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Au coin de l’ordinaire chapitre 16/ L’enquête s’enlise

Huit heures du matin, ce mardi. Ferran était debout depuis cinq heures. Le dimanche, après sa soirée du samedi chez Louis, il était parti se promener en raquettes à neige dans les Préalpes toute proches. Il avait découvert ce sport il y a trois ans et depuis, il ne ratait pas une occasion de s’oxygéner, de cracher ses cigarettes et de profiter du silence et de la paix qu’offraient de tels moments. L’inconvénient cette fois, c’est qu’il avait un rapport d’une ONG à traduire en espagnol et en anglais pour ce lundi à midi. L’ONG en question étant une bonne cliente et faisant fréquemment appel à ses services, il ne voulait pas être en retard, d’où ce réveil très matinal. Le téléphone sonna :

 

– Oui, Ferran, J’écoute.

 

– C’est Pietro. Désolé de te déranger si tôt mais je voulais t’avertir que Louis a été arrêté hier soir.Il est soupçonné d’une agression au marteau sur sa directrice. Elle est entre la vie et la mort à l’hôpital. Est-ce que l’as vu depuis samedi ?

 

– Non, mais tu as essayé chez Francesca ?

 

– Oui, mais c’est elle qui a appelé .Elle devait voir Louis après le travail et s’inquiétait. Elle a appelé la police mais n’a pas pu le voir. Il est au secret jusqu’à la fin de l’enquête.

– Es una tonteria !! Il y a vraiment quelque chose qui cloche. S’il y a un non-violent convaincu c’est bien Louis. Sa directrice était une mégère doublé d’un tyran qui n’avait apparemment pas inventé l’eau chaude à part peut-être celle qui coule dans les veines des assoiffés de pouvoir. Mais de là à la taper avec un marteau, ça n’est pas possible, Pas Louis !!

 

– C’est bien mon avis aussi mais il semble que tout soit contre lui pour le moment.

 

– C’est toi qui as l’enquête ?

 

– Non c’est Musy et ça ne me plaît pas tellement. Ce type est proche des nationalistes et Louis est plutôt connu comme soixante-huitard attardé, peace and love, citoyen du monde et tout le tintouin , en tout cas tout ce qui déplaît aux nationalistes.

 

– Tu ne peux pas t’arranger pour reprendre l’enquête ?

 

– C’est plutôt difficile. Tu sais qu’on m’a remplacé quelques temps à la brigade des mineurs et que j’ai déjà du insister pour avoir l’enquête sur le meurtre de la collègue de Lucie qui était lié aux deux enquêtes que je mène sur deux autres meurtres récents, un ancien légionnaire et un russe qui se faisait passer pour un polonais !

– Tu ne peux même pas le voir ?

 

– Pas sans Musy mais je vais quand même essayer. Je te redirai.

 

– OK. J’avertis Hans et te rappelle ce soir pour avoir des nouvelles.

 

Ferran s’empressa d’avertir Hans et lui donna rendez-vous à midi pour parler de la situation. Il se remit à ses traductions qu’il termina vers onze heures et envoya par courrier électronique à son commanditaire.

 

*****************************************

 

Je me réveillai en sursaut. Je mis un moment à réaliser où j’étais. La cellule était propre et fonctionnelle : un lit, une table rabattable, un tabouret, les toilettes et un lavabo dans un coin. De ma vie, même au service militaire, je ne m’étais jamais réveillé en prison.

 

J’avais passé la soirée à répéter au moins dix fois à cet inspecteur Musy la chronologie des faits qui m’avaient amené ici et n’avais pu faire autre chose que de clamer mon innocence et ma bonne foi mais sans aucune preuve pour les étayer.

Il paraissait évident pour les enquêteurs que j’étais le principal suspect : la femme de ménage m’avait certainement entendu me disputer avec la directrice. Elle m’avait vu tentant de réanimer la Souby-Roux ensanglantée. J’avais attendu les secours et la police dans le bureau. J’étais à ce moment-là couvert de sang et mes empreintes étaient partout.Le seul moyen de me disculper aurait été de trouver le véritable coupable. La seule personne qui aurait pu faire quelque chose était la victime elle-même, mais vu son état j’avais de sérieux doutes qu’elle puisse un jour témoigner et dénoncer son véritable agresseur. J’étais vraiment dans de sales draps ! En plus, je devais être entendu aujourd’hui par le juge d’instruction et n’avais pas la moindre idée quant au choix d’un avocat.

 

J’avais demandé à rencontrer Pietro mais cela m’avait été refusé tant que l’instruction ne serait pas terminée.

 

Dans l’immédiat, je n’avais donc rien à faire que d’espérer que le juge d’instruction serait plus convaincu de ma bonne foi que cet inspecteur ou qu’un événement improbable et miraculeux me disculpe.

