Créé le: 03.04.2022
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Le brin libre

A suivre..., Atelier 22, Polar

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© 2022-2024 Jean Cérien

Le saut

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Assumer ses choix, jusqu'au bout du bout, là où la douleur implacable du doute n'est plus une liberté de choix, mais un manque de ...
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Trop tard, la corde est presque entièrement déroulée, l’amour de ma vie avait fait le grand saut, attaché par les pieds. Il m’aimait, je ne l’aimais plus. Le grand amour de ma vie dont je m’étais lassée finalement.
Mon amie m’avait parlé du brin libre au saut à l’élastique, celui dont la vie du sauteur dépend. C’est pourquoi j’avais proposé à mon amoureux ce grand frisson pour son anniversaire. Il avait été enthousiaste et accueillit ma surprise avec une telle joie qu’à cette occasion, j’avais pu mesurer une fois encore le niveau de stupidité de sa naïveté. Cette naïveté qui m’avait tant touchée durant toute notre période d’aveuglement intense et qui me révulsait, la maturité me faisant grandir et le laissant là, à son enfance idéalisée.
Le voyant voler vers le sol, je me demandais si c’était au bon brin que ses pieds étaient attachés ; était-ce bien celui qui me libérerait de sa présence si pesante ?
Mon doute me retournait l’estomac d’autant qu’il avait majestueusement déclamé, en sautant : « que la liberté des uns s’arrête où débute celle des autres !». Avait-il compris mon intention ? Est-il si imbibé de moi qu’il avait pressenti que ma liberté ne sera totale qu’une fois que j’aurai complètement annihilé la sienne ? L’acceptait-il sans broncher, au nom de son amour pour moi ?
Là en bas, le sol n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres de lui, il devrait remonter d’un instant à l’autre ou terminer sa course, écrasé comme une crêpe ayant raté la poêle.
Mon doute envahissait mon corps, quelque chose clochait, le responsable avait accepté trop facilement ma proposition de lui attacher les pieds au brin libre ; certes, son sourire était convenu et l’endroit connu pour avoir plus d’accidents que ce que la moyenne statistique indiquait. Pourtant il ne devait pas faire cela gratuitement. Qu’allait-il me demander, après l’accident ?
Mon corps me brûlait, vide de tout squelette, il me soufflait que s’il se tuait, on allait m’accuser, c’est moi qui avais exigé qu’il soit attaché à ce brin de malheur. Mais s’il remontait, ne serait-ce pas pire ? Il comprendrait le sens de ma demande et sa haine serait sans limite.
La corde était entièrement déroulée, le brin libre allait se tendre ou tomber dans le vide d’un instant à l’autre, l’amour de ma vie à l’autre bout.
Maintenant que sa vie ne tenait plus qu’à ce fil, n’était-ce pas évident qu’il me manquera à jamais, qu’il est réellement l’amour de ma vie ?
Qu’est-ce qui me retient de sauter pour le rejoindre ? Ce doute effroyable : va-t-il remonter ou s’écraser ? Mes yeux écarquillés fixent sa silhouette qui file à toute allure.

Bientôt un nouveau chapitre

Commentaires (1)

Starben CASE
17.03.2024

Mais je ne comprends pas pourquoi elle reste avec lui et pourquoi elle invente toute une histoire d’élastique. Il suffit de partir, non? Tu vas me dire: Mais alors il n’y aurait pas d’histoire. Oui d’accord mais alors tu ne vas pas suspendre ton récit à ce moment 😳! Tu remontes quand?

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