Chapitre 1

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Merci beaucoup à Anne Wilsdorf pour son accueil et sa générosité lors de l’inoubliable soirée « Visite chez l’artiste » !
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On la trouve tout en haut de la montagne. Il faut longer le grand lac, remonter parmi les demeures des siècles passés, contourner les grandes routes chargées de marchands, traverser une forêt et une rivière, et ensuite on y arrive. Son château n’a pas vraiment l’air d’un château, les années lui ont enlevé petit à petit sa splendeur, mais les ruines aux fresques colorées qui l’entourent lui donnent un air mystérieux et joyeux en même temps.

Il faut échanger quelques mots avec le druide qui veille en bas, lui donner le bon code d’accès, ensuite vous pouvez prendre l’escalier qui vous amène tout en haut de la tour. Si vous ne manquez pas de courage, vous pouvez essayer l’énorme machinerie métallique qui vous englouti et vous transporte, comme par magie, juste devant la demeure de la princesse, aventure accompagnée d’un discret grincement lugubre. Vu la taille et l’énorme bouche de la machinerie, je pense qu’elle a dû être conçue pour aider le prince à se déplacer sans avoir à descendre de sa monture. Il y a forcément un prince dans l’histoire.

A première vue, la princesse non plus n’a pas l’air tout à fait d’une princesse : avec sa longue et fine silhouette, sa robe aux volants et rubans, un peu plus courte qu’on s’attendrait, les collants qui glissent de temps en temps et qui ont souvent besoin d’être ajustés, sa longue chevelure qui a commencé à emprunter les couleurs de l’automne, elle ressemble davantage à une fée hors de temps. Mais le sourire… ah oui, le sourire est sans doute celui d’une vraie princesse.

Tout en haut de sa tour, elle travaille avec son prince pour embellir le monde. Je vous le disais qu’il y avait un prince dans l’histoire. Oui, la demeure de la princesse est en fait un atelier. Elle a renoncé à ses cours de broderie, de calligraphie et de grecque ancien car elle les trouvait trop ennuyeux et elle a décidé de faire ce qu’elle savait le mieux : embellir le monde. Dans son atelier, il y a partout des mots et des pinceaux. Ce sont les outils qu’elle préfère pour accomplir son travail et parfois les armes qu’elle utilise pour défendre le monde qu’elle veut créer. Dans ce monde, les éléphants jouent à faire de la bicyclette imaginaire, couchés sur le dos, les serpents servent à faire des rubans sur les paquets-cadeaux et les petites filles aux noms chatouilleux ont des vrais lions comme doudous. Si vous voulez entrer dans ce monde, vous serez étonnés qu’on y préfère rester pieds nus, que les crocodiles sont végétariens et timide et que les princesses, en général, n’aiment pas les lits avec trop de matelas. Mais ce que moi je préfère le plus, c’est qu’ici : « les enfants sont des trésors, les plus beaux bijoux, ce qu’on peut avoir de plus cher au monde ».

La princesse est généreuse avec ses sourires, son temps, ses histoires et ses plats. Sa cuisine est délicieuse, avec des accents orientaux et son omelette au jambon est imbattable. Cette information est strictement secrète, c’est un lutin qui me la donnée, en cachette. Car il y a des lutins qui vont parfois à l’atelier, apprendre et s’exercer au métier d’embellisseur de monde. Ce qu’elle n’aime pas, ce sont définitivement les petits pois… surtout ceux sous les matelas. Pas pour elle-même, mais pour les gentilles filles qui doivent tout le temps prouver des choses pour être acceptées, au risque de se blesser en descendant du tas de matelas.

La princesse vous raconte et vous montre son travail avec conviction et légèreté. Ses rires sont joyeux et ils illuminent ses yeux et son visage. Elle vous dévoile également ses difficultés: trouver les bonnes personnes pour l’accompagner dans ses aventures. Il faut également être très vigilante car pour conquérir les nouveaux mondes, qui se trouvent au-delà de l’océan, il faut soigneusement choisir les mots et les couleurs. Elle n’a pas peur du futur ni des nouvelles technologies, car la petite ou grande « folie de l’artiste » est ce qui compte… et les machines sont rarement folles. Elle a avoué même qu’elle aurait envie de jouer à la sorcière, « juste pour faire chi…  un peu » et pour voir si elle arrive à être plus convaincante qu’en princesse. Elle va continuer à manier les mots, les pinceaux et les sourires pour accomplir son travail… ou sa mission ; même si elle le fait avec tant de plaisir qu’il ne ressemble pas du tout à un travail… ou à une mission.

Personnellement, je suis persuadée que son monde est un monde à venir, pas seulement à imaginer. Si vous passer par un distributeur de savoir, cherchez ses histoires, délectez-vous, offrez-les aux autres. Petit à petit nous allons réussir, ensemble, avec la princesse, à embellir le monde.

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