 

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Je me réveillai en sursaut. Je mis un moment à réaliser où j’étais. La cellule était propre et fonctionnelle : un lit, une table rabattable, un tabouret, les toilettes et un lavabo dans un coin. De ma vie, même au service militaire, je ne m’étais jamais réveillé en prison.

 

J’avais passé la soirée à répéter au moins dix fois à cet inspecteur Musy la chronologie des faits qui m’avaient amené ici et n’avais pu faire autre chose que de clamer mon innocence et ma bonne foi mais sans aucune preuve pour les étayer.

 

Il paraissait évident pour les enquêteurs que j’étais le principal suspect : la femme de ménage m’avait certainement entendu me disputer avec la directrice. Elle m’avait vu tentant de réanimer la Souby-Roux ensanglantée. J’avais attendu les secours et la police dans le bureau. J’étais à ce moment-là couvert de sang et mes empreintes étaient partout.Le seul moyen de me disculper aurait été de trouver le véritable coupable. La seule personne qui aurait pu faire quelque chose était la victime elle-même, mais vu son état j’avais de sérieux doutes qu’elle puisse un jour témoigner et dénoncer son véritable agresseur. J’étais vraiment dans de sales draps ! En plus, je devais être entendu aujourd’hui par le juge d’instruction et n’avais pas la moindre idée quant au choix d’un avocat.

J’avais demandé à rencontrer Pietro mais cela m’avait été refusé tant que l’instruction ne serait pas terminée.

Dans l’immédiat, je n’avais donc rien à faire que d’espérer que le juge d’instruction serait plus convaincu de ma bonne foi que cet inspecteur ou qu’un événement improbable et miraculeux me disculpe.

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Ferran traversa la place enneigée, fouettée par la bise et s’engouffra dans le café avec un soulagement d’aise. Il était presque midi, Hans ne devrait pas tarder.

 

Hans pestait contre le trafic citadin. Cela faisait maintenant presque dix minutes qu’il tentait de trouver une place de parc.Enfin il aperçut une camionnette qui tentait de s’extraire d’une place devant la poste principale. Il s’empressa de se positionner, presque en même temps qu’une Mercédès dernier cri conduite par un quadragénaire en costume trois pièces.Hans fut le plus rapide , ce qui lui valut une pluie d’insultes et gestes obscènes qui contrastaient particulièrement avec l’aspect distingué du conducteur de la berline allemande. Pressé, Hans n’y prêta qu’une attention distraite et se contenta de sourire au conducteur irascible qui reprenait le fil du trafic tout en maugréant.

 

Au moment où il pénétrait dans le restaurant, les sirènes d’alerte placées sur quelques toits de la ville se mirent à mugir et presque au même moment, les cloches des églises commencèrent à sonner à toute volée.

Il s’assit en face de Ferran .

– Tu sais ce que c’est ?

 

– Pas plus que toi. Mais je trouve ça plutôt inquiétant. D’habitude. Ils annoncent les essais de sirènes. Mais les cloches qui sonnent en même temps, c’est bizarre.

 

Il allait commencer à lui parler de Louis mais s’interrompit avant d’avoir dit le premier mot. Dans le café, plus personne ne parlait et semblait tétanisé par ce concert lugubre que constituait le son mélangé des cloches et des sirènes anti-aériennes. Le patron enclencha la TV et la première image que chacun put reconnaître était une partie du palais fédéral, siège du parlement et du gouvernement suisse, en flammes et entourées d’une forêt de gyrophares bleutés provenant d’une multitude de véhicules des pompiers et de la police.

 

Le commentateur, d’une voix mal assurée, expliquait qu’un kamikaze s’était fait exploser lors d’une visite touristique du palais. Le bilan, impossible à chiffrer dans l’immédiat, s’élevait déjà à plusieurs dizaines de blessés et de morts et un nombre indéterminé de disparus. Parmi les victimes figuraient la presque totalité d’un groupe de touristes, des américains et des anglais pour la plupart, ainsi que quelques parlementaires dont une quinzaine de députés et trois « conseillers aux Etats », ces représentants des cantons appelés aussi sénateurs. Aucun membre du gouvernement fédéral ne figurait parmi les victimes. Leurs bureaux et les sièges de leurs départements respectifs se trouvaient ailleurs, disséminés dans la ville. Les locaux du palais destinés au conseil fédéral lui-même n’étaient

utilisés que pour une partie de leurs séances plénières.

 

Ferran reprit la parole et résuma brièvement la situation de Louis. Hans réfléchit un instant.

 

– De toute façon, ce n’est pas lui ! Louis est un pacifiste jusqu’aux bout des orteils et autant je le vois s’énerver ou pousser à bout ses chefs à coup de remarques ironiques, autant je ne le vois pas lever la main sur qui que ce soit, excepté peut-être sur un adulte qui s’en

prendrait à un enfant.

