Parfois, on se sent devenir volcan, on se sent bouillir, jusqu'à l'explosion, l'éruption.
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VESUVIO

Dans les remous du silence, dans le cratère muré protégé des stridences du soleil

je sens une pression

Imperceptible

qui monte.

Je parle un langage tectonique

qui trouve sa source dans le grand tremblement de terre et de feu.

Dans les remous du silence, dans la vallée de lune, comme de longs

tremblements de gong, là où courent les fumerolles

dans la crypte illuminée

dans la fumée des pensées

j’attends mon heure.

Dans les remous du silence, la fusion du ventre de la Terre

qui se mêle à la lave brûlante

dans un séisme de paix profonde

Je plaque mon corps en mouvement

sur ton corps lentement.

Dans les remous du silence, une déflagration d’aurore

un chant bouillonnant, sifflant.

Je m’éveille

gentiment

dans l’écartèlement des lignes.

Dans les remous du silence, je gronde en sourdine et l’œil lentement s’ouvre après

des années de sommeil,

tout recommence dans les ruines à peine visibles

d’une ville

comme si un peuple confondu à la terre, rampait sans voix.

Dans les remous du silence, dans les mots exhumés du passé,

Pline le Jeune , visage crispé dans l’éclair

raconte le ciel incandescent

qui saigne

Et sorti de la montagne le nuage

que j’ai expiré à peine né.

Dans les remous du silence, dégoulinant, j’écris

sur le sol le chemin à suivre.

Je recouvre de chaleur,

ébloui dans la nuit trouée par le volcan de l’aube,

des cratères déserts

Dans les remous du silence, le réveil de la terre

Séisme puissant

j’accouche enfin ma colère, j’explose

et me libère

La lumière s’efface sous les ténèbres

le soleil broyé disparaîtSoudain

Loin, très loin des remous du silence , dans un lit de braise

de nuées ardentes

je pleure mes cendres

et la lave cingle le flanc de la montagne

blessée fissurée

Puis tout cesse.

Je n’ai plus rien à dire, plus rien à cracher,

la colère est passée

alors

les nuages se dérobent, se déplient pour renaître à la vie.