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© 2021-2024 André Birse

Encore et toujours, une chanson qui me revient à un moment impromptu en me signifiant quelque reconnaissance
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Paroles fraîches dans ma tête, « Il est fou le vent du printemps ».

 

Une voix claire, sensible et appliquée, « Il est pareil à la jeunesse ».

 

Je n’étais pas encore jeune en 1967, et les Troubadours, je l’apprends maintenant, ont gagné un concours, à Antibes. Leurs voix mêlées sont alors venues jusqu’à nous. « Il court, il n’a jamais le temps ».

 

Authenticité du ciel et profondeur comme venue du centre de la terre – point toutefois en l’univers de centre ou de profondeur : « Et jamais ne tient ses promesses ».

 

Ils étaient cinq dans le monde des variétés. Je revois la séquence en noir et blanc. Le temps dissèque et dissémine, sans même lever la voix ni les voiles. Mais cette folie suggérée, je l’avais accueillie avec une sorte de sérénité consentie. Après, je perds les paroles ou ne les retrouve plus. Je n’ai jamais su. Il y avait rose et cerisier. Et si le chant était beau, c’était aussi pour autrui. Cette caresse émotionnelle, par l’image, la voix, les élans, la lumière et le vent du printemps. Une promesse pour autrui, proche, sensible, intime, comme un père ou une mère qui l’aurait entendue aussi. Bien que répétée, à l’envi, dans les studios, au moyen de disques, ou le bouton qu’il faillait presser fort avec son pouce d’enfant pour allumer la télévision. Ils souriaient, étaient si gentils et prometteurs, cous tendus vers leur micro. C’est une chanson biologique, qui tient au corps et n’ira pas courir vers les tombeaux.

 

Endormie en soi, qui se réveille aujourd’hui. Va savoir pourquoi. Fichtre, rien, je n’en sais rien et j’en veux plus que tout. Ils ont osé affleurer jusqu’à nous et rendre vraie la promesse perdue qui ne me fait plus d’effet. A ne pas confondre, je l’avais fait pourtant, avec la jeunesse d’après, de « Maintenant que la jeunesse … ». Est-ce Aragon ? … oui tu t’en souviens, Francesca Sollevile, Ogeret, Aubret. Ofarim aussi, que je ne connais parfaitement que de nom, et depuis longtemps: « … chante à d’autres le printemps ». Ce sont eux, et les Compagnons. Le vent d’une saison nouvelle, en 1967, qui se réveille et se fait vraie, génératrice et consistante, à l’esprit apparue. On ne sait rien de la si belle chanson décomposée. Le rêve possible d’autrui, et son être bien, ses émotions réelles faiseuses d’univers que je  cherche à nouveau dans les travées des anciens devenirs.

 

Ils ne le montraient pas mais la chanson finit bien tristement: « il passe entre mes mains et ne laisse rien que du chagrin ».

 

ça se termine mieux chez Aragon où « il fait beau comme jamais ».

 

Mais cela reste encore plus triste de n’avoir pas été tout à fait vrai. Le poème jamais ne ment. Son auteur parfois oui et le chanteur n’aura fait que faire dire à qui l’entend.

 

 

Commentaires (1)

Joelle Oudard
20.03.2021

Bonjour, Très touchée par ce "chant du chant". Votre texte se lit comme une sarabande, ou une suite de refrains. Il est aussi énigmatique et poétique. C'est très réussi, bravo !

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