 

– On est d’accords mais tout ça ne nous dit pas comment le sortir de là. Tout est contre lui et ce n’est pas Louis qui a l’enquête mais un inspecteur proche des milieux nationalistes. Alors, avec les idées de Louis, ça ne l’incitera pas à chercher des preuves de son innocence.

 

– Alors qu’est-ce qu’on peut faire ? Avec cet attentat, toutes les polices du pays vont être mobilisées et l’affaire de Louis risque de traîner encore plus.

 

– On pourrait peut-être faire appel au département de l’instruction publique et de la culture. Les supérieurs de Louis connaissent le bonhomme, son caractère certes anti-autoritaire et parfois farfelu mais indéniablement bon pédagogue et pacifique.

Pietro venait à peine de se remettre de la nouvelle de l’attentat au Palais fédéral et tentait de se replonger dans son enquête. Il se demandait comment il pourrait utiliser les quelques indices, dont la cassette qui ouvrait un possible lien entre l’assassinat de la photographe en Valais et le meurtre du russe. Le résultat des recherches entreprises à partir de toutes les empreintes digitales retrouvées dans l’appartement du russe était décevant : à part les empreintes du russe, deux autres empreintes avaient été relevées. L’une des empreintes appartenaient au concierge que le russe payait pour faire son ménage une fois par semaine. La deuxième était inconnue au bataillon : rien dans les bases de données disponibles, ni même sur celles d’Interpol. Il avait programmé une réactivation de la demande d’identification une fois par jour pendant deux semaines, au cas où.

 

L’arrestation de Louis le préoccupait aussi. Il était convaincu que ce dernier n’était pour rien dans le meurtre de sa directrice, mais tout était contre lui y compris et surtout son collègue chargé de l’enquête, relativement content d’avoir un « prof gauchiste » comme coupable potentiel.

 

Pietro venait à peine de se remettre de la nouvelle de l’attentat au Palais fédéral et tentait de se replonger dans son enquête. Il se demandait comment il pourrait utiliser les quelques indices, dont la cassette qui ouvrait un possible lien entre l’assassinat de la photographe en Valais et le meurtre du russe. Le résultat des recherches entreprises à partir de toutes les empreintes digitales retrouvées

dans l’appartement du russe était décevant : à part les empreintes du russe, deux autres empreintes avaient été relevées. L’une des empreintes appartenaient au concierge que le russe payait pour faire son ménage une fois par semaine. La deuxième était inconnue au bataillon : rien dans les bases de données disponibles, ni même sur celles d’Interpol. Il avait programmé une réactivation de la demande d’identification une fois par jour pendant deux semaines, au cas où.

 

L’arrestation de Louis le préoccupait aussi. Il était convaincu que ce dernier n’était pour rien dans le meurtre de sa directrice, mais tout était contre lui y compris et surtout son collègue chargé de l’enquête, relativement content d’avoir un « prof gauchiste » comme coupable potentiel

– Pas trop, mais on peut quand même aller se tirer un café et prendre 5 minutes.

 

– Attends, tu écoutais quoi, là ?

 

– Une cassette liée à une enquête sur un meurtre . Mais je n’ai pas le droit de t’en parler.

 

– Oui d’accord, mais moi j’ai déjà entendu cette voix.

 

– Laquelle ? celle sans accent ou celle avec.

– Repasse un coup ce que tu écoutais quand je suis entré

 

– Alors ?

 

– Celle du type à l’accent de chez nous si j’ose dire chez nous malgré mes origines…

 

– C’est qui alors ? !

 

– Attends. Je te dis que je l’ai déjà entendu, mais où ?… C’était il n’y a pas très longtemps…

 

– Allez, fais un effort !

 

– Laisse mes synapses travailler en paix un moment. J’ai beau avoir un look de girafe, je n’ai pas forcément une mémoire d’éléphant… Voilà, je me rappelle : c’est le type dans l’agence immobilière. Pas le patron, l’autre, le comptable, l’associé ou je ne sais quoi, enfin bref le type qui était avec ce mec qui a un nom de fromage . Ils voulaient me faire traduire en italien et en espagnol un pamphlet contre l’invasion musulmane de la Suisse.

 

– T’es sûr ?

– Oui ! Il n’y a pas de doute. Ce genre de mec qui essaie de « francilloner » comme vous dites, de parler pointu alors qu’il est bien de chez nous, et cette voix légèrement éraillée, ça doit bien être ça. Une voix comme ça, on n’oublie pas, d’autant plus qu’il m’a dit que ça ne l’étonnait pas que je refuse leur traduction et que l’Espagne c’était n’importe quoi depuis que Franco n’était plus là. Je lui ai juste répondu que Franco était bien là où il était , probablement en train de griller en enfer avec ses copains Hitler, Mussolini, Staline et quelques autres joyeux drilles du même genre.

