Suite de mon feuilleton de l’été…
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Au coin de l’ordinaire chapitre 4

Le chalet était un peu à l’écart du village qui surplombait la vallée du Rhône. Des écussons suisses et valaisans étaient pyrogravés sur le fronton qui dominait une porte rustique en bois de mélèze. Une grande pièce dotée d’une cheminée en son centre constituait à la fois le séjour, la cuisine et la salle à manger. A l’étage, auquel on accédait par un escalier de bois, se trouvaient 2 chambres à coucher et un bureau. Le bois d’ailleurs, était omniprésent : parois en lames, poutres apparentes, vieux meubles rustiques.

 

Lucie et sa collègue photographe arrivées hier, s’étaient installées dans le chalet prêté par un notable de la commune. Ce dernier voyait dans ce reportage sur les emplois saisonniers pour les jeunes une belle occasion de vanter les efforts à la fois sociaux et touristiques de la Municipalité.

 

– Géniale cette photo ! c’est exactement ce que je voulais pour les trois jeunes de la cuisine du « Chamois ». Asunta, t’es là ?

 

Il était tard, presque minuit. Après une journée d’interviews et de visites sur les pistes de ski, dans les installations de remontées mécaniques, les commerces du village ou les cuisines des restaurants d’altitude, les deux journalistes avaient passé la soirée à travailler, chacune devant son ordinateur portable : l’une à l’étage, l’autre sur la table de la salle à manger. Lucie, les yeux encore rivés sur l’écran répéta son appel à l’intention de la photographe.

– Asunta, viens voir ! On peut être contentes de nous !

 

Pas de réponse. Lucie tendit l’oreille et entendit un bruit de porte au rez-de-chaussée. Asunta n’avait sûrement rien entendu ou devait être sortie chercher du bois pour faire du feu, se dit-elle en focalisant à nouveau son attention sur l’ordinateur allumé. Après quinze minutes de travail, elle rappela Asunta en criant :

 

– ‘Sunta, qu’est-ce que tu fais ?! Monte !

 

Toujours aucune réponse. Lucie enregistra son texte et se leva. Elle descendit précipitamment les escaliers. Elle appela encore et fit le tour des trois pièces. Personne ! Au séjour, le feu ronronnait dans la cheminée. Les tirages papiers des photos d’Asunta étaient éparpillés sur le sol à côté de la table de la salle à manger. L’ordinateur était allumé et affichait un écran de veille. Lucie tapa une touche et découvrit le programme photo sur lequel travaillait Asunta. Bizarre, la photographe, d’ordinaire si méticuleuse, ne serait pas sortie sans ranger ses tirages ni éteindre son portable.

 

C’est alors que Lucie perçut un cri étouffé, puis un autre plus net, déchirant, effrayant, un cri comme dans les films d’horreur, le « scream » anglais qui traduit phonétiquement si bien la peur panique et désespérée. Le cœur battant à tout rompre, Lucie, la boule au ventre, s’empara du tisonnier de la cheminée et arpenta le logement fébrilement.

– C’est impossible ! ça venait bien de quelque part !!

 

Elle finit par découvrir une porte, à gauche de l’entrée : la cave probablement. Elle poussa la porte et découvrit quelques marches aboutissant dans un couloir bétonné flanqué lui-même de deux portes latérales.Elle poussa la première et découvrit une cave à vin, vide. Rebroussant immédiatement chemin, elle se rua sur la deuxième porte et ce qu’elle vit la cloua sur place.

 

La pièce qu’elle découvrit était un « carnotzet » typique : table en bois massif, banc d’angle, chaises rustiques, cellier, étagères garnies de verres à vin.

 

A terre, à même le carrelage, Asunta était étendue, à moitié dénudée et les habits déchirés. Elle avait de la bande adhésive sur la bouche, roulait des yeux effrayés et semblait fixer le coin de la pièce, à gauche de la porte d’entrée. Lucie était tétanisée puis, par réflexe, leva le tisonnier qu’elle avait emporté.

