Créé le: 07.12.2012
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Depuis toujours, je l’attendais.

Amour

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© 2012-2024 Aydan

Sous une lumière tamisée

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Que la vie est triste sans le verbe aimer. Que la soif d'une tendresse partagée est douloureuse tant elle se fait désirer. Que le ciel, bien qu'ensoleillé, paraît morne et terne si l'on est seul à le contempler. Et puis... Tu es arrivée.
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Elle dort. Tout près de moi, je la contemple comme un enfant qui découvre le monde. Mon monde, c’est ce qu’elle est. Je regarde la couverture qui recouvre ses épaules et qui valse sur le tempo de sa paisible respiration. Tout petit corps emmitouflé et endormi qui recherche la douceur et la chaleur tandis que le froid, à l’extérieur, prend pleine possession de la nuit.

 

Lorsqu’elle rêve, sa bouche esquisse un léger pincement et vient à dessiner un rose palpitant. Cruel dilemme que celui de cet instant. Celui de lui voler un baiser au risque de la réveiller.
Ô combien je voudrais être le maître de ses songes afin de lui offrir, nuit après nuit, les plus belles déclinaisons de mon amour. La faire voyager dans les endroits les plus merveilleux et magiques de cette terre et immortaliser ces moments-là sur les toiles de sa mémoire.
Lui faire découvrir que même si nous sommes que deux petits grains de sable face à l’univers, ce dernier est bien petit et ridicule face au bonheur d’être avec elle.

 

J’envie la lune qui me prive durant toutes ces heures de ses sourires. Les étoiles qui me volent les éclats de miel de ses yeux verts. Et cette nuit noire qui dresse un voile sombre sur mon regard créant le flou sur ses courbes si parfaites.

 

Elle dort. Tout près de moi. Et pour rien au monde je n’échangerais ce trésor. Cet instant, ce privilège qu’elle m’a offert, en même temps que son cœur, et qui me comble comme jamais auparavant.
Elle s’abandonne à Morphée, fragile, et même si je suis encore éveillé, c’est moi le plus heureux des hommes.

Histoire d’une gare

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Combien de gens se croisent dans le labyrinthe d’une gare ? Combien de personnes, telles de petites fourmis voyageuses d’une vie, s’effleurent dans l’indifférence totale ?Pourtant, j’ai su que c’était elle. Dès le premier souffle, dès le premier regard. Paraît-il qu’avant notre mort, nous revoyons le film de notre vie en accéléré. Moi, tandis que mes doigts tremblants touchaient sa peau pour la première fois, j’ai vu s’écrire le long-métrage de mon futur avec elle pour héroïne.

 

J’étais seul au monde. Aveuglé par cette femme que je ne connaissais pas mais qui, pourtant, me semblait si familière. Elle était mon évidence. Celle avec qui je voulais tout partager. Celle que j’avais créé dans mon monde imaginaire d’enfant, ma princesse.
Je me suis découvert timide, maladroit, fébrile avec pour seule envie, celle de me cacher ! Alors j’ai fait ce que je fais toujours, j’ai joué la carte de l’assurance, à la cool quoi. J’ai bien joué le jeu.

 

Elle a foncé vers moi si pétillante, si pleine de vie ! Elle m’a joliment mis le cœur à l’envers et ce fût le plus magnifique foutoir de ma vie. Dès lors, à chaque fois qu’il m’est donné de traverser cette gare, je me dis que ces murs ont été les auteurs d’un roman d’amour. Mon roman.
Celui de cette femme et de cet homme, qui par une chaude fin d’après-midi de juillet, ont unis leur existence devant un magasin de fleurs en plein milieu de la gare Cornavin. Et finalement, quoi de mieux que cet endroit pour entamer ce grand et surprenant voyage, celui de l’amour.

La femme-enfant

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Être adulte, responsable, et tout ce qui en découle. Voilà bien des choses qui sont fort nécessaires mais qui finissent par tuer l’enfant qui est en nous. Qu’en est-il advenu de toute cette féerie ? Ces petits détails si anodins pour les grands mais qui pouvaient complètement enchanter les journées d’un enfant.
Le temps passe et nous oublions. Le temps passe et la magie avec.

