Créé le: 14.02.2022
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C’est affreux, dites
Introduction
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Quand l'on n'écoute pas l'autre.
Seulement 10 ans ! À peine 5 ans et il sortira.
Comment le doute a-t-il pu profiter aussi honteusement à l'accusé ?
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Le premier chapitre ne comporte jamais d’échanges, seulement des hémi-dialogues.
Cela reflète l’absence actuelle de dialogues de notre société; chacun vit dans la certitude de son cercle de référence.
Quand le monde est trop changeant pour risquer ses certitudes et l’autre trop imprévisible pour lui donner les clés de ses croyances, alors l’enfermement qui en résulte rend la pensée encore plus éloignée du tumulte de la réalité et les positions irréconciliables.
Le deuxième chapitre donne à voir la différence entre un hémi-dialogue -un dialogue confiné à ceux qui sont déjà d’accord- et un échange entre deux êtres en désaccord.
Il exhibe la signification perdue et les enchaînements inattendus émergeants du dialogue. Il montre à quel point la pensée unique exprimée dans le premier chapitre, quelle que soit sa justification, réduit la richesse d’appréhension de l’autre et du réel.
Plusieurs questions philosophiques égrènent le texte; la plupart ne sont actuellement pas tranchées; elles mettent en abîme la vision unique imprimée d’emblée par l’hémi-dialogue.
Le narrateur est au cœur des échanges : premier à être entendu, il donne la consistance de l’histoire et structure l’action.
Il n’est pas philosophe.
La première raison en est qu’il est dans ses habitudes, son quotidien, en contradiction avec sa philosophie qui exige de remettre en question la vision acquise de la réalité, de sortir de ses habitudes.
Son nom l’indique, il est sur le chemin, il y réfléchit, il pourrait changer, mais la force de l’habitude et le confort sont plus forts.
Nissos (qui marche), Odios (sur le chemin) a un discours porté sur la sémantique, c’est un philosophe qui cherche la raison des choses dans les explications rationnelles.
Son monde est fait de substance première ainsi que de quantité et de qualité; c’est le monde occidental amené par Aristote qui considère l’espace et le temps comme qualités distinctes et la substance comme ciment entre ces ‘accidents’ : la sémantique. Un monde qu’il sent devoir changer, mais qui est ancré trop profondément dans sa manière de penser pour qu’il en ait la possibilité.
Aphrodite est la déesse de l’amour; elle incarne les aspects humains non prédictibles; la richesse des regards de chacun opposée à la doxa unique; les questions sans réponses qui mettent à mal les comportements humains programmés afin de permettre les performances du numérique.
Aphrodites déstructure le monde de Nissos Odios à travers ses interrogations posées sur un socle sémantique totalement différent de celui du philosophe : la répétition du résultat d’une expérience ne l’intéresse pas, la généralisation non plus et la matérialité encore moins ; elle est dans un monde d’ondes qui peuvent se superposer, s’annuler, se déformer ou se traverser, selon les circonstances.
Elle vit dans ce monde où le fait singulier et sa réponse particulière priment et sont au même niveau que le non fait poétique, imaginaire ou virtuel.
Le policier n’a pas de nom, c’est un policier type, n’importe lequel. Il correspond à l’utilisateur des technologies, n’importe lequel. Celui dont on fait un profil que personne ne lit pour lui adresser les publicités qui lui sont les plus personnelles. Seuls les algorithmes connaissent ses préférences, personne ne s’y intéresse.
Il constate les relations entre entrées et sorties d’un système, y compris sur la base d’ambiguïtés sémantiques car la justesse de la signification ne le questionne pas, il procède par code déjà établi.
Seul le résultat compte : il ne comprend jamais comment cela fonctionne, il fait fonctionner son monde centré sur la performance, l’utilité et le résultat.
Le policier est un technocrate qui a des du succès dans ses enquêtes, sans que l’on sache très bien s’il a incriminé le bon suspect, cet aspect de la preuve étant de peu d’importance, une fois le résultat obtenu : déterminer le coupable.
Le public n’est pas dans le dialogue, il est dans le prologue, assenant ses vérités du café du commerce ou des réseaux sociaux, jugements à l’emporte-pièce, hâtifs et sans conception. Sans justifications non plus. Le prologue fait écho aux questions que se posent le narrateur, dans son enfermement.
Il est peu question d’eau dans ce texte, bien qu’elle soit sujette de l’exposition.
Elle est en négatif, à l’instar du point de vue du regard d’un homme sur une exposition féminine.
Les trois personnages se rencontrent telles des boxeuses thaïes, échanges des coups, les esquives et produisent une danse des mots qui n’a d’objectif qu’elle-même, pour la beauté du geste. Les positions ne sont pas considérées comme réconciliables.
Le texte amène plutôt différentes manières de vivre, en parallèle, comme s’il s’agissait de l’eau :
l’eau qui a des propriétés physiques bien définies, rationnelles, explicables ;
l’eau qui change de nature, devient ouragan, lame de fonds, imprévisible ;
l’eau-forte, l’eau qui creuse les montagnes, l’aspect technologique qui fait table rase des explications et de l’imprévisibilité.
Néanmoins, le cœur de l’intrigue repose sur l’eau-forte -la gravure à l’acide- technique absente de l’exposition, en reflet de l’absence du genre que l’on disait fort.
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