 

Au moment où elle s’apprêtait à entrer, un homme lui fit brusquement face, un pistolet à la main. Lucie ne réfléchit pas et abattit le tisonnier sur le bras de l’individu avec toute la force que donne la peur, la rage et l’instinct de survie. Il poussa un cri, laissa tomber son arme. Lucie ne lui laissa pas le temps de se ressaisir et le frappa au front. Il s’écroula sur le sol et Lucie se précipita vers Asunta.

Elle lui arracha son bâillon et la prit dans ses bras.

 

– Que s’est-il passé ? Il t’a….

 

Asunta étouffa un sanglot, hocha la tête en signe d’acquiescement, puis pleura silencieusement dans les bras de Lucie.

 

– Tu me raconteras tout plus tard. Le plus urgent est de sortir d’ici, d’appeler la police et d’aller te faire soigner. On n’a pas de temps à perdre.

 

A l’instant où Lucie aidait Asunta à se lever, elle aperçut l’individu qu’elle venait d’assommer se faire tirer par les pieds à l’extérieur. Avant qu’elle n’ait eu le temps de réagir la porte se referma et Lucie entendit nettement le bruit d’une clé qu’on tourne dans la serrure. Elle lâcha Asunta, la déposa délicatement sur le sol puis empoigna le tisonnier qu’elle avait abandonné à terre et se précipita vers la porte.

Fermée ! la porte était fermée. Lucie secoua la poignée, s’ y arc-bouta : rien n’y fit. Collée contre la porte, elle hurla.

 

– Salauds ! salauds ! pourquoi !?

Epuisée, elle se laissa glisser à terre, le dos au mur. Elle perçut des bruits de pas et des éclats de voix qui s’éloignaient, puis plus rien. L’espace sonore n’était peuplé que du son de sa respiration haletante et des sanglots étouffés d’Asunta qui tentait de s’asseoir à même le sol en s’accrochant à l’un des pieds de la table massive qui occupait le côté droit du « carnotzet ».

 

A l’extérieur, l’homme tira Samir inanimé, en le tenant sous les bras, jusqu’au pied des escaliers puis monta, seul, au rez-de–chaussée du chalet. Il en redescendit avec un bidon d’eau froide qu’il versa sur Samir.

 

Ce dernier toussa, ouvrit les yeux, se tâta le crâne d’où coulait un filet de sang. Le tisonnier lui avait entamé le cuir chevelu et laissé une impressionnante bosse sur le haut du front. Sa main droite semblait pendre, presque inerte, selon un angle inhabituel.

– Connard ! Qu’est-ce que tu avais besoin de violer cette meuf ! ? T’es beau maintenant ! T’as sûrement le poignet cassé et avec ta gueule en sang, je n’ose pas prendre le risque de t’emmener dans les rues du village ! Les ordres étaient clairs pourtant : On devait buter la journaliste, attendre la nuit, taguer le chalet comme convenu et se tirer vite fait bien fait, point barre !!

– Je ne savais pas que je ne pouvais pas. Je pensais que ça ne changerait rien. En plus, personne ne m’avait dit qu’elle étaient deux. Je ne pouvais pas savoir. Tu devais me dire. Tu ne peux pas me laisser comme ça ! Tu dois m’emmener, Roger, à l’hôpital !! Tu dois me payer aussi

– Ne compte pas sur moi pour jouer à la nounou ! J’appelle le patron, après on verra !

 

L’homme, blond, la trentaine, la boule à zéro et les bras couverts de tatouages sortit son portable et entama une brève conversation dans laquelle il résuma brièvement la situation à son interlocuteur.

 

– … Et avec l’albanais, je fais quoi ? D’accord, j’arrange ça et je vous rappelle.

 

Il redescendit vers Samir. Celui-ci , la bouche tordue par la douleur, lui demanda :

 

– Qu’est-ce qu’il a dit ?

 

– Donne-moi ton papier,Samir.

 

– Tiens, mais tu vas rien comprendre ! Tu ne lis pas l’albanais.

 

– Je m’en fous, j’ai juste besoin du papier.

 

– OK mais emmène-moi maintenant. Putain, j’ai mal !

– Pas de problème, on va s’occuper de ça tout de suite.

 

Le blond sortit un pistolet muni d’un silencieux et logea deux balles dans la tête de son complice avant même que celui-ci n’ait eu le temps d’esquisser ne serait-ce qu’un geste.

