Parmi les membres de la cour à Bruxelles, Anastase arrivera-t-il à déjouer les plans d'un maître chanteur ?
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Après avoir démasqué Le Renard au Touquet, démêlé l’assassinat de l’oligarque Oleg Pavlenko dans le wagon restaurant du transsibérien, aujourd’hui, Anastase L’Escuyer se trouvait en mauvaise posture.
L’affaire tenait en ceci : l’ex-enquêteur de la CIPC avait été invité à Bruxelles par François Van Schatelbeeck, un banquier proche du roi Léopold II. Il avait reçu plusieurs courriers anonymes dans lesquels on le dénonçait de financer les bolcheviks. L’auteur exigeait des sommes considérables en contrepartie de son silence. Anastase se l’avouait, les nobles n’étaient pas sa tasse de thé, il aurait volontiers décliné l’offre. Cependant, cette cour regorgeait d’un vivier d’affaires dont il avait grandement besoin en ces temps de disette. De plus, la police criminelle belge n’en était qu’à ses balbutiements, c’était donc l’occasion rêvée d’étaler le savoir-faire français à ces mangeurs de patates frites, et au passage, de remplir ses poches.
Après quelques jours, Anastase remonta une piste. Celle de l’encre, du timbre-poste, de la qualité du papier et aussi, d’une série d’empreintes laissées sur l’enveloppe par un malfrat peu au fait des nouvelles techniques d’investigations. Malheureusement, le registre des criminels belges, ne lui révéla rien.
Et ce soir, le gratin de l’aristocratie se tenait agglutiné dans les salons privés de l’hôtel particulier autour d’un Van Schatelbeeck plus volubile que jamais, Léon Flamand, son secrétaire personnel, constamment sur ses talons.
Anastase ruminait et observait à l’écart. Il ne perdait pas une miette des allées et venues des robes de soie et des smokings amidonnés. On l’ignorait, mais lui s’en fichait, l’affaire qui l’avait conduite ici le triturait plus que de raison.
Hildegarde la soubrette, elle, parcourait les salons avec des petites fours et du champagne. Quand soudain, lorsqu’elle s’approcha d’Anastase, celui-ci eut une révélation.
— Bon sang, mais c’est bien sûr ! s’exclama-t-il, surprenant la jeune femme qui faillit tout lâcher.
D’un bon pas, Anastase se dirigea vers François et lui murmura à l’oreille. Le banquier ouvrit de grands yeux et fit aussitôt tinter son verre. L’assistance se tut.
— Mes chères et chers amis, M. L’Escuyer ici présent a une révélation importante
à nous communiquer. Ça va être très amusant, je vous l’assure !
Les convives se tinrent suspendus aux lèvres du détective qui résuma l’affaire sous les murmures consternés.
— J’ai enfin trouvé l’auteur des menaces adressées à votre hôte… Bas les masques
Léon Flamand ! C’est vous !
L’accusé s’empourpra.
— C’est faux, je… je m’insurge.
— Insurgez-vous mon brave, mais il apparaît que votre assiduité à rédiger les
menaces vous a laissé des traces d’encre sur les doigts, celles-là même imprimées sur le tissu de Hildegarde lorsque vous l’enlaciez. N’ai-je pas raison ? Vous êtes amants. M. Van
Schatelbeeck l’a découvert et vous a menacé de la renvoyer, au même titre que vous. De là est née l’idée stupide de cette vengeance, n’est-ce pas ?
Hildegarde chancela. Van Schatelbeeck opina aux arguments du détective.
— Tout cela n’est qu’un tissu de mensonges ! Vous n’avez aucune preuve, cracha
Léon Flamand.
L’assistance retint son souffle.
— Nous en ferons la preuve au commissariat. Pour l’heure, François, s’inclina-t-il, il fait soif !
Les amants furent emmenés par le chef de la police criminelle et placés sous bonne garde.
Une fois de plus, Anastase L’Escuyer démêla l’affaire et put renflouer ses poches. Bientôt, quelques aristocrates l’abordèrent discrètement pour lui faire part des suspicions à l’égard de leurs maîtresses.
FIN
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