Créé le: 17.02.2019
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Le contraire de l’amour

Musique, Nouvelle

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© 2019-2024 André Birse

Nouvelle poétique, journal ire et elle. En partance vers un passé qui promet.
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Pour l’instant d’après, saisissable sur le moment, un bonheur sensoriel, matériel et idéal que l’on atteint par le mérite d’être soi et par l’accession au monde tel qu’il aurait toujours dû être et que je saurai transformer. Compassionnelle bienveillance et plaisirs ambivalents. Entre l’absolu et l’extra : tout à l’heure, j’écouterai Pink Floyd. Prolonger l’instant d’avant ces accords suprêmes qui révéleront tout. Corps musical, éveil créateur, esprit compositeur. Jouissance dans la force de l’avenir. Promesses dans les rêves et les propos d’autrui. Je suis au clavier. Ils ont vieilli. Très orgueilleusement humains. Désaffranchis et chenus. Rasés ou dénudés. L’un est parti, un autre n’est plus réapparu. A une exception près. Les désaccords ont tenu leurs promesses. L’avant-veille d’un déplaisir au lendemain survenu.

 

Les sons augustes des cors. Extases promises, images filmées, d’une folie, les ailes du moulin. Pink Floyd, les quarts de seconde d’attente et le ciel s’est refermé. Ils ont leurs caractères, différenciables et identifiés. L’un me fascinerait, l’autre m’aurait exaspéré. Ni ordre, ni grandeur ainsi définis. Lui, piquant mes souvenirs jamais survenus. Amis devenus. Celui qui est parti est parti. Le groupe, la bande-son, les ventes, et nos ailes redondantes. J’aurais pu aimer le scénario. Tourner autant que couper. Etre attentif et attendre de l’Etre qu’il le soit aussi.

 

Nombre de vues désormais, l’envers du décompte. Endroit du compte à rebours. Quelqu’un n’est pas venu. C’était l’autre et c’était toi. Les regards nostalgiques de ceux qui ont su saisir je ne sais quoi. L’essentiel post-individuel avait entamé son cours. Je n’en n’étais pas et avec lui persiste pourtant. Accord, harmonie cassée d’un samedi soir. Plus rien ne bouge et les sons continuent de s’effondrer. S’installer dans un fauteuil d’empereur et faire tourner. Atteindre enfin cette gloire musicale tout intérieure qui guérit les plaies et les absences. Toutes. Les siennes avant tout, celles aussi de celle et celui qui n’en furent pas. Pink Floyd encore enfant, atteint par les ondes, le flash. Des noms et des prénoms. Une histoire à tricoter. A faire et à refaire. Ancienne jusqu’à la désaffection. Il en adviendra ainsi de toute nouveauté dans la nuit gelée. Efficaces les ondes. Fugace mes tiennes espérances. Du temps, volatil, le renouveau personnifié.

 

Exclu du group, Syd. Puis son hyper présence. La vache, la lune, face noire, le mur et le labyrinthe de la perte. Les portraits avec torse, jambes et pieds. Extase et emphase de la nudité. Dans un quart d’heure, je me dirai encore que dans un quart d’heure j’écouterai Pink Floyd. Un condensé écarlate de mélodies épurées. Souhaité que tu fus là. Les mots enjambent les morceaux de siècles. Aller jusqu’aux mots censés dire tout dans les mouvements de la musique planante des Pink et des Floyd. Avec et sans soleil. Dans les espaces fragilisés par des existences personnifiées et fiables.

 

Le vol de l’inconscience. Sur une autre planète, puis vers et avec d’autres astres. La musique ne compte que pour et par elle-même. Elle oubliera de s’en aller. Je le pressens parfois en écoutant les ex de Syd Barret qui nous ont permis de ne pas éclater sans rougir. Dans un quart d’heure, peut-être. Roger Waters n’aimait pas le public. C’est quelqu’un de contrarié. Mélopées de l’asservissement. David Gilmour était là pour jouer. Noblesse dirait-ton. Nick et Richard ont scandé le chant asymétrique des meules jusqu’à l’exhaure.

 

Il reste du monde sur les écrans, de dix ans en dix ans. Pas un instant, je ne croirai que les moulins répandent des contre-vérités. Le chant simplement des ailes et du vent, un oiseau rose superbe et finement silhouetté qui ne prend garde qu’à l’instantanéité de ses envols. Image surfaite. Sûr de soi pour le dire. Les corps embaumés de ton vivant pour ne plus fuir l’ivraie. Un autre groupe charmeur et défait. Il ne pouvait en aller autrement. Magnifique et décevante épopée à l’image de tout ce qui s’ensuit quel que soit le sens de la déroute du temps, que l’on se contracte ou se décontracte universellement, Pink Floyd ne pouvait pas durer, ni le groupe de Georges ou celui d’Agnetha, ni les couples qui vivaient alentour. C’est une immense promesse et une suite de séparations sèches. Reste la musique, il est vrai. Mais la musique et l’amour ne me semblent se concevoir que pour l’avenir avec des exigences de grandeurs qui émaillent les cœurs en chacun. Un cœur par personne, par être vivant, un cœur. Un seul. Je suis surpris, à bien le considérer, de la place qu’aura prise la musique rock et pop ou psychédélique dans une vie que je fais mienne.

