Extraits

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Chapitre 1

 

Au fait, je ne me suis pas présentée : je m’appelle Maria Giuseppina, mais tout le monde me dit Giù, évidemment sans aucun lien avec le fait qu’en italien ça veut dire « en bas ».

J’ai vingt-cinq ans, un diplôme d’employée de bureau, mais pas des masses d’expérience professionnelle, pas eu le temps d’en accumuler : je me suis chaque fois fait virer parce que je passais trop de temps sur Twitter.

 

Je suis beaucoup plus douée pour cuisiner des tagliatelles ou préparer un tiramisù, j’ai même mon blog avec toutes mes recettes, et en fait mes anciens patrons n’ont pas trop apprécié que je le mette à jour pendant mes heures de travail, en plus de Twitter évidemment.

 

Chapitre 3

 

Je quitte la partie jour pour la partie nuit. Vite, vite, quelque chose pour me remonter le moral ! Au moins une superbe suite avec douche italienne et un dressing (immense le dressing, on est d’accord, au moins ça !).

 

Essayé, pas pu. Les surprises, les mauvaises surprises (je précise au cas où vous auriez encore eu un vague espoir) continuent. La première porte que j’ouvre et je défaille, je m’écroule, je me liquéfie. Liquéfier, c’est bien ça, le bon mot pour une salle de bain couleur vert caca d’oie et qui doit dater des ancêtres de Mathusalem. Beurk ! Mais mettez une bombe et faites tout sauter ! Y a rien à sauver là-dedans. Je claque la porte devant le désastre et me retourne pour dire (OK ! hurler) le fond de ma pensée à l’espèce de rigolo que j’ai eu la terrifiante idée de suivre.

 

Chapitre 8

 

Deuxième bonne nouvelle : je suis la maman d’une adorable Leila. Mon petit trésor a trois mois, et elle a tout pris de sa maman. Comment c’est arrivé ? Ben j’imagine comme pour tout le monde, un peu de sport en chambre, une pilule oubliée (c’est tellement vite arrivé – non, je n’ai pas fait exprès, c’est de la pure médisance).

 

Je flotte sur mon petit nuage rose et Farid a lui aussi complètement craqué. Gaga, le mec, je vous assure. Bon, il a bien essayé de m’étrangler quand il a su que j’étais enceinte, mais mon blitz sur ses bijoux de famille l’a empêché de mener sa tentative à bien. Il s’en est excusé pendant une semaine et, la preuve qu’il était sincère, il n’a plus fait la moindre allusion à sa castration avortée.

 

Chapitre 10

 

Bien évidemment, FAR est venu plusieurs fois mettre son grain de sel (la texture de la sauce, le choix des fromages, la façon d’émincer les épinards, et j’en passe) et j’ai fait preuve, une fois de plus, d’une patience angélique. Un de mes oncles s’est ramassé un coup de poêle sur le crâne pour moins que ça (pleine de cuisses de poulet, la poêle) et au moins, après, il avait compris le message.

 

Chapitre 12

 

Hier soir, il est revenu une main en l’air, agitant quelque chose au bout des doigts dans ma direction. Je n’y pas fait attention tout de suite. Évidemment, what else ? Encore une vacherie en vue, non ? (Bien ma fille, ta lucidité me fait honneur, à quand la prochaine étape ? du genre envoyer bouler cet énergumène qui ne te sert même pas de mari?). Eh bien non, pas cette fois-ci. Au bout de son index, un anneau auquel pendait une clé, et une clé de voiture de surcroît. Et le sourire de FAR qui pour une fois n’avait pas l’air complètement factice.

– Ma chérie, tout vient à point à qui sait attendre. Je sais que tu m’en veux de ne pas l’avoir encore fait, mais je voulais vraiment que tu t’habitues à ta nouvelle vie avant de te lâcher seule dans la région.

 

Je me suis retenue de lui répondre, de peur de voir disparaître la clé. Oui, il fait aussi souvent ça. Il me laisse croire un truc dont il sait pertinemment que cela va me faire plaisir, et à la dernière seconde, avec un plaisir sadique, il invente une excuse bidon pour tout annuler. Une soirée cinéma, un restau, un petit voyage. Et j’ai intérêt à me la coincer, à ne pas faire de reproche, parce que la fois suivante – et l’expérience m’a été inculquée dans la douleur -, il trouvera une idée encore plus tordue pour que je sois déçue.

 

Donc la veille, je suis restée sans rien dire, debout à côté de ma sauce qui mijotait, tendue dans l’expectative. Mais cette foi, ô miracle, pas d’entourloupe, pas de tour de passe-passe, il a déposé la clé dans ma main que je ne tendais pas.

 

Chapitre 15

 

Et là je suis épatée, époustouflée, renversée par la prestance de cette femme que je vois se redresser, bomber le torse, lever le menton, au fur et à mesure que les remarques vénéneuses de FAR la ciblent. Elle lui tient tête, le regarde posément, droit dans les yeux, et lui répond dignement, sans perdre son calme. C’est moi qui sens mes genoux trembler à sa place, moi qui ai presque les dents qui commencent à claquer, moi qui chavire de peur. Elle, imperturbable, évoque sa liberté de pensée, d’opinion, son droit à ne pas avoir de comptes à rendre à un parfait malotru qui a le culot de s’attaquer à elle sur son lieu de travail.

 

Et pour la première fois depuis que je le connais, je vois FAR reculer, baster. Pire, on dirait qu’il est carrément mal à l’aise. Il lâche le paillasson, toussote, amorce un pas en arrière, revient dans une nouvelle tentative d’intimidation et se heurte à nouveau au regard impressionnant de la femme. Je n’y crois pas ! il cède ! Il saisit mon bras et fait demi-tour, me traînant à travers le magasin comme un sac de son.

 

Qui est cette femme ? Je veux son numéro de téléphone ! Je veux connaître le mode d’emploi, la recette, le truc, l’astuce ! Est-ce qu’il l’a draguée auparavant et s’est pris un râteau ? Ce serait une minable tentative de vengeance ? M’en fiche, aucune importance, la seule chose que je veux c’est savoir faire comme elle et abattre le vampire (yes, un pieu en plein cœur, ce regard de guerrière) !!

Bientôt un nouveau chapitre

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