 

Le téléphone sonna à cet instant. Pietro décrocha.

 

– Quoi ?!…. Ce n’est pas vrai ! pas maintenant ?!….. Bon , je viens.

 

– On se rappelle ce soir ou demain Ferran, je dois y aller tout de suite. On est tous « réquisitionnés » par la confédération à cause l’attentat. Ils ont décidé de faire des descentes dans tous les centres islamiques et mosquées de Suisse, menées par des équipes mixtes des différentes polices cantonales, avec perquisitions et tout le bazar suite à l’attentat qui a été revendiqué par la « branche Al Quaeda d’Europe Occidentale » qui veut punir la Suisse suite à l’interdiction des minarets voté il y a quelques années et pour la récente expulsion de trois imams intégristes.

– Je n’aime pas beaucoup ça et j’ai l’impression qu’on est en train de faire une immense connerie mais ce sont les ordres… pour le moment.

– Et Louis ?

 

– Plus tard Ferran, plus tard. Je n’ai pas le temps maintenant, je dois partir pour Berne avec 2 collègues d’ici 30 minutes. Je te donne des nouvelles dès que je peux. Allez, salut.

 

 

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Comme prévu par Pietro, les descentes de police et les perquisitions effectuées dans tout le pays ne donnèrent aucun résultat si ce n’est d’augmenter à la fois la xénophobie et l’islamophobie d’une partie de la population et la rancœur des musulmans innocents. Pietro n’avait pas eu le temps de souffler : il travaillait de 10 à 15 heures par jour, surtout de nuit et avec la vague promesse d’une compensation en vacances, un jour peut-être…

 

Avec ses collègues, il avait du effectuer une quantité de fouilles de locaux des différentes associations musulmanes et procéder à l’audition de personnes dont il savait pertinemment qu’elles n’avaient rien à se reprocher si ce n’est d’appartenir à une religion voire à une ethnie considérée comme potentiellement suspecte !

Sa sœur était absente pour un stage de perfectionnement. Lucie séjournait encore en maison de repos pour quelques jours. Il avait donc demandé à Ferran d’assurer une présence chez lui afin de ne pas laisser les enfants seuls pendant ces 5 jours où il avait été « réquisitionné ». Et cela, même si Aline commençait à avoir l’âge, à 14 ans, d’assumer quelques responsabilités et de surveiller les plus jeunes. Mais il était plus tranquille d’avoir un adulte sur place. Avec tout ce qu’il avait vécu et les horaires de fou qu’on lui demandait ces temps, il préférait se libérer l’esprit de ces soucis familiaux.

 

Si on lui avait dit, il y a quelques années, qu’il se lierait d’amitié avec un libertaire comme Ferran, il n’y aurait jamais cru. D’ailleurs, se dit-il, ce doit être la même chose pour Ferran : lui qui a toujours fui tout ce qui représentait l’autorité ou portait un uniforme, il devait trouver assez comique de se retrouver à garder les enfants d’un policier, de surcroît son ami ! « Tu as de la chance que je t’aime bien « lui avait dit Ferran qui avait vite compris que les actions policières en cours n’étaient là que pour faire mousser quelques politiciens en mal de publicité. Pour ma part, avait-il dit à Pietro, j’enverrais tous les fanatiques et ceux qui les paient sur une île déserte, mais quand je dis tous les fanatiques, c’est bien tous ces enfoirés quels qu’ils soient, autant les islamistes que les cathos et les évangéliques intégristes, les colons juifs orthodoxes qui prennent les terres des palestiniens et empêchent la paix, les racistes du klu klux klan ou du front national et certainement d’autres nuisibles du même genre que j’ai oubliés. On les laisserait seuls, avec de quoi cultiver les terres mais sans aucune arme ni moyen de s’en aller. Et s’ils veulent s’entretuer à coup de poings, nous les laisserions faire loin du monde et des gens qui aiment la vie.

Pietro n’avait, au fond, pas trouvé l’idée si bête et encore moins ces jours.

 

Après 5 jours, les perquisitions et les auditions de « suspects potentiels » se terminaient. Plus que quelques heures et il pourrait rentrer chez lui.

 

Dès la fin de ses deux jours de congé, il pourrait aussi reprendre l’enquête, une vraie celle-là, et pas les gesticulations maladroites qui se terminaient ces jours. Celles-ci avaient été ordonnées par des politiciens dont le seul but était de montrer qu’ils faisaient quelque chose contre le terrorisme, peu importe que ce soit efficace ou que cela ait un sens, pourvu que ça se voit !!

 

Avec son équipe composée d’inspecteurs des différentes polices cantonales, il leur restait encore le siège d’une association islamique de la région de Neuchâtel à visiter.

 

(à suivre )

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