 

Il sortit ensuite du chalet et se dirigea vers une jeep garée en contrebas. Il en ressortit aussitôt avec une bombe de peinture rouge et entra à nouveau au chalet. Il couvrit les murs de soutènement d’inscriptions en albanais qu’il copia du papier que lui avait remis Samir.

 

Il descendit ensuite au sous-sol, décidé à terminer le travail qui lui était demandé : tuer cette journaliste.

 

Les raisons de son commanditaire ne le regardaient pas. Tout au plus, subodorait-il que l’on voulait faire porter le chapeau à des albanais en raison des inscriptions qui faisaient partie du contrat et de la présence imposée, en dernière minute, de son complice Samir. Mais cela ne dérangeait pas vraiment Roger, sympathisant d’extrême droite reconverti sans problème dans le meurtre et le trafic d’armes après s’être fait licencier d’un poste de vigile auprès d’une grande surface, pour abus de pouvoir et voie de fait sur des clients africains.

Dans le carnotzet, les deux filles étaient assises par terre, adossées au mur de pierre, l’une contre l’autre. Lucie essayait de se remémorer le dernier dossier sur lequel elle avait travaillé : le stress chez les policiers. Cela lui remémora douloureusement Pietro qu’elle ne reverrait peut-être jamais . Elle pensa à l’enquête actuelle sur les jobs saisonniers, les responsabilités des propriétaires de chien et quelques articles isolés concernant des assemblées communales ? Vraiment pas de quoi fouetter un chat ou se faire des ennemis !

 

Soudain, elle pensa à cette longue enquête de l’année passée sur l’intégration des immigrants albanais et l’influence des intégristes musulmans sur ces derniers. Ses conclusions menaient au constat, certes, de la dangerosité des fanatiques religieux mais aussi de leur influence négligeable sur la communauté albanaise et même, paradoxalement, de l’effet bénéfique de la religion en général, pour contrer l’attrait de la délinquance ou le poids des mafias sur les jeunes immigrés. Ces derniers avaient en effet peu de perspectives professionnelles satisfaisantes et se trouvaient souvent discriminés à l’embauche sur la seule base de leur origine balkanique.

 

A qui aurait-elle pu déplaire à ce point-là ? Qui pourrait lui en vouloir ?

 

L’enquête n’avait pas été facile mais elle s’était assurée les services d’une traductrice d’origine kossovare, épouse d’un petit entrepreneur du canton, lui-même d’origine sénégalaise mais de

nationalité suisse et scolarisé en allemand, à Berne. Xhemile – c’était le prénom de sa traductrice-

était devenue une amie et lui avait ouvert les portes de plusieurs familles de travailleurs immigrés ou de réfugiés albanophones. Elle y avait toujours reçu un accueil chaleureux. Les personnes rencontrées s’étaient exprimé avec franchise, évoquant l’ostracisme dont elles étaient souvent victimes à cause de la réputation de délinquance et de violence dont les affuble l’homo helveticus ordinaire, du moins un certain nombre de ses représentants.

 

De récentes affaires de viols collectifs commis par des jeunes, dont certains d’entre eux étaient originaires des Balkans, n’avaient fait que renforcer ces préjugés et cette généralisation abusive à l’égard des albanophones. Ces actes odieux avaient pourtant été condamnés par les communautés d’immigrés concernées. Tout récemment le démantèlement d’une bande de trafiquants d’armes et de drogues d’origine albanaise , avait été aussi applaudi pourtant par ces mêmes communautés mais évidemment utilisé aussi par les xénophobes pour apporter de l’eau à leur moulin.

 

Lucie avait rencontré certaines familles qui avaient mentionné avec pudeur tel ou tel cousin qui avait mal tourné et s’était laissé prendre au piège de l’argent facile ou de la violence gratuite. Beaucoup avaient parlé de l’influence bénéfique de la religion sur le comportement social et moral des jeunes mais sans jamais approuver les discours extrémistes, la violence et les partisans de la « jihad » contre la « décadence de l’occident ».

Peut-être avait-elle involontairement vexé un croyant en prônant des droits identiques aux femmes d’ici pour la femme musulmane immigrée ?

