Créé le: 22.04.2017
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Besoin pressant
Vous ne les voyez pas aussi fleurir au bord des routes dès que les beaux jours recommencent ?
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Besoin pressant
Il aurait dû y aller avant de partir, mais il a préféré sauter dans sa voiture parce qu’il était à la bourre. Et le voilà maintenant embarqué sur l’autoroute avec une envie de pisser qui lui fend le crâne. Bien sûr, aucune aire de repos ou station service ne se profile à l’horizon.
Il lorgne avidement du côté de la bande d’arrêt d’urgence. Non ! Trop dangereux, il n’est pas encore désespéré à ce point.
La radio est allumée, mais impossible de rester concentré sur de la musique. Il change de chaîne, trouve une émission sur l’immobilier, tente de s’intéresser aux problèmes de cautions, loyers, baux et autres vacances, mais rien à faire, son attention retourne toujours vers son bas-ventre qui se tend comme une baudruche et devient toujours plus douloureux.
Il se dandine sur son siège devenu soudainement très inconfortable, essaye de serrer les cuisses tout en gardant les pieds sur les pédales. Mais l’envie demeure. Pire : elle croit.
Il éteint la radio quand le bulletin météo annonce des pluies à venir pour reporter le peu d’attention qui n’est pas accaparé par sa vessie sur la route.
La bande d’arrêt d’urgence lui semble de plus en plus accueillante. Il se dit que peut-être au prochain arrête avec une borne SOS, où il y a un peu plus de place…
C’est alors qu’il distingue un panneau au loin : une sortie. La délivrance à portée de vue.
Il accélère, craignant une détente soudaine et involontaire due au soulagement… Il met son clignotant, sort de l’autoroute, fait bien attention de ne pas s’engager sur la brettelle qui y retourne – ça serait vraiment trop bête – , un rond-point, première à droite. Ouf, un peu de place au bord de la route pour se garer. Il coupe le contact, décroche la ceinture de sécurité d’une main, serre le frein à main de l’autre, ouvre la portière …et la referme aussitôt. Une voiture le frôle, il s’est garé trop près de la route. Mais pas question de redémarrer la voiture et de manœuvrer, à ce stade, ça finirait mal.
Il attend, encore une voiture, deux, trois, allez, plus vite, quatre, ça y est. Il ouvre la portière, jaillit hors de la voiture, se précipite vers un arbre en ouvrant déjà sa braguette et là : le soulagement !
Ha comme il se sent bien soudainement. Il peut se détendre, laisser couler cette mer intérieur en un flot qui semble ne plus vouloir s’arrêter.
Une impression de légèreté l’envahit et pas une seconde il ne s’inquiète d’être au vu et au sus de tous les automobilistes qui, surpris, ou amusés, voient cet homme se soulager sans gêne, juste au bord de la route.
Commentaires (1)
Pierre de lune
24.04.2017
'Bonsoir Asphodèle, Cette petite chronique croque un détail trivial qui prête à sourire, et qu'on a tous déjà vu ou vécu... Cela me rappelle quelqu'un pour qui cela a tourné au cauchemar, un représentant des forces de l'ordre le sommant de s'arrêter... sur-le-champ !! Merci, à bientôt !'
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