Créé le: 17.11.2015
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Dans l’usure

Billet d'humeur, Notre société

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© 2015-2024 Aydan

Elle me craquelle, elle s'insinue. Elle est perfide, elle nous tue...
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J’ai grandi en elle, je ne la connais que trop. Elle ne m’a pas apporté que du mauvais, la violence. Elle m’a appris la compassion, l’empathie, la souffrance de l’autre.

 

Je me revois petit, à peine 6 ans, pleurant devant mon écran en regardant la petite Omaira Sanchez dans sa longue agonie. Cette petite qui avait subi 3 jours et 3 nuits de calvaire en Colombie et qui, suite à l’éruption d’un volcan, s’était retrouvée attrapée dans un piège d’eau boueuse et de blocs de béton. Les secours ont lutté mais n’ont rien pu faire…
Et je demandais désespéramment à ma mère “Pourquoi”, mes petits yeux remplis de larmes. Je pense que c’est ce jour-là qui a bouleversé ma vie à tout jamais. C’est ce jour-là qu’il est né en moi. Cet inévitable sentiment de douleur quand l’humanité a mal.

 

Certains peut-être se sont dit à l’égard de mon écriture qu’elle était sombre, très sombre. Violente. Certes, ils ont raison. Je préfère des milliers de fois cracher la Violence de par ma plume plutôt que de la voir, au quotidien, assombrir ce monde. C’est comme si j’essayais de l’exorciser ! Si seulement…

 

Ce soir, j’ai été ému par le discours d’un des lauréats. Cette charmante Dame a transmis, en quelques mots, ce que j’appelle “l’intelligence du cœur”. Et putain ! (oui c’est vulgaire, je m’en fous !) Qu’est-ce que ça fait du bien à entendre !!!

Cela fait du bien parce que je suis dans l’usure. L’usure de tant de mépris de la vie.

 

L’usure de tant de larmes, de cris, de meurtrissures. J’en peux plus de ce monde ! Je vomis tous ces fous d’un pseudo “Dieu” (pseudo parce que je ne sais pas vous mais, personnellement, je n’ai jamais perçu un quelconque signe de lui) de je ne sais quelle religion (peu m’importe) et qui se sentent investis de la pire des missions : TUER.

 

Je suis usé de voir les photos des réseaux sociaux se parer au couleur d’un seul drapeau alors que cela fait des années que les pires atrocités se déroulent au quotidien sur terre et que tout le monde s’en fout royalement ! Comprenez-moi bien, j’en ai eu la nausée, l’âme brisée en mille morceaux lorsque j’ai vécu “en live” les attentats de ce vendredi dernier.
Mais bon sang ! Qui pleure les enfants, les femmes, les hommes, sur les autres continents du monde ??? Qui pleure les milliers de morts en Syrie, en Érythrée ? Qui pleure la famine ? Qui pleure la pauvreté extrême ? Qui pleure les femmes mortes sous les coups de leurs maris ? Où sont les “statuts” et les photos de fonds de profils qui dénoncent tout cela ???

 

Deux jours avant les attentats de Paris, il y a eu ceux au Liban… Qui a mis leur drapeau ? Qui ose dénoncer ce que subissent actuellement les Palestiniens aux mains des Sionistes ? (Non, je n’ai pas dit Juifs ou Israéliens. Je sais faire la différence entre ceux qui respectent la vie et les autres.)

 

Tiens ! En parlant de différences… Qui s’est indigné pour ce pauvre homme qui, par le simple fait d’être musulman, c’est fait démonter le crâne par un groupe d’extrême droite lors d’une manifestation, hier, dans le nord de la France ? Personne ? Non. Un musulman n’est pas un islamiste radical, pas plus qu’un terroriste d’ailleurs.

 

Je suis fatigué d’autant d’hypocrisie… Usé. Non, il n’y a pas une conscience française, suisse, espagnole, chinoise, etc… (je ne vais pas me les faire tous !) Mais il existe une conscience HUMAINE. Une conscience de l’autre. Une conscience de sa souffrance. Une conscience “miroir”.

 

Le monde actuel reste hermétique à cela. Tant que c’est loin ? Pas grave ! Pas concerné ! C’est des arabes ? “Pas grave ! Qu’ils se tuent entre eux, il y en aura moins !” (commentaire véridique que j’ai lu sur le web de la TDG.) Bande de sous-merdes !!! (Oui gros mot ! Vilain pas beau !!!)

 

Il serait tellement facile de tomber dans la haine aussi. La haine de tous ces imbéciles. La haine de tous ces nombrilistes. Beaucoup trop facile ! Je préfère m’armer de mes mots et tenter tant bien que mal de remuer la bouse afin que tout le monde respire son odeur…
Car ça demande beaucoup plus de courage et d’énergie d’humaniser que de déshumaniser.

 

Nous sommes TOUS responsables. Lorsque le malheur frappe, j’en ai rien à cirer de la nationalité des gens tombés. Je ne vois que des vies parties bien trop tôt. Des femmes, des enfants, des hommes qui respiraient comme vous et moi, qui souriaient comme vous et moi, qui aimaient comme vous et moi. Et leur sang qui abreuve effroyablement notre Terre Mère est rouge, comme vous et moi.

 

Oui, je suis dans l’usure. Ce soir, avec ma femme que j’aime de tout mon être, je me suis arrêté devant les Bastions afin d’allumer une bougie. Non pas QUE pour les victimes de Paris mais pour tous ceux qui sont tombés, qui tombent et qui tomberont, jour après jour.

 

© 2015, Aydan

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