La semaine passée a été bien chargée, idem pour la suivante. Je profite donc de ce week-end pour mettre 2 chapitres d'un coup et récidiverai de même le week-end prochain. Bonne lecture
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Au coin de l’ordinaire chapitre 19

La porte de la chambre était fermée. Ferran entra immédiatement et vit un homme près de la perfusion de la directrice, une seringue à la main.

Sans se demander qui c’était, tout en criant le plus fort possible, il se rua sur lui et le fit tomber sur le sol où il atterrit sur le dos avec un gémissement de douleur. La seringue en plastique fut projetée de l’autre côté de la chambre. L’homme se débattait mais Ferran, à califourchon sur le torse, de l’individu, tentait tant bien que mal de le maintenir.

A peine quelques minutes plus tard un infirmier et une infirmière entraient dans la chambre.

 

– Venez m’aider et appelez la police, tout de suite ! demandez

l’inspecteur Righini. Il comprendra. Faites vite, je ne tiens plus.

 

Aussitôt, l’infirmier vint le seconder. A deux, ils retournèrent l’inconnu et lui entravèrent les mains dans le dos ainsi que les chevilles avec du sparadrap et la ceinture de Ferran.

 

A peine dix minutes plus tard, Pietro et son collègue Musy débarquaient accompagnés de deux gendarmes. Ils passèrent les menottes à l’inconnu et l’emmenèrent sans ménagement. En partant, Pietro fit juste un signe à Ferran, lui signifiant qu’il l’appellerait plus tard.

L’analyse du contenu de la seringue révéla un poison extrêmement violent, à coup sûr létal, presque le même que les associations pour le suicide assisté préconisent pour les candidats à la mort volontaire.

 

L’individu mit du temps à parler. Après une nuit d’interrogatoire, il lâcha son prénom, Rustem, et dit qu’on l’avait payé très cher pour introduire le contenu de la seringue dans la perfusion sans lui donner d’autres explications. Quant à savoir qui était le « on », c’était peine perdue : dès que venait la question, Rustem se fermait comme une huitre. L’inspecteur Musy, chargé de l’enquête sur l’agression de Mme Souby-Roux, commençait à fatiguer. Il allait enfermer le suspect quand Pietro lui fit signe de sortir un moment de la salle d’interrogatoire.

 

– Dis-lui que tu vas rendre publique le fait qu’il a parlé, livré le nom de son commanditaire et qu’il sera transféré à la prison centrale en attendant sa mise en accusation chez le juge.

 

– Pourquoi ?

 

– Ce type crève de trouille. cela se voit dès que tu l’interroges sur son commanditaire. S’il a peur à ce point-là, il doit craindre aussi d’être atteignable même en prison. Et comme il n’aura pas très envie d’être saigné dans la douche ou à la promenade, il y a des chances pour qu’il craque si on lui promet de le protéger.

La tactique s’avéra payante. Après avoir reçu la promesse d’être emprisonné dans un autre canton, d’être à l’isolement, protégé et enfin de voir les policiers relever sa coopération auprès du juge, Rustem avoua qu’il ne connaissait pas le nom de son commanditaire ni les raisons pour lesquelles il l’avait engagé. Par contre, il donna une description de l’individu qui mit la puce à l’oreille de Pierrot. Il fit écouter l’enregistrement de la voix reconnue par Ferran et se procura sans difficulté par internet, sur le site du parti nationaliste, une photo de Jean-Marie Golaz, le comptable de Jérôme . Rustem reconnut sans hésiter la voix et la photo.

 

Après un rapide coup de fil au juge d’instruction, Pietro prit la tête d’une équipe pour aller cueillir Golaz à son domicile pendant que l’inspecteur Musy peaufinait le procès-verbal de l’interrogatoire de Rustem.

 

Arrivé au domicile de Golaz, une villa cossue dans un beau quartier du haut de la capitale cantonale, ils constatèrent que la porte était ouverte mais que l’habitation semblait désertée. A l’étage, dans le dressing jouxtant la chambre à coucher, la penderie et les tiroirs d’une commode étaient ouverts et quelques habits jonchaient le sol comme si quelqu’un s’était dépêché de préparer des bagages. Le garage était vide.

 

L’oiseau, ou plutôt le ptérodactyle pensa Pietro, s’était apparemment envolé, averti probablement de l’échec de la tentative de meurtre à l’hôpital.