Ou les informations d’une ou l’autre famille sur certains compatriotes délinquants, citées dans ses articles, auraient-elles été interprétées par ces derniers comme une menace ?

 

Ou alors, l’extrême-droite n’aurait-elle pas toléré la vision majoritairement positive de la communauté kossovare qui se dégageait de ses articles ?

 

Pendant que Lucie s’interrogeait, Asunta s’était endormie, lourdement, profondément, comme si elle voulait enfouir dans le sommeil et l’oubli toute la souffrance physique et la détresse morale provoqués par l’ignoble agression dont elle venait d’être victime.

 

L’homme actionna le cran de sûreté de son arme, un SIG 9 mm, et vérifia que le dispositif silencieux était toujours bien en place.

 

Il arriva au Carnotzet et tourna la clé dans la serrure. Au moment où il allait pousser la porte du carnotzet, il entendit la porte d’entrée du chalet s’ouvrir.

 

– Il y a quelqu’un ? hé ho, c’est moi, c’est le facteur ! T’es là Romain ?

Roger cacha précipitamment son pistolet dans sa veste et remonta les escaliers.

 

– Ouais, c’est pour quoi ?

 

– Ah, bonjour ? M. Besse n’est pas là ?

 

– Non, il m’a prêté le chalet pour la semaine.

 

– Ah bon !? Je savais qu’il devait recevoir des journalistes mais je pensais qu’il serait là. J’ai un colis – express mais je dois le lui remettre en mains propres. Tant pis, je vais passer à son bureau, c’est à 5 minutes. Avec un peu de chance, je vais le trouver là-bas. il travaille parfois assez tard.

 

– Oui c’est peut-être mieux. Je ne peux pas vous aider, Désolé.

 

– Ce n’est pas grave, je vais le trouver. Bonne soirée et à un de ces jours peut-être.

 

Roger poussa un soupir de soulagement et se mit à réfléchir. Le temps que le propriétaire apprenne qu’un inconnu était dans son chalet à la place de la journaliste et rapplique, il restait peut–être un quart d’heure tout au plus. Il trouva assez vite la solution :

– Je liquide la journaliste et sa copine. Je laisse le flingue dans la main de Samir. Les enquêteurs en déduiront ce qu’ils voudront.

 

L’homme se dirigea vers le carnotzet, tourna la clé et constata qu’il avait laissé la porte ouverte. Il entra et découvrit Asunta inanimée mais pas de trace de l’autre fille. Il tira deux balles dans la tête de la malheureuse en se disant que ce devait être sûrement la journaliste puisque Samir l’avait trouvée en arrivant au chalet. La deuxième devait être une voisine ou une copine en visite. Il sortit précipitamment, enjamba le corps de l’albanais et se lança à la recherche de la deuxième femme.

 

Il ouvrit fébrilement les trois portes qu’il trouva au sous-sol : rien qu’un fatras de caisses et de cartons, de skis, de souliers, d’étagères à outils.

Le temps passait. Son stress augmentait. Il monta les escaliers et inspecta rapidement toutes les pièces du chalet. Rien !

 

Un bruit de moteur lui parvint de l’extérieur. Paniqué, il se rua à l’extérieur pour rejoindre son véhicule parqué en contrebas, se mit au volant et démarra sur les chapeaux de roues. Il croisa deux voitures qui remontaient la rue pentue qui menait à ce quartier de chalets, traversa le village et prit la route de la vallée

Allongée sous les cageots et les cartons, à même le gravier de la cave, Lucie tremblait comme une feuille, de froid, de peur. Elle n’osait pas bouger. Elle était ankylosée. Elle avait mal. Des éclats de voix la firent sursauter. Elle entendit deux voix distinctes. Elle tendit l’oreille puis reconnut la voix de M. Besse, le propriétaire du chalet qu’elle avait rencontré avant son reportage. Elle essaya de crier : aucun son ne sortit de sa gorge. Elle réunit alors toutes ses forces et poussa les cageots et les cartons sous lesquels elle s’était glissée, faisant dégringoler une caisse de décorations de Noël qui s’écrasa avec fracas sur le sol de la cave.

