Créé le: 24.08.2021
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Apparition

Contes, Fantastique, Poème en prose

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© 2021-2024 Peter Pumpkin

© 2021-2024 Peter Pumpkin

Un texte très court, qui vous fera peut-être froid dans le dos, ou alors réfléchir ? Qui sait? Mais je ne veux pas vous raconter son contenu ici...
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Je logeais dans une maison qui était vieille plutôt qu’ancienne. Elle rappelait ces meubles défraîchis que l’on voit chez les brocanteurs, auxquels le temps n’a apporté aucune grâce ; et elle avait aussi cette caractéristique étrange, de n’avoir aucune atmosphère particulière. Je suis peut-être particulièrement sensible à ce que l’on nomme ainsi, faute de pouvoir définir exactement ce dont il s’agit. Les bons ou les mauvais souvenirs me reviennent selon les lieux où je me trouve; ou plutôt, les événements passés se trouvent éclairés d’une lumière qui n’en fait ressortir que certains aspects, de sorte que les mêmes souvenirs m’apparaissent, selon le moment et le lieu, en couleurs pastel ou en grisaille – parfois plongés dans le noir le plus profond. Et il m’arrive ainsi dans la même journée de n’avoir que de bons ou que de mauvais souvenirs, de considérer que ma vie a été dans l’ensemble heureuse ou au contraire irrémédiablement gâchée, et d’une tristesse indicible.

 

Dans cette maison il ne se produisait, il ne pouvait se produire rien de tel. On ne s’y sentait ni bien ni mal ; elle n’inclinait pas davantage à la rêverie qu’à la dépression. Ce n’était rien de plus qu’une habitation. Et c’est là, pourtant, que je fus pour la première fois – et, je l’espère de tout cœur, la dernière – confronté à un phénomène surnaturel.

 

Je lisais dans le salon. Le fauteuil qui se trouvait en face du mien était vide. Cela, j’en suis absolument certain ; j’étais seul dans la maison. Or, sur ce fauteuil je vis se former une ombre ; puis quelque chose comme un brouillard, qui prenait une forme humaine. L’apparition était encore incertaine lorsqu’elle se mit à parler. Et voici quelles furent ses paroles :

 

« Je ne suis pas entièrement mort parce que je n’ai jamais entièrement vécu. Je n’ai pu accepter de mourir parce que je n’avais pas accepté de vivre. Je n’ai fait ni le bien ni le mal; et maintenant je ne peux plus rien faire ».

 

La chose disparut. Et je compris alors que cette vieille demeure qui n’avait connu ni joie ni drame, ni déception ni espérance, portait en elle, comme cette âme vouée au regret éternel, un malheur plus profond que l’on ne pouvait imaginer.

 

 

Commentaires (1)

Suzy Dryden
31.03.2024

Merci pour ce texte sensible qui évoque le mystère et en même temps très rassurant…pour moi. J’aime ces voix qui viennent nous éclairer nous raconter leurs histoires.. Cela me donne l’élan d’en écrire une d’ailleurs… et de « voir » cette maison…

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