce message. De plus, il venait d’apprendre aux informations qu’un appel à témoins venait d’être lancé pour retrouver un homme dans la cinquantaine, ganté, qui aurait expédié un colis depuis la poste de Bourg-de- Péage.

 

Il sentait le danger approcher. La conjonction de ces deux informations pourrait bien amener la police jusqu’ici. Il devait prendre une décision.

 

( à suivre au chapitre 9)

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