Créé le: 26.12.2019
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Le Sapin et l’Enfant

Contes, Noël, Pour les enfants

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© 2019-2024 Naëlle Markham

Préface

1

Un petit garçon rencontre un sapin qui est en danger à cause de la sécheresse. Il en appelle au Père Noël pour le sauver (voir la suite sur la Préface)
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Un petit garçon rencontre un sapin qui est en danger à cause de la sécheresse. Il en appelle au Père Noël pour le sauver.

 

Donc bien sûr, c’est un conte de Noël à lire au premier degré.

 

Mais, comme pour les Astérix, il y a une seconde lecture en arrière-plan, et elle parle d’écologie, de sécheresse, de climat, et du fait que personne ne pourra nous faire de cadeaux, pas de coup de baguette magique pour soigner le problème, ce n’est pas du ressort d’un Père Noël tout puissant. Comme nous n’avons pas été sages, pas de miracle pour nous, il y aura un prix à payer pour la dégradation de la nature et du climat, et ce prix risque d’être élevé.

 

Mise à jour du 30.07.2020 : ce texte a été écrit dans le cadre d’un concours « Et si la neige ne revenait pas ». L’une des conditions était de le situer dans le canton de Fribourg. Le concours étant passé, rien ne s’oppose à ce que je le rapatrie en Valais, sur sa terre d’origine, n’est-ce pas ?

P.S. : À ma connaissance, il n’y a pas de lynx dans le Bois-Noir et par ailleurs il a pratiquement disparu en Valais (les experts mettent en cause le braconnage – une fois de plus la culpabilité humaine…).

Le Sapin et l'Enfant

2

1ère partie

 

Il était une fois, tout là-haut dans la forêt du Bois-Noir, à l’orée de la montagne, un immense sapin solitaire. Regardant vers la plaine, il vit que les feuillus avaient commencé à se dénuder. L’hiver serait bientôt là, un hiver qui ne méritait plus vraiment son nom. Bien sûr, le froid glacial viendrait l’enserrer dans ses griffes, le vent du Nord secouerait ses branches et les brumes épaisses lui cacheraient le soleil. Mais cette année encore, il n’aurait sûrement pas droit à son manteau blanc. Depuis des années, la neige les avait quittés, lui et ses congénères. Les autres, un sanglot l’étrangla, les autres n’avaient pas résisté à cette sécheresse persistante, il était le dernier survivant, mais pour combien de temps encore?

 

– Et si la neige ne revient pas cette année, que va-t-il m’arriver? Est-ce que le moment est venu pour moi de me coucher sur la terre, à côté de mes compagnons, et de me réduire lentement en poussière ? Je suis jeune encore, à peine 200 ans, même pas le milieu de ma vie, et pourtant je sens que je faiblis…

 

Il ne pouvait partager sa détresse avec personne, pas un renard, pas un lynx dans ce désert de rochers géants; un aigle le survolait parfois, mais celui-ci préférait aller se percher sur le piton qui le dominait quelques centaines de mètres plus loin. Même la mousse avait séché sur son tronc. Seul, il était désespérément seul.

 

Depuis bien longtemps, il n’avait pas aperçu ces petits êtres bizarres et sans fourrure, qui se tenaient sur deux pattes comme des oiseaux; il ne les avait pourtant jamais vus voler, ils n’auraient pas pu de toute façon, enveloppés comme ils l’étaient dans de grandes feuilles de toutes les couleurs. Et étaient-ce bien des ailes ces drôles de branches qu’ils agitaient dans tous les sens? Tant mieux s’ils ne revenaient pas, ces oiseaux-loups, son écorce le démangeait encore là où ils s’étaient amusés à le griffer. Sans compter qu’ils étaient affreusement bruyants, avec leurs cris démultipliés par l’écho.

 

Il aurait bien voulu leur dire sa façon de penser à ces sauvages, mais alors qu’il pouvait communiquer sans peine avec toutes les plantes et tous les animaux, pas moyen d’entrer en contact avec eux. Ils semblaient n’avoir jamais eu, ou perdu, le lien par lequel passaient toutes les connexions entre vivants. Comme s’ils étaient des cailloux, inertes. Et pourtant ils bougeaient…

 

Le sapin plongea dans une profonde méditation. De cette façon, il ne sentirait pas trop la morsure de la soif qui tenaillait son corps jusqu’au tréfonds de ses racines. Détaché de la réalité, il ne perçut pas l’approche des humains.

