Poème en prose, quand je repense au sud. Les séjours ne furent pas innombrables. Les souvenirs semblent l’être pourtant.
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Vagues retours du souvenir des vagues
Sur la côte ligurienne, constance des falaises dans l’esprit mûri. Puis au cinéma, la frontière passée, le sud de la France, ère promise. Poursuivi, par l’Espagne, jusqu’à Valence, Alicante puis plus loin, beaucoup plus loin, novembre au chaud, l’Andalousie, j’ai marché près des vagues, pierres mouvantes et sables persistants. Toujours une dernière fois, Albufeira. Le regard portait, luisants morceaux d’avenir, vers cette colline qui surgit de partout. Je devais y revenir. Nous avons hésité. L’entente ne fut jamais parfaite. La voiture redémarre dans le film. La mer parle à beaucoup d’entre nous restés silencieux devant elle. Ce n’est plus l’heure de partir.
Un discours azuréens en soi, qui souvent revient. Une promesse inattendue, des hauteurs inaccomplies. L’arrière-pays niçois ne m’aurait pas pris pour cible, je le comprends en chacun de mes refuges. Il eût été question. Rien n’est à refaire. Je suis celui-là qui se perd, peu importe le siècle. Un hôtel, réticences des persiennes, jusqu’à Carpentras, la nuit. Arles hurlait l’envie des retours tranquilles, les noms, les lignes, les roches, les vignes. La route en embuscade, longiligne, interminable, Milan-San Remo, cœurs d’enfants, volonté d’épanouissement. Des histoires, des artistes, le glorieux père de Pagnol. A un virage près, j’étais sur les lieux de l’affaire Dominici. Me suis sentis en danger. Des histoires de marchés, de piscine, crimes et lieux d’amour, pour un temps. Espaces de retour, espoirs en partance. Au loin les collines rouges, et le soir, un tour à deux, dans les secrets coutumiers d’un vallon que creusent l’amour et l’ombre réunis. Enfin.
Des faits encore, un accident sur l’autoroute, près d’Orange, un athlète, aux derniers jours de 1976. Une même histoire en Oregon, l’année d’avant. Violence dans l’esprit de Vincent, universalité de son œuvre. Commentaires sur sa nuit. Tête reposée avant que les mots ne fuient, un souvenir à Mogador un autre à San Miguel. Et je n’y ai rien vécu. Le matin était celui d’hier pour le lendemain. Le bitume, le sable, les aires de repos, la tranquillité pour plaisir. Qui choisirais-je ? Qui aurais-je choisi ? Le choix de se donner les possibilités d’un ancrage dans le temps. Ventoux, défilant, Ste-Victoire à revoir, « un de Beaumugnes », les dimanches soir d’enfance à la télévision. D’autres parlant de ce que furent pour eux ces chemins, ces attentes et cette mythologie du départ. Le soleil brise le silence et emmure les rêves. Un musée visité calmement à l’heure de midi dans les blancheurs de l’âme, soif achevée de culture. Des noms, des noms, leurs couleurs intérieures, une ville après l’autre, mes années réapparues. Tubes de l’été, « il voyage en solitaire ». Réminiscence perpétuelle de l’année d’après. Demeuré loin de la mer, avec, revenue l’image des alpes au loin, maritimes, italiennes, hivernales. Centre et sud de l’Europe. Parlant de Gordes, il ignorait la diversité des destins. Ce qu’il faut absolument visiter, c’est son avenir en reste, du reste. J’y suis.
M’étais-je promis ? L’avaient-elles fait aussi ? Nous courions sur les rochers. Jolies bagarres, vers les pins. Cette plage infinie. Parlais peu, ne pensais plus. Marchant avec les vagues, jouant avec le sort, l’avant, l’après, les certitudes fleuries d’une espèce disparue. La mienne lors de cet épisode sans retour. Recueillement des sens. Cruauté aussi du langage. Dire que l’arbre ne ressentirait par sa misère, qu’il n’aurait pas la faculté d’en prendre conscience, est vain. Pour l’arbre et pour l’homme.
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