 

Elle, elle a su préserver ce bijou. Elle mène sa vie d’adulte en cohabitation avec la petite fille qui sommeille dans son cœur. Lorsqu’elle a envie de quelque chose, elle fait les yeux ronds. Son visage décline une toute petite moue et me regarde ainsi en sachant pertinemment que je vais craquer. Cette vision provoque en moi des rires et je me demande comment se fait-il qu’elle puisse être aussi touchante.

 

A mes yeux, rien n’est plus sincère que le rire d’un enfant. Et cette femme, quand elle rit aux éclats, elle rit avec son cœur, avec son âme, sans nulle gêne ni pudeur. Elle se donne entièrement, honnêtement. Elle s’en fout des “qu’en dira-t-on” ! Elle rit, elle vit. C’est pareil quand elle pleure. Je ne peux le supporter. Les rares fois où je l’ai vue ainsi perdue, comme une petite fille à qui l’on aurait arraché son doudou, inconsolable, j’aurais voulu me transformer en clown, en arc-en-ciel, en sachet de bonbons.

 

Tantôt femme adulte, tantôt femme-enfant qui m’apporte la magie de ces moments d’antan.

La femme fatale

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Elle est incroyablement belle. Pas une beauté plastique, surfaite et froide. Non. Elle a ce côté ravissant, chaleureux. Elle séduit par sa simplicité, sa joie, ses yeux en demi-lune qui pétillent comme des étoiles par une belle nuit d’été.

 

Elle n’est pas une victime de la mode mais elle aime prendre soin d’elle, coquette jusqu’au bout des doigts. Quand elle se maquille, elle ne fait que nuancer d’avantage ses charmes. Tout en douceur, tout en finesse, elle contourne systématiquement l’effet plâtré que l’on retrouve sur beaucoup de jeunes femmes en ce moment et que je trouve tellement exagéré, tellement surjoué.

 

J’aime son corps. Une taille fine, des courbes voluptueuses, elle a, à mon sens, ce que doit avoir une femme. Elle n’est pas taillée dans ces moules qui inondent les passerelles de mode et qui se contentent d’une feuille de salade et d’un verre d’eau pour rentrer dans leurs robes taille enfant. Elles ont l’air malades, pâles, malheureuses.

 

J’ai la nostalgie des années 30-40. Ces magnifiques corps à la Rita Hayworth, à la Greta Garbo, à la Gene Tierney. Elle est comme ça elle. Elle fait partie de ces corps qui me font rêver. De cette grâce si féminine mais tellement forte et bien bâtie. J’admire ces femmes qui donnaient l’impression de tout pouvoir porter sur elles et qui limite étaient encore bien plus désirables ainsi que nues.
Oui. Elle fait partie de cette caste-là. De celle qui rend les joues roses, qui fait perdre mes moyens, qui fiche par terre toute assurance. Une femme fatale.

 

Depuis toujours, je l’attendais.

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Je l’ai reconnue. C’était elle, pas une autre. Je pense que l’on sait vraiment quand on aime autant les défauts que les qualités. Quand ces petits détails qui nous agacent tant chez les autres, chez elle, ils nous font rire. Quand l’avenir qui nous semblait jusqu’à présent si paumé, d’un coup nous semble comme une évidence. Quand on a plus peur de rien.

Je me suis vu avec elle, enfant, assis sur un banc et lui donnant mon goûter. C’était elle que j’espérais pour un premier baiser. Encore elle toutes les danses romantiques que j’ai tant rêvé. Toujours elle que j’aperçois en robe de mariée. Puis, un matin, on se réveille et on la voit là, étendue à la lumière de l’aube naissante. On se dit qu’on aimerait qu’un de ces quatre, un tout petit bout d’elle vienne combler nos vies.

 

Pourquoi moi ? Pourquoi m’a-t-elle choisi ? Peut-être ai-je quelque chose de spécial, quelque chose que les autres n’ont pas, quelque chose qu’elle est la seule à voir. Je me pose cette question de temps en temps et puis je me dis que si elle est présente, finalement, c’est que l’amour a fait son oeuvre.

 

Bien des torrents de boue ont traversé ma vie et pendant fort longtemps, j’ai été le seul capitaine de mon navire. Les quelques moments d’éclaircies ont été savourés à fleur de solitude, à soif de cœur. Et puis, tu es arrivée. Remplissant mon existence de lumière, mon âme d’espérance. Une douce couverture à mes jours si froids et je me suis dit, à mon grand étonnement, que depuis toujours, je l’attendais.

 

© 2012, Aydan

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