 

– Papa, papa, regarde l’arbre là, il est immense et il est encore tout vert, lui.

– C’est un sapin, mon chéri. Même en hiver, il garde toutes ses aiguilles.

– Mais pourquoi il est si triste? Et pourquoi il est tellement malade?

– Qu’est-ce que tu racontes? Il a l’air en pleine forme… même si c’est bizarre qu’il soit tout seul….

– C’est pour ça qu’il est triste, ses amis et ses enfants sont morts de soif, et lui aussi va mourir si son manteau ne revient pas.

– Son manteau? Mais enfin, de quoi tu parles?

 

L’enfant s’approcha du grand arbre jusqu’à l’effleurer. À ce contact, le sapin émergea de sa torpeur. Il observa avec curiosité le louveteau-oisillon qui maintenant, oublieux de son père, s’adressait directement à lui.

 

– Tu voudrais de nouveau avoir ton manteau pour ne plus avoir soif, pas vrai ? Si tu m’expliques où je peux le trouver, je demanderai à mon papa, c’est le plus fort du monde. Tu verras, il retrouvera ton manteau et tu ne seras plus jamais ni seul ni malade.

 

Dans son dos, son père, interloqué, se dit que son petit garçon avait, une fois de plus, découvert un ami imaginaire. Après les moineaux dans leur jardin et les lézards près de son école maternelle, le voilà qui remettait ça avec un sapin. Résigné à cette nouvelle lubie, il s’installa au pied de l’arbre et commença à déballer les provisions pour piqueniquer.

 

– Petit louveteau, tu m’entends réellement ? Quelle surprise ! Jamais un de tes semblables n’y est parvenu. J’en suis très heureux.

– Petit louveteau ? Moi ?

 

L’enfant éclata de rire, un son frais et cristallin qui se répercuta au milieu des immenses rochers environnants.

 

– Je ne suis pas un bébé loup moi. Je n’ai pas de fourrure moi, ni de queue, ni de griffes. Je suis juste un petit d’homme.

– Un petit d’homme ? C’est ainsi qu’on appelle ton espèce ? Les hommes ? J’en ai si peu vu et aucun ne s’est jamais adressé à moi, alors je ne savais pas. Dis-moi, pourquoi portes-tu ton nid autour de ton corps ? Tu as l’air pourtant assez grand ?

–  Mon nid? Sur moi? Tu me fais trop rire. Ce sont des vêtements! …pour me tenir chaud!  Sinon je pourrais mourir de froid ici. Près de la mer, je pourrais vivre sans habits, car il y fait très chaud, mais pas chez toi.

– La mer? Qu’est-ce que c’est la mer?

– C’est de l’eau, plein plein d’eau qui bouge tout le temps en faisant des vagues. Imagine qu’à la place de la forêt en bas dans la plaine, tu ne voies que du bleu, et que tout ce bleu c’est de l’eau, c’est ça la mer.

– Oh! j’aimerais tellement être près de la mer avec autant d’eau. J’ai tellement soif, depuis si longtemps, je pourrais boire la mer…

 

Le petit garçon s’esclaffa à nouveau.

 

– Tu détesterais ça, l’eau n’est pas bonne, elle est pleine de sel. Crois-moi, j’en ai bu sans faire exprès et ce n’était vraiment pas bon.

 

Redevenant sérieux, il continua:

 

– C’est pour ça que tu veux retrouver ton manteau? Pour boire de l’eau? Tu ne m’as toujours pas dit où le trouver, ce manteau?

– Avant, il venait du ciel. Quand les feuilles des autres arbres commençaient à roussir et à tomber, quand le froid s’installait, je savais que la neige allait tomber du ciel et me couvrir de son manteau. Mais elle est partie depuis si longtemps. J’ai peur qu’elle ne revienne jamais.

– La neige? Qu’est-ce que c’est la neige? J’ai bientôt six ans, et la seule chose que j’ai vu tomber du ciel, c’est la pluie.

