En attendant le printemps
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C’est une fort belle limousine et avec chauffeur en plus, tout de noir vêtu. Le véhicule aussi donne le plus souvent dans le noir et argent. Particularité, une place considérable à l’arrière tout entière dévolue au transport du VIP du moment. Pas de sièges cependant pour l’occupant, le voyage ne pouvant se faire qu’allongé dans une boîte plus ou moins confortable. Le service est attentionné, vous êtes porté précautionneusement, fleuri, encensé, et même regretté avec plus ou moins de sincérité. Cette journée exceptionnelle se terminant en apothéose soit par une cuisson définitive ou une résidence non moins permanente et en copropriété dans un espace bucolique réservé à cet effet.

C’est une expérience qui ne se “vit” qu’une fois sans possibilité de retour en arrière sauf si votre médecin et les assistants au transport n’ont pas réalisé que votre souffle n’était pas le dernier. Un tel cas peut s’avérer très angoissant si l’on ne peut signaler son état de passager clandestin à temps. Le seul bon moment étant la possibilité d’être à l’écoute des regrets, compliments et autres flagorneries dont vous serez couvert.

En attendant cette inévitable dernière course, je vous engage à profiter de ce que la vie offre de meilleur en commençant par évacuer tout ce qui l’encombre inutilement soit:

l’orgueil, l’arrogance, l’absence de générosité, le mercantilisme et les notoriétés de papier.

Commencez par vous concentrer sur la beauté en général, une fleur, un paysage, un oiseau, une femme… la beauté est partout. Enfin, chaque matin, après vous être lavé les dents, regardez-vous dans le miroir et à voix haute dite “je suis un mort-vivant et un taxi m’attend”.

Une bonne manière d’aller à l’essentiel car, comme dit le poète “Le temps qui passe ne se rattrape plus”