 

Un peu plus tôt et plus bas dans le village, le facteur avait croisé le propriétaire qui venait voir si tout allait bien pour ses invitées. Ils décidèrent alors de vérifier ensemble qui était cet inconnu qui avait ouvert au postier. Arrivés au chalet à cet instant, alertés par le bruit, ils descendirent et poussèrent un cri d’horreur en découvrant les cadavres de Samir et d’Asunta. Lucie parvint à émettre une longue plainte désespérée. Ils ouvrirent alors la porte de la cave et, découvrant Lucie, se précipitèrent pour l’aider à se dégager. Lucie voulut dire quelque chose, mais tout se voila : elle perdit connaissance.

 

Quand elle reprit ses esprits, elle était installée dans le sofa du séjour. A l’extérieur, elle perçut le bleu des gyrophares de la police. Le chalet grouillait de monde. Elle se demanda ce qu’elle faisait là et réalisa, subitement et à son grand effroi, qu’elle ne savait pas non plus qui elle était.

Un homme d’une quarantaine d’année, en civil, lui présenta une carte d’identité qu’elle ne regarda pas, lui sourit de manière compatissante et s’adressa à elle :

 

– Madame, madame, ça va ?

 

– Oui,….oui

 

– Est-ce que vous pouvez me dire ce qui est passé

 

– Euh non, non, je ne sais pas.

 

– Quel est votre nom ?

 

– Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas !!!

 

Lucie s’effondra en larmes. Le policier s’adressa à d’autres personnes vêtues de gilets fluorescents.

– Emmenez-la à l’hôpital. On ne pourra rien savoir de plus aujourd’hui.

Dans l’ambulance qui descendait vers la vallée, assommée par les calmants qui lui avaient été administrés et comme pour fuir cette amnésie paniquante, Lucie s’endormit profondément.

 

*************************************

 

– Eh merde, il ne manquait plus que ça !

 

Au flash qu’il perçut dans son rétroviseur, Roger leva le pied mais c’était trop tard. Le radar se trouvait dans une voiture banalisée masquée par une haie de thuyas à la sortie du village.

 

Il devait friser les cent kilomètres/heure. Ce n’est pas tant la peur de l’amende et du retrait de permis qui le dérangeait mais plutôt le fait qu’il était censé se trouver chez lui, au lit avec une sérieuse bronchite, ainsi qu’il l’avait signalé hier à son employeur.

 

Après un moment d’appréhension, il haussa les épaules et se dit que son patron ne serait pas forcément mis au courant. Il n’avait pas besoin de son véhicule pour aller travailler : le minibus de

l’entreprise le prenait chaque matin à dix minutes à peine de son domicile.

 

De plus, dans deux mois, peut-être moins, il sera loin d’ici, en République Dominicaine, à faire fortune en accueillant les touristes dans le petit hôtel qu’il comptait y acquérir. Pour cela, il suffisait qu’il touche le solde des trois cent mille euros promis pour le contrat qu’il venait d’exécuter, auxquels s’ajouteraient les cinquante mille francs reçus par Skender et que ce dernier avait planqué dans une enveloppe sous la roue de secours.

 

Dans l’immédiat, ce qui importait était de retourner chez lui, de téléphoner à son employeur pour dire qu’il reprendrait le travail dans deux jours et surtout, d’appeler un autre numéro, à partir d’une cabine publique lui avait-t-on précisé, afin de toucher le solde de son dû.

 

Arrivé chez lui, dans un immeuble des années cinquantes au centre-ville, il dissimula les cinquante mille francs avec les cent mille euros qu’il avait déjà touchés dans une paire de chaussettes et son arme dans une cache aménagée sous le canapé du salon de son trois pièces. Il en ressortit presque aussitôt et se hâta vers la cabine téléphonique à deux pâtés de maisons de chez lui.Il composa aussitôt le numéro qu’il avait appris par cœur.

 

– C’est moi.

 

– C’est fait ?

 

– Oui. Quand est-ce que je peux toucher ce que vous me devez ?

 

– Dès que j’en aurai eu confirmation par les journaux. Demain, j’imagine.

 

– Où ?

 

– A 21 h. derrière l’ancienne l’ancienne fabrique de condensateurs, devant le quai de chargement.

 

(à suivre)

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