– La neige, c’est une pluie sans gouttes, une pluie de petits cristaux de coton, une pluie si froide, que les gouttes se transforment en flocons tout légers et vaporeux, et ces flocons se posent en couche épaisse sur les arbres, sur les montagnes, sur la terre. Voilà mon manteau … Et quand l’hiver s’achève et qu’un peu de chaleur revient, la neige fond, les flocons deviennent de l’eau, et l’eau pénètre dans la terre où, grâce à mes racines, je peux la boire. Tu comprends maintenant combien c’est compliqué pour moi de me désaltérer.

 

– C’est vrai que, dans ma maison, c’est beaucoup plus facile, admit l’enfant. Donc, pour guérir, tu as besoin que la neige tombe du ciel ? Mon papa sait tout faire, mais je ne crois pas qu’il puisse faire tomber la neige. Déjà que quand il pleut, il dit que personne n’est capable de l’empêcher. Alors, faire le contraire, j’imagine que c’est pareil, personne…

 

S’interrompant dans sa phrase, l’enfant excité s’adressa à son père stoïque :

 

– Papa, papa, le sapin a très soif. Il m’a fait trop rire, il m’a dit qu’il pourrait boire la mer. Je peux lui donner une des bouteilles d’eau ? Comme ça il aura un peu moins soif en attendant la neige….

– La neige ? Valentin, comment sais-tu que la neige existe ? Il n’y en a pas eu depuis très très longtemps, avant même ta naissance.

– Je te l’ai dit, c’est le sapin. Il a besoin de neige, mais je ne sais pas comment faire. Il est si malade et il va mourir si la neige n’arrive pas.

– Désolé Valentin, à moins d’un miracle, je ne vois pas ce qui pourrait le sauver.

– Un miracle ? Qu’est-ce que c’est un miracle ?

– Ouh là! Tu m’en demandes des choses. Un miracle c’est quelque chose qui normalement est impossible, mais quelquefois, si tu le souhaites du plus profond de ton cœur, alors cette chose impossible peut se réaliser.

– Un peu comme ce que je mets dans ma lettre au Père Noël alors?

 

Le père sourit, attendri.

 

– Oui, mais en beaucoup, beaucoup plus difficile. D’ailleurs, il serait bientôt temps de lui écrire, non ? Tu as déjà pensé à ce que tu veux lui demander, au Père Noël ?

 

2ème partie

 

–  Courtaud, Ravineur, au trot par ici, le courrier ne va pas s’ouvrir tout seul. D’autant que cette année, il me sort par les oreilles, je n’en peux plus de ces gamins pourris gâtés. Tous les mêmes….

 

Père Noël, ronchon comme à son habitude, circulait entre les immenses tables couvertes d’enveloppes et de cartes de toutes les formes et de toutes les couleurs. Cette année encore, les enfants s’en étaient donné à cœur joie et il ne restait que cinq jours pour tout préparer. Il soupira de mécontentement :

 

– Regardez-moi ça: des tablettes, des téléphones, des ordinateurs, des logiciels. Tout pour être encore plus isolés. De la solitude en cadeau, et de la pollution en bonus. Tous ces gadgets bourrés de produits dangereux vont nuire aux enfants et à la Terre. Ma banquise a déjà commencé à craquer tant le climat est détraqué. Rares sont ceux qui sont conscients de la catastrophe imminente, la majorité des humains préfère jouer les autruches. Ah que je regrette l’époque où offrir une orange était le plus beau des cadeaux. Fichu monde….

 

Pendant quelques minutes, toujours bougonnant, il supervisa ses lutins, donna les consignes d’usage à cette époque de l’année et retourna se terrer dans son bureau, où Mère Noël n’oserait pas le déranger. Une petite sieste, voilà qui lui ferait le plus grand bien, les prochains jours allaient être rudes.

 

– Père Noël, Père Noël, il faut vous réveiller. On en a une, enfin on en a reçu une !

– Qui ? Quoi ? Comment ?

 

Père Noël sursauta et, un œil encore endormi et l’autre à moitié réveillé, réagit à retardement à l’avalanche de lutins qui s’étaient agglutinés autour de lui.