 

Un son prometteur dans l’une des cavernes de ce qui aura été le réel, tout collectivisé et si individuellement perçu. C’est ainsi que je le vois. Le contraire de l’amour. A la base, avant même mes huit ans, j’étais auditeur de hit-parades. Je n’en prends plus la peine mais le suis resté. Par genre musical, thème littéral, visites chez les peintres. Animation d’un réel personnel amélioré. Patienterai-je jusqu’à mes réauditions attentives et savantes de Pink Floyd. Je n’en suis pas là. Milieu des livres, enchaînement des histoires, diversification des faits. Un goût épuisable pour le tout. On attend sur scène que le groupe reconstitué enchaîne avec un succès qui ne nous aura pas échappé.

 

Les sons issus des images qui leur correspondent. Quatre portraits musicaux, initiation adolescente à l’art graphique. Tout cela est vrai depuis un bout de temps, impliquant une émergence qui ne se confirme pas. Une mauvaise relation. Un entre-deux riche autant que vain. L’inimitié place ses pions. Comment croire à la beauté du tout avec de telles incrustations. Il faut faire avec, comme si c’était différent. Les promesses d’avant l’existence n’ont jamais eu cours. C’est en prenant conscience que, par phénomène de vagues, l’on entraîne avec nous des élans prometteurs. Tout aurait été dit aux gisants attentifs. Réécouter de vieux albums ou s’en extraire et redonner vie à la promission. Ce fut un demi rendez-vous avec Pink Floyd. Un univers personnel désagrégé, une réalité sociale surfaite. L’inventivité des images et les caresses prometteuses du son ont connu le même sort que l’animal représenté en ballon qui s’est enfui par les airs. J’ai attendu pour des amis qui n’ont plus bougé. Figés sur la pochette dans les bacs et dans les charts. Je ne cesse de commencer mon histoire avec Pink Floyd en dévalant les pentes raides et rude de l’existentialité.

 

Je le comprends maintenant, c’est « atome heart mother » enregistré en octobre 1970 qui me vint droit au cœur sans que  je ne m’en fus aperçu. J’avais douze ans et c’est en effet au sein même d’un monde désatomisé, que ces cuivres revenaient très haut au fond de soi. Les silences, les fonds sonores révulsés avec leurs fruits psychologiques à la clef. Merveilleux et inaudibles, je ne me savais pas être venu au monde pour ça. La dernière partie, je l’écoute à l’instant était nommée « remergence », et les notes sanguines annoncent un retour. J’attends des voix inentendues. Il est préférable d‘être juste atomiquement. Au fond du disque, derrière les guitares. Des notes au clavier avec le violoncelle. Elles sont là. Toutes à moi dans mes cœurs, en bonne intelligence émotionnelle avec ceux qui chantent. Ecouter qui avec toi ? Les cordes harmonisées, le dépassement des doigts ravis. Ce moment est superbe. L’entente autant que l’attente.

 

On joue mère au cœur d’atome aujourd’hui comme si il et je avaient toujours existé. Pink Floyd m’a surpris dans une désinvolture initiale, ravalement de façade. Quelques notes annonciatrices. Récurrence des avalanches repérables autour de soi. Trois notes en partant. Tu ne l’emporteras pas avec toi. Qui étais-je, seul et vivant, en auditionnant cette musique intérieure que l’on ne dévoilera plus ? C’était un âge. Doublement. Une furtive épopée dans ses déchaînements annonciateurs d’un autre vide en complément. On me tend le nouvel album. Il faut écouter ça visuellement. Assurer ses lendemains. J’ai tout fait juste et le claviériste n’en a rien su.

 

David Gilmour de Cambridge répond aux questions d’Andrew Marr sur BBC, salon de bienséance. Roger Waters s’obstine sur la Palestine. Leur étrange et naturelle opposition porte ses fruits. Ce ne sont que des morceaux éparpillés dans des milliards de cerveaux. On ne sait pas. Certaines réalités se mettent à notre place. Ça commence. Bientôt nous seront en plein boum, cymbales, timbales et trompettes. Il me sera difficile de rester droit. Faute d’avoir su combattre toutes les inanitiés, je poursuis telle une araignée en ses arpèges l’accomplissement d’un devoir être qui ne cite pas ses sources. D’Angleterre nous vint un groupe de musiciens qui accompagneront le triomphe de l’amour en toi. Leur son opère une provisoire mutation. Puis,  nous passons d’un état à l’autre. Vérité des savoirs jusqu’au très hautes sphères du métal, du mental et de l’âme faute d’en être ou d’y croire. Le microsillon s’avère utile en ces arcanes enfouis. Rien ne vaut un après-midi de pluie.

 

David a reconnu chez Andrew  que “maîtres d’écoles laissez nos enfants tranquilles” ne serait plus acceptable aujourd’hui. Sans manquer de respect au travail nécessaire et essentiel des professions de l’éducation, contrairement à lui je persisterais en cette phrase. Nécessaire critique de l’emprise.  Semblable message à la justice et à la démocratie. Vénérables institutions, oracles de vérité. Seul en scène, englouti dans le silence, j’entame un solo de guitare à destination du vide sidéral et des cœurs tendus. Nos destins d’oisillons qui demandent attention  de qui l’on ne sait en exigent de même et plus encore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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