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Chapitre 1

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Lecture par Emeraude pour Webstory

En haut d'une avenue plongée dans la verdure, une maison carrée et massive réserve un accès mystérieux: un escalier étroit et raide amène vers une salle qui s'ouvre sous la toiture et monte jusqu'aux poutres séculaires. Un gigantesque triptyque fait reculer les visiteurs vers la paroi d'en face.
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Nous voilà collés à la paroi d’en face. Pour prendre de la distance, pour « encaisser » ce que le triptyque présente, en personnages, en épaisseurs, en matériaux inattendus.

Visages à l’agonie, désespérés, d’hommes et de femmes, criant au secours, en vain. La frayeur a figé leurs regards. Ils sombrent lentement dans leur destin, se décomposent par étapes dans l’oubli, s’amoncèlent finalement en crânes muets au bas des trois panneaux, à la recherche d’un sous-sol où ils pourraient enfin disparaître.

Hypnotisant et accablant.

Des monstres apparaissent, profilés de plumes, d’écailles, de sang ou de dents acérées. Des personnages se présentent, grandioses dans leur puissance et pourtant si fragiles: la haine est prête à les abattre. Conscients de leur mort imminente, prisonniers de la toile, ils clament leur message: espoir et désespoir. Une coulée de métal en fusion emporte une tête coiffée d’un masque à gaz.

Des yeux dorés émergent en relief des trois tableaux et accrochent nos regards.

Ils semblent dire: « Regardez!… mais regardez donc! ».

Ils nous obligent à ouvrir encore les nôtres. Lentement, on s’approche.

 

Au centre, au-dessus de la désolation et de l’épouvante s’est installée la Rédemption: son visage féminin contemple l’immensité de la dévastation. Toute la souffrance s’est compactée à l’intérieur, dans un grumeau de douleur, essoré par l’impuissance: la dernière trace en est visible dans les larmes, parfaitement silencieuses, qui jaillissent de ses yeux; il n’y a plus de place pour les pleurs et les sanglots.

Protégée par des rideaux de lumières, elle regarde encore, elle surplombe la tristesse et la résignation: une certitude l’habite désormais qui la soulève et l’élève lentement, inexorablement, vers le haut…

Déjà, les rayonnements de sa tête débordent du cadre, amorçant sa sortie du tableau, un envol, un départ vers un ailleurs.

 

Dante et Wagner nous rejoignent: complices, ils sont au rendez-vous.

 

 

[suite à la visite de l’atelier de Cristobal Del Puey, le 25.10.2021]

Commentaires (1)

Webstory
14.01.2022

Soirée du 25 octobre 2021 chez Cristobal DEL PUEY – Les textes inspirés par la rencontre avec cet artiste sont visibles dans Histoires > Catégories > D'écrire l'artiste

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