 

– Qu’est-ce que vous faites ici ? Dehors ! Mon bureau, c’est sacré, personne n’y entre, vous le savez bien! Même Mère Noël a interdiction d’y mettre les pieds. Zou ! Dehors tout le monde !

 

Les lutins, pris par leur excitation, ne l’écoutaient pas :

 

– On en a une, on en a une !!

– Et d’un, vous sortez, et de deux, vous me raconterez après ce qui vous arrive, vu ? grogna Père Noël intraitable.

 

À contrecœur, les lutins quittèrent la pièce et attendirent que Père Noël se décide enfin à les rejoindre. Les mains sur les hanches, il fixa la petite foule qui piaffait d’impatience.

 

– Voilà, je suis là, que se passe-t-il ?

 

Sans plus de commentaires, Courtaud lui mit une missive sous le nez. Père Noël la lut, en écarquillant les yeux. Puis les lutins le virent qui s’essuyait discrètement une larme pendant qu’un immense sourire fleurissait entre sa barbe et sa moustache.

 

– C’est elle ? C’est bien elle ? crièrent les lutins en chœur et à tue-tête.

 

– Oui, c’est bien elle. Je l’attendais depuis si longtemps et c’est Valentin qui nous l’envoie, de St-Maurice, une petite ville en Suisse. Je vais vous la lire sinon vous allez me casser les pieds jusqu’au jour de Noël pour savoir ce qu’il dit.

 

Bonjour Papa Noël,

Je m’appelle Valentin et j’ai six ans. J’habite avec mon papa, ma maman et mon grand frère à St-Maurice. Quand j’étais petit, avec l’aide de mon frère, je t’ai envoyé mes lettres pour te demander les cadeaux que j’avais envie de recevoir, et comme j’ai toujours été très sage, je les ai tous reçus. Merci encore Papa Noël.

Cette année, je n’ai pas envie de cadeaux, parce que je suis très triste pour un ami qui est très malade. Mon papa a dit qu’il lui faudrait un miracle, alors j’ai pensé à toi, je suis sûr que tu peux faire les miracles, si moi j’y crois très très très fort.

Alors Papa Noël, s’il te plaît, est-ce que tu peux faire un miracle ? C’est pour mon ami le sapin, tout là-haut au sommet de la Forêt du Bois-Noir, tu ne peux pas te tromper, il est tout seul au milieu d’un champ de cailloux. Il a juste besoin que tu lui envoies de la neige car il a tellement soif. Un beau manteau de neige, il m’a dit, qui fera de nouveau briller ses aiguilles et naître de nouveaux petits sapins. Il est tellement seul.

Merci Papa Noël

    Valentin qui a été très sage

 

– C’est bien ça, tout y est. Valentin ne demande rien, ni pour lui, ni pour sa famille, ni pour d’autres personnes. Premier critère rempli. Ensuite, il veut aider la nature, même s’il se rend compte que cela risque d’être impossible. Second et dernier critère rempli. C’est parti, mise en route du plan « Mère-Nuage ». Vite, vite, on s’active. Deux lutins à la réserve pour aller chercher le coffre de pierres précieuses, deux de plus pour aller préparer le traîneau et encore deux pour harnacher les rennes. Les autres, continuez votre travail.

– Père Noël ! Père Noël ! Qui viendra avec toi chez la Mère-Nuage ? Tu oses y aller tout seul ? Il paraît qu’elle est très méchante …

– Mais non, ce ne sont que des racontars ! Elle a toujours été charmante avec moi et ce n’est pas sa faute si sa voix fait peur à tout le monde. On y entend le bruit de tous les tonnerres, de tous les éclairs et de toutes les tempêtes du monde. Et dans cette cacophonie, personne ne peut entendre la neige, si timide, douce et silencieuse. Mère-Nuage me doit un service depuis bien longtemps et la lettre de Valentin tombe à point nommé pour lui rappeler sa promesse. Et si ça ne suffit pas, le coffre de pierres précieuses l’amadouera. Elle en a toujours besoin pour en saupoudrer le ciel. Qu’est-ce que vous faites encore là ? Allez, vite, vite, on bouge. Il ne reste plus beaucoup de temps.