La seule bonne nouvelle, pensait Pietro, était que cette tentative de meurtre et donc l’intention d’éliminer définitivement la Souby-Roux pour des raisons à découvrir encore, jouait en faveur de Louis. Cela ne l’innocentait pas formellement et définitivement, mais il y avait bon espoir d’y arriver.

 

Et c’est en tentant d’obtenir un droit de visite à la prison pour lui annoncer la bonne nouvelle que Pietro apprit l’évasion de Louis, la nuit

précédente. Voulant informer Francesca, il tenta à plusieurs reprises de l’atteindre, mais elle ne répondait pas et sa boutique de fleurs était tenue par l’apprentie qui lui répondit que Francesca avait du s’absenter pour s’occuper de sa mère. Sachant qu’elle n’avait plus ses parents, Pietro comprit qu’elle devait être en fuite avec Louis.

 

– Ah les cons, c’est vraiment pas le moment !

 

Il appela le juge qui fit émettre un mandat de recherche à l’encontre de Jean-Marie Golaz mais malheureusement aussi de Louis. Pietro espérait mettre la main au plus vite sur le commanditaire de la tentative d’assassinat sur la personne de Mme Souby Roux. Il espérait obtenir ainsi les preuves de l’innocence de Louis. Mais l’ évasion de ce dernier ne facilitait pas les choses et il savait très bien que son collègue Musy allait, de son côté, faire rechercher Louis.

 

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Nous roulions depuis cinq heures maintenant avec juste le temps d’une pause-café au milieu des étals de nougats, près de Montélimar. Nous reprîmes l’ autoroute du Sud puis la sortie Bollène. Nous passâmes par Pont St-Esprit, Bagnols-sur –Cèze, Alès, Anduze, Mialet et enfin, alors qu’il faisait presque nuit, quelque part au dessus de St- Etienne Vallée Française, après une route qui n’arrêtait pas de serpenter entre les châtaigniers et les pins, nous atteignîmes un mazet de pierres, rénové mais perdu au bout d’un chemin de terre : nous étions arrivés !

 

– On est où là ?

 

– Chez moi, ou plutôt chez mon oncle maternel qui m’a légué cette bâtisse il y a bientôt dix ans. Surtout, on est dans les Cévennes. Demain, tu verras quand il fera jour. C’est beau c’est paisible, c’est grandiose, c’est le Sud du massif central et surtout c’est complètement paumé ! Mais c’est un endroit où tu es presque obligé de croire en Dieu tellement la nature y est belle et généreuse. C’est d’ailleurs pareil pour mon Valais natal et nos Alpes en général, mais là, on est plus loin de tes emmerdes actuels. En plus, ici, l’histoire et les gens de ce pays, sans t’y forcer, avec leur bon sens terrien, leur foi tranquille et tolérante, t’amènent presque contre ton gré à devenir croyant.

 

– C’est aussi un haut-lieu de résistance : à l’obscurantisme royal et catholique à l’époque de la révocation de l’édit de Nantes et des camisards, au nazisme et au fascisme quand les réfugiés républicains espagnols, les antinazis allemands et d’autres étrangers se sont unis aux maquisards

cévenols pour libérer la région des occupants nazis, et cela, avec très peu d’aide du général de Gaulle et des alliés.

 

Bref, c’est un peu chez moi. C’est mon jardin secret, mon lieu de

paix et de ressourcement. J’y viens au moins une fois par année et

c’est très rare que j’y emmène quelqu’un. J’espère que tu

apprécies ce privilège !

 

– J’ai un peu de peine à me sentir dans une situation privilégiée ces derniers temps, vois-tu, mais je peux en tout cas te dire que je suis très heureux d’être ici et surtout d’être là avec toi.

 

– Dans l’immédiat, fais du feu dans la cheminée pendant que j’enclenche le gaz et l’électricité. Après, tu auras droit à un bain et surtout à la nuit dont tu as du rêver en prison. Je me trompe ?

 

– Pas le moins du monde et j’imagine que tu vas apprécier autant que moi !

 

– Tu l’as dit bouffi…

 

– Bouffi, et puis quoi encore ?! Au concours des rondeurs, je ne suis pas sûr de gagner…

 

Au coin de l’ordinaire chapitre 19

La douce empoignade qui s’ensuivit sera passée sous silence tant il est vrai que l’intimité, la passion et le bonheur retrouvés ne se décrivent pas et ne regardent que ceux qui les vivent : en l’occurrence nous deux.

 

(à suivre)

 

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