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© 2020-2024 Kurt Fidlers

Nouvelle ayant pour thème "Sous les galettes, la page", où comment l'érotisme d'un effeuillage vient perturber la sérénité d'une plage.
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Délicatement, elle s’effeuillait, en mouvements suaves qui, emportés par le vent marin, mourraient sur les regards alentours, dissimulés derrière les lunettes noires.

On admirait, discrètement par-dessus les carreaux fumés, par crainte de dévoiler à sa moitié l’objet de son attention. Un éclat perlé d’eau saline vint se ficher aux commissures des lèvres que l’on décrochait d’une langue rose gonflée.

Sa jupe glissa et se répandit sur les galets, dévoilant l’échancrure délicate de sa chute de rein, les courbes sensuelles de sa pêche douce et ferme, et de ses jambes aux teintes cuivrées. L’enchaînement du mouvement dévoila une poitrine ample et ronde, gorgée du plaisir muet du spectateur que ce ballet enivrait.

Faisant momentanément fi de l’attention qui lui était accordée, elle laissa choir deux opercules finement dentelés sur les cailloux que le pâle soleil d’octobre ne réchaufferait pas.

L’agréable brise vint s’enrouler autour du corps nu, tandis qu’une main douce et naïve parcourait ses galbes comme cherchant d’inexistants défauts. Elle se retourna, lança un bref regard, subitement soucieuse qu’on eut pu la surprendre à s’effeuiller. Le délicat visage ovale, parsemé d’yeux bruns en amandes, encadré par une chevelure de jais ondoyante, chercha.

Les verres noirs s’abaissèrent, l’observation du spectacle interdit était condamnable autant par l’effeuilleuse que le ronflement à ses côtés.

Soudain, on se musèle, on se censure sur l’image d’un instant de bonheur, n’osant se lever pour rafraîchir cette raideur qui venait d’envahir ce corps chétif, en manque du soleil de juillet à septembre. On se retourna sur sa serviette, persuadé d’avoir été pris en flagrant délit, attendant la sentence, muscles tendus. Mais la condamnation ne vint pas.

Subsistait la tension que même les galets froids ne réussissaient à atténuer. On se remit sur le dos, cherchant le corps magnifiquement dénudé.

Disparu, avalé par la mer, il n’était plus qu’un souvenir, un fantasme qui se suppléerait parfaitement lorsque le ronflement se ferait gémissement. Qui était donc ce tortionnaire qui avait inventé les plages de nudistes ?

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