 

3ème partie

 

Valentin n’arrivait pas à dormir, ne voulait pas dormir. Il lui fallait continuer à penser à son miracle, à y croire, encore et encore, et s’il dormait, il perdrait un temps précieux pendant lequel il n’y aurait personne pour y croire. Il se faufila hors de son lit, longea le corridor à pas de loup pour ne pas réveiller sa famille et pénétra dans le salon où un autre sapin, éclairé de mille feux, lui emplit les yeux d’étoiles. Un instant, il s’arrêta pour le contempler, mais revint bien vite à son premier objectif : sa chaussette. Avait-il reçu des nouvelles du Père Noël ?

 

Dressé sur la pointe des pieds, il glissa ses doigts dans le long bas rouge. Oui, il y avait bien quelque chose, un tout petit billet plié et replié. Il l’étala et le lissa avec précaution tout en s’approchant de la fenêtre éclairée par le lampadaire dans la rue. Il ne savait pas encore très bien lire, mais le billet enchanté lui transmit le message au creux de l’oreille.

 

Bonjour Valentin,

Je suis très heureux d’avoir reçu ta lettre car cette année, tu es le seul petit garçon qui, avant de penser à lui, a pensé à un être vivant ayant vraiment besoin d’aide, un être vivant sans être une personne.

Tu sais, Valentin, je ne peux pas faire de miracles ; ma spécialité, ce sont les cadeaux. Mais heureusement pour toi, je connais quelqu’un qui en fait, des miracles. Elle s’appelle Mère-Nuage, et quand je lui ai parlé de toi, elle a été aussi heureuse que moi de voir à quel point tu voulais aider ton sapin. Bon, j’ai dû marchander un peu, elle n’est pas tendre en affaires. Mais mon petit doigt m’avait dit qu’elle était toujours à la recherche de pierres précieuses pour les réduire en poudre et fabriquer ses nuages. Donc, elle a accepté de faire ce miracle pour toi, pour ton sapin, et pour tous les enfants et toutes les forêts de ce monde. Et moi, pour la remercier, je lui ai offert un coffret de pierres précieuses qui traînait chez moi. Alors tu vois, c’était un bien petit prix pour ce miracle.

Regarde donc par la fenêtre.

Avec toute notre affection.

de la part de Père Noël (Mère-Nuage, Mère Noël, et tous les lutins)

 

Ainsi, il regarda. Et il la vit, la neige. Des flocons, avait dit le sapin, de gros flocons blancs qui, tout doucement, tombaient en silence devant sa maison. Il ouvrit la fenêtre, tendit la main et en cueillit un qui fondit au creux de sa paume. Il observa la goutte et la posa sur ses lèvres.

 

– C’est de l’eau, c’est bien de l’eau. Mon sapin, je suis si heureux, tu vas avoir un très beau manteau. Je demanderai à papa et je reviendrai avec lui te dire bonjour. Je suis sûr que la prochaine fois qu’on se verra, tu seras en pleine forme et avec plein de nouveaux copains.

Alors, plus du tout soucieux de réveiller qui que ce soit, il se rua vers la chambre de ses parents et sauta sur leur lit.

 

– Papa, papa, la neige est revenue, la neige est revenue. Le miracle pour mon sapin, papa ! tu avais raison, il suffisait d’y croire très très fort. Papa, viens voir ! Maman, Maman ! il faut que tu viennes voir!!

 

4ème partie

 

Il était une fois, tout là-haut dans la forêt du Bois-Noir, à l’orée de la montagne, un immense sapin solitaire. Regardant vers la plaine, il vit que toutes les feuilles étaient tombées. L’hiver était là, un hiver qui ne méritait plus vraiment son nom.

 

Soudain, le message lui parvint de toutes les directions. Un petit d’homme avait demandé et obtenu un miracle. Un petit d’homme avait fait revenir la neige. Un petit d’homme s’était battu pour lui sauver la vie, leur vie à tous.

 

Quand les premiers flocons se posèrent sur ses branches, un immense soupir parcourut le grand arbre et des larmes de sève glissèrent silencieusement le long de son tronc. Toute la nuit, la neige continua de tomber jusqu’à le faire scintiller comme une statue de cristal au clair de lune.

 

Le sapin profondément ému inclina sa cime :

 

– Petit louveteau, merci… Petit oisillon, merci… Petit d’homme, merci…

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